La Gaceta De Mexico - "On bafoue l'école": le monde de l'éducation en grève et dans la rue

"On bafoue l'école": le monde de l'éducation en grève et dans la rue
"On bafoue l'école": le monde de l'éducation en grève et dans la rue / Photo: © AFP/Archives

"On bafoue l'école": le monde de l'éducation en grève et dans la rue

"En colère", plusieurs milliers d'enseignants et autres personnels de l'éducation se sont mis en grève et manifestaient jeudi pour alerter sur leurs conditions de travail et leurs salaires et défendre l'école publique, après les déclarations polémiques de leur ministre Amélie Oudéa-Castéra.

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20,26% d'enseignants étaient grévistes jeudi, selon les chiffres du ministère de l'Education.

Le Snes-FSU, premier syndicat du second degré, avait auparavant estimé le taux de grévistes dans les collèges et lycées à 47%, et la FSU-Snuipp, principal syndicat du primaire, avançait 40% de grévistes dans les écoles maternelles et élémentaires.

 

"Oudéa-Castéra 0/20 Au coin!", "Oudéa-Castéra médaille d'or du mépris", "AOC: mets tes baskets (tu seras moins hors sol)", pouvait-on lire sur des pancartes du défilé parisien, où de nombreux manifestants collaient sur leurs vestes des autocollants "mépris 2024" avec les anneaux olympiques.

"Le catalyseur de notre colère, c'est clairement les déclarations de Mme Oudea-Castéra, que nous vivons comme une provocation adressée à l'école publique. Ce qui nous rassemble ici, c'est la défense de l'école publique", a déclaré Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes.

"C’est important pour nous de revendiquer de meilleures conditions de travail" et de "défendre des salaires meilleurs, car on n'a pas été suffisamment revalorisés", a relevé Guislaine David, secrétaire générale de la FSU-SNUipp.

"Les propos du gouvernement sur la politique éducative, sur le +choc des savoirs+ sont complètement en déconnexion", a-t-elle ajouté. "On nous parle d'uniformes et de Marseillaise aussi alors qu’on manque de moyens".

- Rejet des classes "ghetto" -

Ailleurs en France, au moins 1.600 personnes étaient rassemblées à Marseille, 2.300 à Rennes, 2.300 Nantes et 1.700 à Rouen selon les autorités, 1.200 à Brest selon les syndicats.

"C'est allé trop loin, on bafoue l'école", a déclaré à Nantes Fabienne Dubourg, proviseure en lycée et secrétaire académique du SNPDEN-Unsa, principal syndicat des chefs d'établissements. Elle dénonce notamment "le manque de moyens" et "les groupes de niveau en collège", prévus pour la rentrée prochaine par les réformes du "choc des savoirs" de Gabriel Attal.

"Groupes de niveau = classes ghetto", "Toutes les AOC ne sont pas des grands crus", indiquaient des pancartes à Nantes ou à Marseille.

A Lyon, 115 établissements scolaires sur un total de 208 étaient jeudi matin touchés par la grève, selon la mairie.

- Déminage -

Jeudi matin, des lycées ont fait l'objet aussi de blocages dans plusieurs villes, notamment à Paris, Marseille ou Montpellier.

"Je suis ici pour protester contre la ministre de l'Education, le fait qu’elle reste en poste malgré ce qu’elle fait" et "aussi contre le SNU (Service national universel) et l’uniforme", a expliqué à l'AFP une lycéenne en classe de première devant le lycée Voltaire à Paris où environ 200 jeunes se sont rassemblés.

L'appel à la grève à destination de l'ensemble des personnels de l'éducation a été lancé en décembre, avant l'arrivée d'Amélie Oudéa-Castéra rue de Grenelle pour succéder à Gabriel Attal, nommé à Matignon.

Mais "AOC", promue il y a trois semaines à la tête d'un super-ministère, dans lequel l'Education et la Jeunesse s'ajoutent aux Sports et aux Jeux olympiques dont elle avait déjà la charge, a cristallisé le mécontentement du monde enseignant.

Les déclarations polémiques de la ministre dès sa prise de fonction, qui a justifié l'inscription de ses enfants à l'établissement privé élitiste Stanislas par "des paquets d'heures pas sérieusement remplacées" dans le public, affirmations démenties ensuite par l'ex-enseignante de son fils en maternelle, ne sont toujours pas passées.

La ministre s'efforce de déminer depuis sa nomination, mais les polémiques se sont multipliées. Dernière en date, Mediapart a affirmé mercredi soir qu'Amélie Oudéa-Castéra aurait fait la promotion d'une école privée hors contrat qui accueille notamment de jeunes sportifs quand elle était ministre des Sports, et soutenu la demande de cette école de passer sous contrat avec l'Etat.

Cette école "accueillant un certain nombre de sportifs de haut niveau, il est normal que des échanges aient pu avoir lieu sur ce dossier", a réagi l'entourage de la ministre.

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V.Vega--LGdM