"Nous voulons qu'il revienne", clame la soeur du journaliste Evan Gershkovich, détenu en Russie
La soeur du journaliste américain du Wall Street Journal, Evan Gershkovich, détenu en Russie depuis mars pour des accusations d'espionnage, a exhorté mardi à sa libération à l'approche de son 32ème anniversaire.
"Chaque jour qu'Evan passe en prison est un jour de trop", confie Danielle Gershkovich à l'AFP à Washington, "nous voulons qu'il revienne".
Evan Gershkovich a été arrêté fin mars par les services de sécurité russes lors d'un reportage à Ekaterinbourg, dans l'Oural et a été emprisonné pour espionnage, un crime passible de 20 ans de prison.
M. Gershkovich, qui a aussi travaillé pour l'AFP à Moscou par le passé, rejette catégoriquement ces accusations d'espionnage, tout comme Washington et son journal, assurant qu'il ne faisait que son travail de journaliste.
Sa soeur, Danielle Gershkovich, explique que sa famille a reçu la promesse du président américain Joe Biden qu'il "ramènerait Evan" aux Etats-Unis.
"Donc nous comptons sur le gouvernement", déclare-t-elle. "Mais bien entendu, Evan n'est pas là aujourd'hui et l'objectif ne sera pas atteint tant qu'il ne sera pas à nos côtés".
"Donc nous devons rester forts et faire notre part", poursuit-elle.
Danielle Gershkovich indique que sa famille a réussi à échanger des lettres avec son frère. "Elles constituent un lien vital pour nous tous", souligne-t-elle. "J'aime les utiliser pour lui remonter le moral".
"Quand je lis ses lettres, j'entends sa voix dans ma tête (...) Cela me donne l'impression que nous discutons ensemble. Je me sens connectée à lui."
- "Passion" -
Danielle Gershkovich précise que sa famille comptait sur les avocats russes pour l'aider à naviguer à travers ce système judiciaire, mais "malheureusement, il s'agit d'une affaire assez opaque."
La Russie n'a jamais étayé ses accusations ni apporté publiquement d'éléments de preuve, et l'ensemble de la procédure a été classée secrète. Aucune date pour son procès n'a été avancée pour l'heure.
Lors de la dernière audience dans cette affaire, le 10 octobre, le juge Iouri Passiounine du tribunal municipal de Moscou a décidé de poursuivre au moins jusqu'au 30 novembre la détention du journaliste.
Le journaliste, dont l'anniversaire est jeudi, est toujours détenu dans la prison de Lefortovo à Moscou.
Danielle Gershkovich confie s'être mise à étudier les cas précédents d'Américains détenus en Russie, "les voyant reprendre leur vie après leur retour au pays".
"Je sais qu'Evan sortira encore plus fort de cette épreuve, et qu'il voudra reprendre son métier de reporter", poursuit-elle.
"Il est incroyablement passionné par le métier de journaliste. C'est vraiment sa passion."
Evan Gershkovich avait poursuivi son travail en Russie après le début de l'invasion russe en Ukraine, en février 2022, malgré le départ de nombreux journalistes occidentaux.
Ses parents, qui ont fui l'URSS, ont appelé le mois dernier à sa libération à la tribune de l'ONU, en amont de l'Assemblée annuelle générale des Nations unies.
Ces dernières années, plusieurs citoyens américains ont été arrêtés et condamnés à de lourdes peines en Russie, Washington accusant Moscou de vouloir les échanger contre des Russes détenus aux Etats-Unis.
En décembre 2022, la basketteuse américaine Brittney Griner, condamnée en Russie pour des accusations de trafic de cannabis, avait été libérée contre Viktor Bout, un marchand d'armes russe prisonnier aux Etats-Unis.
P.Ortega--LGdM