La Gaceta De Mexico - Italie: vers une mise sous tutelle de l'Etat de l'aciérie géante ex-Ilva

Italie: vers une mise sous tutelle de l'Etat de l'aciérie géante ex-Ilva
Italie: vers une mise sous tutelle de l'Etat de l'aciérie géante ex-Ilva / Photo: © AFP/Archives

Italie: vers une mise sous tutelle de l'Etat de l'aciérie géante ex-Ilva

Après des mois de négociations infructueuses avec ArcelorMittal, le gouvernement italien s'apprête à annoncer lundi sa décision sur la mise sous tutelle de l’Etat de l'aciérie en difficulté ex-Ilva, dont le géant de la sidérurgie est le premier actionnaire.

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Au bord de l'asphyxie financière et croulant sous une dette de 3,1 milliards d'euros, l'ex-Ilva, l'une des plus grandes aciéries d'Europe située à Tarente (sud), n'arrive plus à rémunérer une grande partie de ses fournisseurs ni à régler ses factures de gaz et d'électricité.

La société publique d'investissement Invitalia a demandé dimanche soir au ministère des Entreprises de déclencher la procédure après "le refus" d'ArcelorMittal d'injecter de l'argent frais.

Le géant de l'acier s'est dit lundi "surpris et déçu" de cette initiative, qui n'a pas été communiquée selon lui au conseil d'administration du gestionnaire de l'aciérie Acciaierie d'Italia qui s'est tenu la veille.

"C'est une flagrante violation de l'accord d'investissement" conclu avec Rome, assure ArcelorMittal dans un courriel adressé à Invitalia, dans lequel il indique "se réserver tous les droits".

Acciaierie d'Italia est contrôlé à hauteur de 62% par ArcelorMittal et de 38% par l’Etat italien.

Le gouvernement de Giorgia Meloni et ArcelorMittal s'accusent mutuellement de ne pas avoir respecté leurs engagements et d'être responsables de l'échec des négociations.

Une mise sous tutelle de l’Etat semble avoir les faveurs du ministre des Entreprises Adolfo Urso: du moment qu'ArcelorMittal "n'a pas l'intention d'investir dans l'entreprise, je crois qu'il est juste que le pays se réapproprie le fruit de son travail et du sacrifice de générations entières", a-t-il déclaré dimanche.

Les syndicats du secteur ont été conviés à Rome pour une réunion prévue lundi soir, au cours de laquelle le gouvernement devrait leur communiquer sa décision concernant le sort de l'aciérie.

- Candidats en lice -

L'objectif affiché par le gouvernement italien est de permettre la poursuite de l'activité de l'aciérie, jugée stratégique pour le pays, et de sauvegarder ses milliers d'emplois.

Sous le régime dit de "l'administration extraordinaire", le gouvernement nomme des commissaires chargés de gérer l'entreprise et de préparer un plan de sauvetage en attendant l'arrivée d'un nouvel investisseur.

Parmi les candidats figurent selon la presse italienne le groupe sidérurgique ukrainien Metinvest, à la recherche de nouveaux sites de production depuis la prise de contrôle en mai 2022 par l'armée russe de son aciérie géante Azovstal à Marioupol (sud-est).

Également en lice pour remplacer ArcelorMittal, le sidérurgiste italien Arvedi et le groupe indien Vulcan Green Steel, filiale du conglomérat Jindal, qui avait déjà soumis, sans succès, une offre pour Ilva en 2017.

- Production en baisse -

Après une série de déboires financiers et judiciaires, le groupe Ilva avait été déjà placé sous l'administration publique en 2015 jusqu'à ce que l’Etat confie son destin à ArcelorMittal en 2018.

Les dirigeants de la chaîne d'approvisionnement de l'ex-Ilva, qui ont commencé à se réunir dans la soirée avec des membres du gouvernement, ont gardé un mauvais souvenir de cette dernière mise sous tutelle qui les avait laissés avec 150 millions d'euros de factures impayées.

"L'essentiel est d'assurer la survie de l'usine afin de relancer la production. Dans le cas contraire, il n'y aura plus d'économie dans ce territoire du sud et toutes ces entreprises mourront", a commenté à l'AFP Fabio Greco, le président de leur association (AIGI).

ArcelorMittal avait repris le groupe Ilva avec 10.700 employés dont 8.200 sur le site très pollué de Tarente, dont les émissions toxiques ont, selon des experts judiciaires, contribué à la mort de milliers de personnes.

Deuxième producteur mondial d'acier, ArcelorMittal s'était engagé en 2018 à assainir l'immense site dont la silhouette domine la côte de Tarente et à faire monter sa production annuelle à huit millions de tonnes en 2025.

Or, l'aciérie a vu baisser sa production, un seul des quatre hauts-fourneaux restant actuellement en activité. Sur fond de hausse des prix de l'énergie et de baisse de la demande d'acier, moins de 3 millions de tonnes ont été produites en 2023.

P.Ortega--LGdM