La Gaceta De Mexico - Pékin joue la prudence sur l'économie, renforce sa défense

Pékin joue la prudence sur l'économie, renforce sa défense
Pékin joue la prudence sur l'économie, renforce sa défense / Photo: © AFP

Pékin joue la prudence sur l'économie, renforce sa défense

Pékin va annoncer mardi l'un de ses objectifs de croissance les plus modestes depuis des décennies lors de la session annuelle du Parlement, mais aussi une hausse de son budget militaire.

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L'objectif de croissance du PIB est de 5% pour 2024, selon une copie d'un rapport d'activité gouvernemental consultée par l'AFP, un chiffre qui devrait être formellement officialisé dans la matinée par le Premier ministre Li Qiang face aux députés.

Son budget militaire, le deuxième plus important au monde, même s'il reste loin derrière celui des Etats-Unis, augmentera lui de 7,2%: Pékin prévoit de dépenser 1.665,5 milliards de yuans (231,4 milliards de dollars) pour sa défense - ce qui reste environ trois fois inférieur au budget de Washington.

L'an dernier, la grand-messe politique annuelle avait été consacrée à l'octroi d'un troisième mandat inédit au président Xi Jinping, au pouvoir depuis 2012.

Cette année, toute l'attention portera sur les difficultés de la deuxième économie mondiale, qui peine à redémarrer après ses trois ans de fermeture liée au Covid.

En 2023, elle a enregistré l'une de ses plus faibles croissances (5,2%) depuis les années 1990, pénalisée par une crise de l'immobilier, un chômage record chez les jeunes et le ralentissement mondial qui affecte la demande en produits chinois.

La sécurité et la surveillance ont été renforcées dans les rues de la capitale pour l'arrivée des milliers de parlementaires qui participent aux "Deux Sessions" - celle du Parlement proprement dit, qui débute mardi, et celle de l'assemblée consultative, démarrée lundi.

La session annuelle du Parlement chinois, rendez-vous clé du calendrier politique national, se tient jusqu'au 11 mars. Cette session est censée afficher l'unité du pays, à grand renfort de votes à la quasi-unanimité des près de 3.000 représentants.

- Discours-fleuve -

Malgré la morosité économique, les analystes ne s'attendent pas à un plan de relance d'envergure.

Toutes les décisions importantes ont été prises des semaines avant, lors de réunions à huis clos du Parti communiste chinois, loin de l'attention des médias.

Mais les thèmes abordés et le ton des discours permettent de connaître les principales priorités des dirigeants, estiment des analystes.

"Le Parlement chinois n'est ni obsolète ni sans intérêt", souligne Nis Grunberg, de l'institut Merics établi en Allemagne.

"C'est une plateforme importante permettant aux dirigeants de communiquer leurs priorités".

Mardi, le Premier ministre Li Qiang présentera son rapport de travail lors d'un discours-fleuve. L'objectif de 5% de hausse du PIB pour 2024 est bien loin des croissances à deux chiffres enregistrées dans les années 1990 et 2000.

- "Sécurité nationale" -

Ces dernières années, les autorités chinoises ont écarté l'idée d'un plan de relance d'ampleur, craignant de mettre en difficultés les finances publiques.

Les analystes ne voient aucune raison que cela change.

"L'objectif de PIB (produit intérieur brut, ndlr) sera probablement prudent, sans pour autant refléter l'ampleur de la pression sur l'économie", indique Diana Choyleva, cheffe économiste au cabinet Enodo Economics.

Car, entre relancer l'économie et renforcer la sécurité, le choix est vite fait, selon les analystes.

Pékin a largement étendu l'an dernier sa définition de tout ce qui constitue de l'espionnage et a perquisitionné plusieurs sociétés étrangères de consultants, d'audit et de recherche.

Peu avant cette session parlementaire, la notion de secret d'Etat a elle aussi été élargie, "un signal clair de l'importance de la sécurité dans l'agenda du pouvoir cette année", selon Diana Choyleva.

La réunion politique devrait donc servir à "renforcer les mesures de sécurité nationale sur tous les fronts", prédit Ho-fung Hung, professeur d'économie politique à l'université américaine John Hopkins.

Jeudi, le ministre des Affaires étrangères tiendra une conférence de presse.

Mais, contrairement à la pratique en vigueur, le Premier ministre ne tiendra pas sa traditionnelle conférence de presse en clôture.

Ce rendez-vous, qui était depuis 1993 incontournable, "n'aura plus lieu" ces prochaines années, a indiqué le porte-parole de la session parlementaire, Lou Qinjian.

M.Lozano--LGdM