Indonésie: une Philippine condamnée à mort qualifie de "miracle" son rapatriement prévu
Une Philippine condamnée à mort en Indonésie pour trafic de drogue a déclaré vendredi à l'AFP depuis sa prison que son rapatriement prévu était un "miracle", dans son premier entretien après un accord signé la semaine dernière entre Manille et Jakarta.
"C'est un miracle parce que, honnêtement, même maintenant, cela ressemble toujours à un rêve. Chaque matin, quand je me réveille, je pense à mes aspirations, aspirations pour lesquelles je n'ai jamais eu de certitude", a déclaré Mary Jane Veloso depuis sa prison pour femmes de Yogyakarta, sur l'île de Java.
"C'est pourquoi j'ai toujours prié Dieu. +Seigneur, je ne demande qu'une seule chance de rentrer chez moi et d'être avec ma famille+. Et Dieu a répondu à cette prière", a-t-elle ajouté.
Mary Jane Veloso, mère de deux enfants, arrêtée en Indonésie en 2010 alors qu'elle transportait dans sa valise 2,6 kilogrammes d'héroïne, a été condamnée à mort en 2010.
En 2015, le gouvernement philippin avait obtenu un sursis de dernière minute pour éviter son exécution, après qu'une femme soupçonnée de l'avoir recrutée a été arrêtée et jugée pour trafic d'êtres humains.
La condamnation de Mme Veloso avait déclenché un tollé aux Philippines, sa famille et ses partisans affirmant qu'elle était innocente et qu'elle avait été la victime d'un réseau international de trafic de drogue.
Après un accord de principe donné par le président indonésien Prabowo Subianto en novembre, un accord "pratique" a été conclu la semaine dernière entre Jakarta et Manille.
Yusril Ihza Mahendra, ministre indonésien en charge des Affaires juridiques et des droits humains, avait alors indiqué avoir pour "objectif" que le rapatriement de Mme Veloso "puisse être réalisé avant Noël, peut-être vers le 20 décembre".
L'Indonésie respectera la décision du gouvernement philippin si Manille décide d'accorder sa grâce à Veloso, avait ajouté M. Yusril.
"Une fois transférée dans le pays, elle purgera sa peine conformément, comme convenu, aux lois et réglementations philippines en matière pénale", avait ajouté de son côté le sous-secrétaire du ministère philippin de la Justice, Raul Vasquez.
- "Sentiments de bonheur" -
La mère de famille rêve désormais de retrouver les siens après 14 ans de prison dans une affaire qui a eu beaucoup de retentissement dans son pays.
"Depuis que j'ai appris la nouvelle, mes sentiments (...) penchaient davantage vers le bonheur. Parce qu'après presque 15 ans, c'est ce que j'attends... Je peux rentrer chez moi dans mon pays", a encore déclaré Mme Veloso à une journaliste de l'AFP.
"Je dois me préparer mentalement pour affronter tout cela. Que ce soit pour affronter ma famille, pour affronter tout le monde. Et physiquement, je dois aussi être en bonne santé", a-t-elle encore confié.
Un responsable du ministère indonésien de la coordination du droit, des Droits de l'homme, de l'immigration et des services pénitentiaires a indiqué à l'AFP que le gouvernement était "toujours en train de tout préparer" pour son transfèrement.
L'Indonésie où la législation antidrogue est l'une des plus sévères du monde, compte actuellement au moins 530 condamnés dans le couloir de la mort, selon l'association de défense des droits Kontras, citant des données officielles.
Parmi eux l'on compte 96 étrangers, dont deux femmes, selon le ministère de l'Immigration et des services correctionnels.
Parmi les condamnés à mort se trouve le Français Serge Atlaoui, 60 ans, pour qui, selon Jakarta, la France a demandé récemment le rapatriement.
Une rencontre était programmée vendredi entre M. Yusril et l'ambassadeur de France en Indonésie, Fabien Penone, mais elle a été annulée, a indiqué M. Yusril à l'AFP, expliquant qu'il devait se rendre à une réunion du gouvernement.
L'Indonésie est également en discussions avec l'Australie en vue du rapatriement de cinq Australiens, membres des "Bali 9", arrêtés sur l'île touristique en 2005 pour trafic de drogue et condamnés à de lourdes peines de prison.
Les dernières exécutions capitales en Indonésie remontent à 2016: un Indonésien et trois Nigérians, condamnés pour trafic de drogue, avaient été fusillés.
M.Aguilar--LGdM