La Gaceta De Mexico - La colère des agriculteurs se propage, le gouvernement face à la "rage"

La colère des agriculteurs se propage, le gouvernement face à la "rage"
La colère des agriculteurs se propage, le gouvernement face à la "rage" / Photo: © AFP

La colère des agriculteurs se propage, le gouvernement face à la "rage"

Lisier déversé, autoroutes bloquées... La mobilisation des agriculteurs français s'est amplifiée mercredi avec une multiplication des barrages routiers pour obtenir des réponses du gouvernement, qui dit avoir "entendu l'appel" et promet des annonces "dans les jours à venir".

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Endeuillé par les décès accidentels d'une éleveuse et de sa fille mardi sur un barrage routier, le mouvement dit y avoir puisé une "rage" supplémentaire. Et la FNSEA, syndicat majoritaire, compte communiquer mercredi soir une "quarantaine" de "revendications claires" à l'adresse de l'exécutif.

Cultivateurs et éleveurs partagent un même malaise sur leur avenir, écartelés entre désir de produire et nécessité de réduire leur impact sur la biodiversité et le climat, sur fond de revendications très diverses: marges de la grande distribution, jachères, pesticides, normes environnementales, autorisations administratives, prix du gazole...

Dans le Sud-Ouest, des manifestants ont lancé un ballot de paille dans un restaurant McDonald's à Agen, tandis que 200 tracteurs bloquent la rocade de Bordeaux depuis mercredi matin.

Une minute de silence a été observée par les agriculteurs girondins en hommage aux deux personnes décédées mardi, une éleveuse d'une trentaine d'années et sa fille adolescente, percutées par une voiture sur un barrage à Pamiers (Ariège).

"On a la rage de continuer, pour cette famille qui est décédée. Ils étaient comme nous, passionnés... On a commencé, maintenant on continue !", lance Yoan Joannic, 20 ans, céréalier en Gironde.

- Malaise -

Près d'une semaine après avoir débuté en Occitanie, le mouvement touche désormais tout le pays, le malaise du monde paysan s'exprimant aussi ailleurs en Europe.

Après la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) reçus lundi, la Coordination rurale et la Confédération paysanne sont sortis mardi soir du bureau du Premier ministre, Gabriel Attal, sans appeler à lever les blocages.

Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a estimé mercredi que le blocage d'axes routiers du pays était "un moyen pour obtenir rapidement des décisions", écartant "à ce stade" un éventuel blocage de Paris.

Il a précisé que son syndicat énoncerait mercredi soir ses revendications autour de trois thématiques, "la dignité du métier", "le juste revenu", et "l'exercice du métier", à savoir "les contrôles, la suradministration et les normes".

Mais tous les syndicats ne sont pas sur la même ligne. Laurent Thérond, coporte-parole de la Confédération paysanne dans le Vaucluse, qualifie ainsi les dirigeants de la FNSEA de "pompiers pyromanes" en critiquant leur approche productiviste.

Parti du Vaucluse mercredi matin, un convoi d'environ 70 tracteurs a remonté l'A7, rejoint par d'autres agriculteurs de la Drôme. Les deux cortèges ont coupé l'autoroute à hauteur de Montélimar (Drôme) dans les deux sens.

Sur la nationale 7, non loin de là, un groupe de manifestants a intercepté un camion espagnol transportant des légumes surgelés et ont vidé son contenu sur la route, a constaté un photographe de l'AFP.

En Bretagne, dans le Centre, les Hauts-de-France ou en Occitanie, des barrages continuent de perturber la circulation sur le réseau autoroutier ou secondaire.

En Normandie, tracteurs et éleveurs bloquaient en fin de matinée, à Domfront en Poiraie dans l'Orne, l'usine de camembert Président du groupe Lactalis, accusé de "fouler au pied" la loi Egalim censée garantir la rémunération des agriculteurs par les industriels.

Le numéro un mondial du secteur "ne paie que 403 euros" les 1.000 litres, là où ses concurrents achètent à 440 euros, affirme Sylvain Délye, 50 ans, éleveur de vaches et président de la FNSEA dans ce département. "Les banques ne suivent plus, le rendement du lait n'étant pas garanti."

- "Mensonges" -

"Quand Leclerc et compagnie nous disent que eux, ils ne s'en sortent pas, nous on ne s'en sort pas du tout", confirme Grégoire Verneret, 34 ans, agriculteur bio à côté de Valence (Drôme). "Ce sont que des mensonges."

Elle a évoqué des pistes à l'étude sur la fiscalité du gazole non routier (GNR) et "les avances de trésorerie".

Gabriel Attal "s'est engagé à se rendre très rapidement sur le terrain", a-t-elle ajouté.

Ce dernier avait dit mardi plancher sur la rémunération des agriculteurs par les industriels et les grandes surfaces, ainsi que sur une simplification administrative.

Alors que les autres grands pays agricoles européens connaissent des mouvements similaires, la Commission européenne réunira jeudi organisations agricoles, secteur agroalimentaire, ONG et experts.

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L.Navarro--LGdM