La justice russe a révoqué la licence de l'édition papier du journal Novaïa Gazeta
Un tribunal russe a révoqué lundi la licence de diffusion de l'édition papier du média Novaïa Gazeta, pilier du journalisme d'investigation en Russie, contraint de suspendre sa publication en mars face à la répression des critiques du conflit en Ukraine.
"Le tribunal Basmanny de Moscou a reconnu comme invalide le certificat d'enregistrement (en tant que média) de la version papier de Novaïa Gazeta", a indiqué sur Telegram le journal, dont le rédacteur en chef, Dmitri Mouratov, a été en 2021 co-lauréat du Prix Nobel de la Paix.
Cette annonce intervient juste après la mort et les funérailles de Mikhaïl Gorbatchev, dernier dirigeant de l'URSS décédé la semaine dernière à 91 ans et qui était un soutien historique de Novaïa Gazeta. M. Mouratov avait d'ailleurs pris la tête samedi du cortège funéraire.
Le tribunal Basmanny, qui a confirmé cette décision dans un communiqué, répondait à une plainte déposée fin juillet par le gendarme des médias russes, Roskomnadzor.
Ce dernier affirme que le journal n'avait pas transmis selon les règles en vigueur "les statuts de la rédaction" lors d'un réenregistrement administratif en 2006.
Dans deux autres plaintes distinctes, également déposées en juillet, Rozkomnadzor a demandé l'annulation des autorisations du site internet et d'une nouvelle revue de Novaïa Gazeta. Ces plaintes doivent être étudiées par la justice russe dans le courant du mois.
Fin mars, Novaïa Gazeta, qui couvrait de manière critique le conflit en Ukraine, a décidé de suspendre sa publication en ligne et au format papier, par crainte de représailles en Russie.
De facto, le journal n'était donc plus imprimé depuis des mois.
Les autorités lui reprochent aussi d'avoir enfreint la loi en n'identifiant pas toujours clairement dans ses articles les organisations et individus désignés "agents de l'étranger" cités dans le journal.
Fondé en 1993, Novaïa Gazeta est réputé pour ses enquêtes fouillées sur la corruption des élites russes et les graves violations des droits humains, notamment en Tchétchénie. Six de ses journalistes ont été tués depuis sa création.
Y.A. Ibarra--LGdM