La haute couture et son raffinement de retour à Paris, Dior en vedette
Déesses antiques de Dior, tenues surréalistes pour Schiaparelli ou aquatiques chez Iris Van Herpen ont ouvert lundi la semaine parisienne de la haute couture, dans un contexte de tension et d'émeutes qui a conduit Celine à annuler un défilé dimanche soir.
La femme Dior est dans l'extrême épure inspirée des statues antiques et allégée pour apporter plus de confort.
Une longue robe blanche en laine avec une cape assortie ouvre le défilé au musée Rodin dans un décor imaginé par l'artiste italienne Marta Roberti, qui combine dans ses dessins animaux, déesses, autoportraits et fragments de paysages sauvages.
La silhouette est verticale, la ligne nette et les couleurs raffinées: blanc, noir, beige, or et argent.
"C'était un travail de soustraction. Je voulais enlever la gaine, la doublure, ces éléments qui caractérisent des tenues couture construites", confie à l'AFP Maria Grazia Chiuri, directrice artistique des collections femme de Dior.
- Vestiaire quotidien -
Outre les robes incontournables, la collection offre plusieurs pièces séparées, permettant de les mixer et de construire "tout un vestiaire personnalisé", souligne-t-elle.
En font partie des shorts qu'on devine sous des capes dorées transparentes brodées de perles ou des chemisiers blancs.
"Il n'y a pas de feuille de route dans la haute couture", assure la styliste, ajoutant qu'un chemisier blanc n'est pas "considéré comme une pièce clé" dans ce domaine.
Une démarche qui apporte une dimension pragmatique à la haute couture, associée au tapis rouge ou aux pièces des musées.
Drapés et volumes époustouflants, tenues en noir et blanc, dorées et argentées: Daniel Roseberry, le styliste américain de Schiaparelli, a lui aussi réinterprété "le vestiaire quotidien féminin" de façon surréaliste devant la rappeuse Cardi B, Anna Wintour ou les actrices Gwendoline Christie et Philippine Leroy-Beaulieu, au Petit Palais.
Chemisier blanc, pantalon, col roulé noir ou doudounes: difficile de deviner dans ces pièces qui peuvent se combiner "spontanément" celles réservées au bureau ou à la vie de tous les jours. C'est comme ça qu'on ose cette saison, après le défilé de cet hiver qui avait suscité la controverse avec ses robes ornées de fausses têtes d'animaux.
De son côté, la créatrice Iris Van Herpen a présenté en extérieur sa collection aux inspirations aquatiques et futuristes, devant la chanteuse Camila Cabello ("Havana") et l'actrice Maisie Williams ("Game of Thrones").
Chez la Néerlandaise, les silhouettes flottent tels des êtres aquatiques, tout en transparence, comme cette robe plissée, d'un bleu profond et irisé qui rappelle les nageoires d'un poisson. Les cheveux sont ramenés en un chignon serré, ornés de coiffes argentées, semblables à des diadèmes tranchants.
Les mannequins sont mi-femmes, mi-sirènes, juchées sur des talons compensés.
Le défilé se termine sur une longue robe noire, décorée de motifs blancs semblables à des plumes de paon.
Plus que jamais star des tapis rouges, la créatrice a habillé Beyoncé pour une partie de sa tournée Renaissance. Une exposition lui sera consacrée à partir de fin novembre à Paris.
Le premier jour de cette semaine, qui met en lumière le sur-mesure et l'artisanat, est également marqué par l'arrivée de deux nouveaux: l'Américain Thom Browne et le Français Charles de Vilmorin.
A 26 ans, Charles de Vilmorin présente son premier défilé couture pour sa propre marque après avoir brièvement été directeur artistique pour Rochas.
Ses précédentes collections couture, une aux couleurs pop et imprimés psychédéliques et l'autre entièrement noire, avaient été dévoilées dans des vidéos pendant la crise sanitaire.
"Je suis hyper heureux d'avoir vécu tout cela et de faire mon premier défilé", a-t-il confié à l'AFP, dans son appartement-atelier la semaine dernière en train de finaliser la collection.
L.Navarro--LGdM