A son procès à New York, Trump va savoir combien il paiera pour diffamation d'une autrice
L'ex-président américain Donald Trump pourrait savoir vendredi à son procès à New York combien il devra payer à l'écrivaine E. Jean Carroll pour l'avoir diffamée, sur fond d'accusations de viol dans les années 1990.
"C'est une affaire importante, mesdames et messieurs", a conclu le juge du tribunal fédéral civil de Manhattan, Lewis Kaplan, en envoyant délibérer un jury populaire.
Les neuf jurés devront statuer sur l'intention de nuire de M. Trump, 77 ans, déjà reconnu responsable par le juge de propos diffamatoires tenus en 2019 et en 2022 à l'encontre de Mme Carroll, 80 ans, et devront évaluer les montants des dédommagements.
Cette dernière demande au moins 24 millions de dollars de dédommagements pour préjudice moral et professionnel, selon des médias américains.
Elizabeth Jean Carroll est une ancienne chroniqueuse de l'édition américaine du magazine Elle qui a accusé Donald Trump de viol en 1996 dans une cabine d'essayage d'un grand magasin new-yorkais.
Sur la foi d'une autre plainte au civil en 2022 pour viol et diffamation, elle l'avait déjà fait reconnaître responsable en mai dernier au civil d'agression sexuelle il y a 28 ans et de propos diffamatoires tenus en 2022.
M. Trump avait été alors condamné à verser cinq millions de dollars de réparation.
Ce second procès, uniquement pour diffamation, découle d'une première plainte civile en 2019 et a commencé le 16 janvier, en présence le plus souvent de l'ex-locataire de la Maison Blanche qui rêve d'y retourner.
Vendredi matin était consacré aux plaidoiries finales des avocats de la plaignante et de la défense.
- Trump quitte le prétoire -
Mais à peine avaient-elles commencé que le tempétueux homme d'affaires s'est soudainement levé de sa chaise et a bondi hors de la salle d'audience, selon un journaliste de l'AFP.
Donald Trump est resté toutefois dans l'enceinte du palais de justice avant de revenir dans le prétoire.
L'avocate de Mme Carroll, Roberta Kaplan, (sans lien de parenté avec le juge Kaplan), venait de dire que l'ancien président des Etats-Unis avait "continué durant tout le procès à diffamer" sa cliente.
"L'homme qui a agressé sexuellement (Mme Carroll) fait ce qu'il veut: il ment, il diffame", a tonné l'avocate pour qui le septuagénaire "continue de lui faire du mal sur sa puissante plateforme", le compte de son influent réseau social Truth Social et ses dizaines de millions d'abonnés.
Combien faudra-t-il que Donald Trump paie "pour qu'il cesse" ses attaques diffamatoires, a interrogé Me Kaplan.
De fait, le magnat a posté vendredi une vingtaine de messages sur Truth Social accusant une nouvelle fois Mme Carroll d'avoir monté "une FAUSSE histoire à la Monica Lewinsky" -- du nom du scandale de la stagiaire de la Maison Blanche qui avait failli emporter le président Bill Clinton à la fin des années 1990 -- et de "chercher à EXTORQUER" de l'argent.
- "Biden la crapule" -
Le grand favori des primaires républicaines et très probable adversaire de Joe Biden à la présidentielle de novembre a renchéri avec ses dénigrements politiques habituels: "Joe Biden le corrompu et la crapule" orchestrerait "une "chasse aux sorcières contre son opposant politique, gérée et dirigée par les démocrates de la gauche radicale".
Jeudi, l'ex-président s'était brièvement défendu au procès mais sa liberté de parole était strictement limitée par le juge pour éviter tout dérapage verbal.
Il a simplement indiqué par un "oui" qu'il avait tenu les propos visés par une première plainte en 2019 contre des accusations de viol que venait de lancer, pour la première fois publiquement, E. Jean Carroll dans un livre.
"Elle a dit quelque chose que j'ai considéré comme faux", a dit M. Trump.
Mais encore mercredi soir, il avait lancé sur Truth Social 37 attaques contre Mme Carroll qu'il continue de dénigrer et d'insulter en la traitant de "tarée", à l'"histoire bidon", qu'il n'a "jamais vue de (sa) vie".
"Elle est malade", avait-il répété durant la procédure.
Le juge Kaplan, qui avait présidé le premier procès l'an passé, a ordonné que ce second ne porte que sur les propos de Donald Trump et pas sur les accusations de viol de la plaignante.
En comptant cette affaire, M. Trump est visé cette année par six procès pénaux ou civils.
A.Gonzalez--LGdM