Journaliste de la BBC arrêté et battu: Londres intime à Pékin de respecter les libertés
Le Royaume-Uni a vivement protesté lundi après l'arrestation et les violences policières subies selon la BBC par un des ses journalistes qui couvrait les manifestations historiques contre la politique draconienne "zéro Covid" en Chine, un nouvel incident dans un contexte tendu entre Londres et Pékin.
La BBC a affirmé dimanche soir que son journaliste Ed Lawrence avait été "arrêté et menotté pendant qu'il couvrait les manifestations à Shanghai". Selon un porte-parole du géant audiovisuel britannique, "il a été battu et frappé par la police" avant d'être relâché.
"La liberté de la presse et la liberté de manifester doivent être respectées", "aucun pays n'est exempté", a réagi le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly.
Qualifiant sur Twitter l'arrestation d'Ed Lawrence de "profondément inquiétante", le chef de la diplomatie britannique a souligné que "les journalistes doivent pouvoir faire leur travail sans intimidations".
Déclenchée par la mobilisation contre les confinements et les restrictions imposées par les autorités pour lutter contre l'épidémie de coronavirus, la colère qui gronde en Chine semble inédite depuis les manifestations pro-démocratie réprimées dans le sang en 1989.
- "Pour son propre bien" -
Cet incident intervient dans un contexte tendu entre Pékin et Londres, sur fond de vives critiques du Royaume-Uni notamment sur la reprise en main de Hong Kong par la Chine et d'incidents récents sur le sol britannique.
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak doit prononcer lundi soir son premier discours majeur de politique étrangère, et faire valoir que le Royaume-Uni doit défendre plus fortement ses valeurs de liberté et d'ouverture, en particulier face à la Chine et la Russie.
Jugeant "choquante et inacceptable" cette arrestation, le porte-parole du chef du gouvernement a exhorté Pékin à respecter la liberté de la presse et le droit de manifester. "Mais ça ne signifie pas que nous ne chercherons pas à avoir des relations constructives avec la Chine sur les autres questions" comme la lutte contre le réchauffement climatique ou l'économie, a-t-il dit.
La BBC a expliqué qu'elle n'avait eu "aucune explication ou excuse officielle des autorités chinoises, au-delà d'une affirmation des fonctionnaires, qui l'ont ensuite libéré, qu'ils l'avaient arrêté pour son propre bien au cas où il aurait attrapé le Covid (au milieu) de la foule". "Nous ne considérons pas cela comme une explication crédible."
"Au moins un ressortissant (chinois) a été arrêté après avoir tenté d'empêcher la police de me battre", a tweeté lundi M. Lawrence.
- "Basé sur les faits" -
Pékin a assuré lundi que M. Lawrence ne s'était pas identifié en tant que journaliste "et n'a volontairement pas présenté son accréditation de presse", selon Zhao Lijian, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Celui-ci a demandé aux médias étrangers de "respecter les lois chinoises et les réglementations lors (de leur séjour) en Chine".
L'ONG Reporters sans frontières (RSF) a condamné sur Twitter l'arrestation et exprimé son soutien à "tous ceux qui pratiquent un journalisme basé sur les faits en Chine".
Le secrétaire d'Etat britannique à la Sécurité, Tom Tugendhat, a vu dans cette affaire un écho à la "répression" que le parti communiste chinois tente de mettre en oeuve "ailleurs".
"Les tentatives de répression d'Etat ici au Royaume-Uni nous rappellent le besoin urgent de défendre nos propres libertés", a-t-il tweeté.
Le Royaume-Uni a été récemment marqué par les violences subies par un militant pro-démocratie de Hong Kong au consulat de Chine à Manchester (Nord) et par les informations d'une ONG espagnole selon lesquelles Pékin aurait ouvert des postes de police clandestins dans plusieurs pays occidentaux, notamment sur le sol britannique.
Tom Tugendhat a annoncé début novembre au Parlement que la police britannique enquêtait à ce sujet. "Tout pays étranger qui opère au Royaume-Uni doit respecter la loi britannique", avait-il déclaré, soulignant qu'"aucune tentative de rapatrier illégalement des ressortissants ne sera tolérée".
burs-spe/vg/lpt
A.Cantu--LGdM