Amin Maalouf favori pour prendre la tête de l'Académie française
Jour d'élection à l'Académie française, dont les 35 "immortels" doivent choisir le nouveau secrétaire perpétuel, entre deux candidats: Amin Maalouf, qui est favori, et Jean-Christophe Rufin, qui n'a pas dit son dernier mot.
Le poste est vacant depuis le décès en août d'Hélène Carrère d'Encausse, qui l'occupait depuis 1999.
Elle n'a pas à proprement désigné de dauphin. Mais Amin Maalouf, Franco-Libanais de 74 ans, prix Goncourt 1993 pour "Le Rocher de Tanios", paraît son successeur le plus naturel.
Sa personnalité fait l'unanimité, il est très impliqué dans les activités de l'institution où il a été élu en 2011, et il était seul candidat jusqu'à la date butoir, lundi.
"Vous êtes en effet un homme d'une exquise politesse et qui manifeste en toute occasion beaucoup d'égards pour ceux à qui il s'adresse", louait, lors de sa réception à l'Académie, en 2012, un certain Jean-Christophe Rufin.
Car ce rival à l'élection est un ami. L'ancien diplomate de 71 ans et prix Goncourt 2001 ("Rouge Brésil"), a été élu académicien en 2008. Il était ravi d'accueillir un homme dont il disait: "J'ai parfois l'impression que nos rêves ont fait de nous plus que des amis. Des frères".
Ce second candidat a beaucoup hésité. Il a même laissé croire qu'il avait renoncé, avant de se lancer.
Jean-Christophe Rufin trouvait frustrant qu'une institution qui se targue d'être de plus en plus moderne passe à côté de cet exercice de démocratie. "C'est la Corée du Nord", déclarait-il, cité samedi par le magazine M du Monde.
- Rénover la Coupole -
Le scrutin est prévu dans l'après-midi, selon des modalités très simples. Les 35 membres de l'Académie française sont électeurs. Seuls les suffrages se portant sur l'un de ces deux hommes seront comptabilisés.
Il aura lieu à huis clos, lors de la séance de rentrée de l'Académie. Le résultat devrait être annoncé sans cérémonie.
Le nouveau secrétaire perpétuel est délesté dans l'immédiat d'une tâche à laquelle Mme Carrère d'Encausse a consacré beaucoup d'énergie: achever la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie. C'est quasi fait.
Deux autres questions pressantes l'occuperont.
D'abord les finances. L'Académie française, tout comme les autres branches de l'Institut de France, est dans une situation financière délicate, elle qui vit du produit de ses actifs financiers, et de dons et legs.
En 2021, la Cour des comptes exhortait à rapidement rénover la Coupole, quai de Conti à Paris, face au risque d'incendie. Cela reste à faire. Et la tentative du chancelier de l'Institut, Xavier Darcos, pour que les Académies perdent en autonomie ce qu'elles gagneraient en cohérence de gestion, a fait long feu, face à l'hostilité de Mme Carrère d'Encausse.
Ensuite l'attractivité. Rajeunir et féminiser la "Compagnie" est un objectif de longue date, très difficile à atteindre cependant.
Comme le savait l'ancien secrétaire perpétuel (qui tenait au masculin), "l'habit vert", à revêtir tous les jeudis, attire les retraités, très peu les actifs.
Les sièges à pourvoir ne manquent pas: il y en a cinq aujourd'hui. Mais quand des candidats moins âgés se présentent, rien n'assure leur élection. Ainsi Frédéric Beigbeder ou Benoît Duteurtre ont-ils été recalés en 2022, à l'âge respectivement de 57 et 62 ans.
S.Ramos--LGdM