La Gaceta De Mexico - Agriculteurs fortement mobilisés, recueillement après la mort d'une éleveuse sur un barrage

Agriculteurs fortement mobilisés, recueillement après la mort d'une éleveuse sur un barrage
Agriculteurs fortement mobilisés, recueillement après la mort d'une éleveuse sur un barrage / Photo: © AFP

Agriculteurs fortement mobilisés, recueillement après la mort d'une éleveuse sur un barrage

Le mouvement de colère des agriculteurs se poursuit avec vigueur mardi soir, alors que l'Ariège se recueille après le décès d'une éleveuse, percutée par une voiture sur un barrage.

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Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, est arrivé dans la soirée dans le département pyrénéen où, à l'aube, un véhicule a foncé sur un barrage d'agriculteurs, sur une section de la RN20 Toulouse-Andorre, fermée à la circulation.

Le ministre a confié être "ici pour témoigner de l'émotion de la nation", ajoutant: c'est un "drame qui nous touche tous".

"Les agriculteurs sur les barrages, ils ont d'abord besoin qu'on les écoute, qu'on les comprenne et qu'on réponde. Et c'est ça qu'on va faire", a promis M. Fesneau.

- "Solutions concrètes" -

Des "solutions concrètes aux difficultés" de la profession, c'est également ce que le président de la République, Emmanuel Macron, a demandé au gouvernement de Gabriel Attal de trouver, dans un tweet publié dans l'après-midi.

Une éleveuse de vaches d'une trentaine d'années est décédée au petit matin à Pamiers juste après avoir été percutée par une voiture. Son conjoint de 40 ans, "grièvement" blessé, et leur fille adolescente "dans un état critique", sont toujours hospitalisés, selon le parquet de Foix.

Les trois occupants de la voiture (un homme et deux femmes de nationalité arménienne, selon le préfet d'Ariège) ont été placés en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte pour homicide involontaire aggravé et blessures aggravées, selon le parquet.

Ils étaient sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF), après avoir été déboutés de leur demande d'asile, selon une source proche de l'enquête à l'AFP.

"Non seulement les agriculteurs subissent les difficultés et le mépris du gouvernement, mais ils subissent aussi son laxisme migratoire", a réagi dans un tweet Jordan Bardella, le président du RN.

"Les faits en cause ne paraissent pas revêtir un caractère intentionnel", a souligné le parquet de Foix, pointant le manque de visibilité sur les lieux.

- Divers blocages -

Au lendemain d'une réunion apparemment infructueuse avec le gouvernement, la mobilisation continue avec plusieurs blocages qui persistent.

Dans les Hauts-de-France, les agriculteurs comptent poursuivre le blocage mis en place à la mi-journée, près d'Amiens (Somme), et organiser de nouvelles manifestations dans l'Aisne et le Pas-de-Calais notamment. Selon la préfecture de région, "l'accès aux différentes plateformes transmanche (tunnel sous la Manche et port desservant l’Angleterre, NDLR) est susceptible d’être perturbé".

"Ce que nous souhaitons, c'est faire durer au maximum le mouvement", a confié Denis Bully, président de la FDSEA de la Somme à un journaliste de l'AFP. "Et s'il faut le faire jusqu'au salon de l'agriculture, eh bien on mettra la pression jusqu'au salon pour faire plier nos dirigeants", a-t-il ajouté.

Dans le Sud-Ouest, les barrages de l'A64 à hauteur de Carbonne (Haute-Garonne) et près de la centrale de Golfech (Tarn-et-Garonne) restaient en place et d'importantes perturbations étaient signalées sur les axes A61, A62 et A20.

- Grande distribution visée -

Par ailleurs, entre 120 et 150 agriculteurs bloquent mardi une plateforme logistique du groupe de grande distribution Leclerc à Castelnaudary (Aude).

Deux blocages sont apparus sur l'A64 à Pau et l'A63 à hauteur de Bayonne mais l'accès à l'Espagne depuis l'A64 restait cependant ouvert, selon la préfecture des Pyrénées-Atlantiques.

A Agen, des agriculteurs ont déversé devant la préfecture du lisier mélangé à des carcasses de vaches, de la paille et des pneus.

"On a demandé à ce que le Premier ministre fasse des annonces d'ici ce soir", a déclaré Karine Duc, coprésidente de la Coordination Rurale dans le Lot-et-Garonne, après avoir été reçue par le préfet.

Dans l'ouest jusqu'ici peu mobilisé, des agriculteurs ont organisé des opérations péages gratuits sur cinq barrières.

Après avoir reçu la FNSEA, M. Attal a reçu mardi soir la Coordination rurale et verra mercredi matin la Confédération paysanne. Les représentants de la Coordination rurale ont jugé "constructif" leur entretien mais n'ont pas appelé à lever leurs blocages en attendant des mesures "concrètes" et "rapides".

Premier syndicat agricole français, la FNSEA, a remporté ces dernières années de nombreux arbitrages auprès du gouvernement, comme sur les taxes sur l'eau ou les pesticides, mais les agriculteurs se plaignent de crouler sous les normes et de ne pas gagner assez bien leur vie.

Parmi les multiples revendications entendues: des simplifications administratives, pas de nouvelle interdiction de pesticides, arrêter d'augmenter le prix du gazole ou encore la pleine application de la loi censée obliger les industriels et les grandes surfaces à mieux payer les produits agricoles.

Le gouvernement craint un embrasement. Des Pays-Bas à la Roumanie en passant par la Pologne ou l'Allemagne, les agriculteurs multiplient les actions contre les hausses des taxes et le "Pacte vert" européen.

Mardi, les ministres européens du secteur agricole se réunissent à Bruxelles.

D.F. Felan--LGdM