La Gaceta De Mexico - En Occitanie, la grogne des agriculteurs ne faiblit pas

En Occitanie, la grogne des agriculteurs ne faiblit pas
En Occitanie, la grogne des agriculteurs ne faiblit pas / Photo: © AFP

En Occitanie, la grogne des agriculteurs ne faiblit pas

Les agriculteurs d'Occitanie, qui dénoncent des revenus "parmi les plus bas de France", mobilisés lundi sur les autoroutes et autour de la centrale nucléaire de Golfech, envisagent d'autres actions mardi, visant notamment la grande distribution.

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"C'est surtout un problème de revenus, en Occitanie, les agriculteurs ont les revenus parmi les plus bas de France", a déclaré à l'AFP Alain Iches, président de la chambre d'agriculture du Tarn-et-Garonne, pour expliquer l'intensité du mouvement dans la région.

L'A64 entre Toulouse et Bayonne, coupée à la circulation depuis jeudi au niveau de Carbonne (Haute-Garonne) à 45 km au sud de Toulouse, devrait le rester mardi. Les automobilistes circulant sur cet axe doivent le quitter avant le barrage d'une quarantaine de tracteurs, pour reprendre l'autoroute un peu plus loin.

 

L'Occitanie "est une région qui a fait le choix de la qualité, les agriculteurs se sont adaptés, certains sont partis vers des productions bio à la demande du consommateur et aujourd'hui, les productions bio, notamment le blé, sont payées encore moins cher que les productions conventionnelles", a regretté Luc Mesbah, secrétaire général de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) de Haute-Garonne.

- "Faire plier le gouvernement" -

"On peut pas continuer comme ça", a-t-il dit à l'AFP, près du barrage où les manifestants se réchauffent autour d'un brasero. A Toulouse, "on est sur la quatrième ville de France, et on a de grosses centrales d'achat qui distribuent sur l'ensemble de l'Occitanie. Elles seront la cible, demain (mardi), d'actions de blocage", a-t-il prévenu.

Un blocage est ainsi prévu sur l'A61 Toulouse-Narbonne "au niveau de la plateforme de Lidl" à Baziège, au sud-est de la Ville rose, selon un appel à mobilisation envoyé à l'AFP.

Les agriculteurs ont aussi prévu des actions dans l'Aveyron sur la RN88 et dans le Tarn, sur la rocade d'Albi. Ils déplorent de ne pas être écoutés depuis le début, fin octobre, du mouvement de retournement des panneaux des communes, avec le slogan "On marche sur la tête", selon un communiqué de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs (JA).

Par ailleurs lundi dans le Tarn-et-Garonne, les points d'accès à Golfech, qui alimente en électricité le bassin toulousain, ont été bloqués par des tracteurs. Néanmoins, "le personnel nécessaire au fonctionnement de la centrale (...) a pu accéder au site", selon un porte-parole d'EDF.

La préfecture a aussi signalé des blocages à hauteur de Saint-Loup et de Castelsarrasin, sur l'A62 reliant Toulouse et Bordeaux.

"Notre objectif est de faire plier le gouvernement", a expliqué Jean-Baptiste Gibert, président local des JA, ajoutant: "On se retrouve à crever la dalle comme des chiens au bord de la route et dans nos champs. On en a marre!"

- Surproduction bio -

"A force de vouloir pousser les agriculteurs à passer en bio et à importer du bio, maintenant il y a surproduction parce qu'il n'y a plus d'acheteurs", a expliqué à l'AFP Christian Couderc, 55 ans, présent à Golfech. Déplorant d'être "obligé de passer en conventionnel", il parle la voix brisée, d'"un échec (...) très difficile à accepter".

L'Occitanie, première région bio de France, subit cette crise de plein fouet. Avec Provence-Alpes-Côte d'Azur elle est également, selon les agriculteurs, celle qui subit le plus fortement le changement climatique.

C'est notamment le cas dans les Pyrénées-Orientales, touchées par la sécheresse depuis deux ans. A la mi-journée, des dizaines de manifestants ont occupé un moment les voies de l'autoroute A 9 Montpellier-Barcelone au niveau du péage Perpignan-sud, puis ont déversé gravats et branchages devant la préfecture.

Enfin, dans les Hautes-Pyrénées, des perturbations ont été signalées sur l'A64, du côté de Lannemezan et Tarbes. Dans l'Ariège, la RN20, qui relie Toulouse à l'Andorre, était fermée dans l'après-midi à hauteur de Pamiers.

A Toulouse, la mairie a annoncé lundi avoir porté plainte contre X suite au coût des dégâts "estimé à 90.700 euros", selon un communiqué, du nettoyage ayant suivi l'importante manifestation du 16 janvier. Plusieurs centaines de tracteurs avaient investi la Ville rose et ses abords, déversant fumier, branchages et pneus devant des bâtiments administratifs.

A.Sandoval--LGdM