Affaire Dutroux: un jardin-mémorial à la place de la "maison de l'horreur"
Le lieu est associé à des crimes indicibles qui ont ébranlé tout un pays.
Un jardin-mémorial en hommage aux victimes de est inauguré mardi à Charleroi, en Belgique, à la place de la maison où ce dernier a séquestré plusieurs fillettes et adolescentes.
L'inauguration est prévue à 10H30 (08H30 GMT) en présence des parents de Julie Lejeune et de Mélissa Russo, deux fillettes violées et séquestrées dans cette maison en 1995-96, avant que leurs corps soient retrouvés enterrés dans le jardin d'une autre propriété du criminel.
Ces parents ont été associés par la ville de Charleroi au projet de mémorial voulu comme "un lieu d'apaisement". Avec non pas une sculpture en matériau inerte mais un jardin d'arbres et de fleurs, "des organismes vivants", explique la municipalité wallonne.
A l'angle de la rue de Philippeville, dans le faubourg de Marcinelle où se dressait la "maison de l'horreur", plusieurs espèces végétales ont été plantées au pied d'une fresque murale d'un blanc immaculé sur laquelle un enfant regarde un cerf-volant virevolter dans le ciel. Le lieu a été baptisé "entre terre et ciel".
"Les pignons des maisons qui forment l'angle ont été couverts de briques blanches en terre cuite émaillée, de façon a accrocher très bien la lumière pour avoir un mémorial brillant", explique à l'AFP Georgios Millis, l'architecte qui a dirigé le projet.
Plus d'un quart de siècle après les faits, ériger ce mémorial a été "un projet très compliqué en raison de la lourdeur de la tragédie et de circonstances encore hyper délicates pour les familles", poursuit-il.
- Caves préservées de la démolition -
En juin 1995 Julie Lejeune et Mélissa Russo avaient été enlevées dans la région de Liège (est).
Elles ont été découvertes mortes en août 1996 à Sars-la-Buissière (sud), dans le jardin d'une propriété qui a également été détruite l'été dernier.
L'enquête a établi que les deux fillettes avaient été séquestrées durant de longs mois dans la cave de la maison de Marcinelle, où elles ont été violées, avant d'être privées de soins et de nourriture au point d'y laisser leur vie.
La modeste maison de briques rouges, théâtre des pires crimes de Dutroux, a fait irruption dans tous les foyers belges quand les télévisions ont montré le 15 août 1996 le criminel y amenant les policiers pour extraire de leur cache deux autres adolescentes séquestrées, Laetitia Delhez et Sabine Dardenne.
Condamné en 2004 à la prison à perpétuité, Marc Dutroux, qui a aujourd'hui 66 ans, a été reconnu coupable d'avoir enlevé, séquestré et violé six fillettes et jeunes femmes en 1995-96. Sabine et Laetitia, retrouvées deux jours après son arrestation, sont les deux seules de ses victimes à avoir survécu.
Interrogé par l'AFP, Gino Russo, le père de Mélissa, assure avoir "fait une concession" à la ville de Charleroi en collaborant au projet de jardin-mémorial. Il a demandé à ce que les caves de la maison soient préservées de la démolition, ce que la municipalité a accepté.
Pour ce père meurtri, des pistes n'ont jamais été explorées pendant la durée du rapt, et ces caves restent emblématiques des errements de l'enquête qu'il n'a cessé de dénoncer.
A ses yeux il est "impossible" que Mélissa et Julie aient vécu "106 jours" sans aucun soin dans une cache de quelques mètres carrés, entre décembre 1995 et mars 1996. "Mon indignation reste entière, il n'y a aucun apaisement", lâche-t-il.
P.Ortega--LGdM