La Gaceta De Mexico - Pékin prévoit 5% de croissance en 2024, l'une des plus faibles depuis des décennies

Pékin prévoit 5% de croissance en 2024, l'une des plus faibles depuis des décennies
Pékin prévoit 5% de croissance en 2024, l'une des plus faibles depuis des décennies / Photo: © AFP

Pékin prévoit 5% de croissance en 2024, l'une des plus faibles depuis des décennies

La Chine a annoncé mardi viser une croissance d'environ 5% en 2024, l'un de ses objectifs les plus modestes depuis des décennies, alors que la deuxième économie mondiale peine à se relancer depuis les années Covid.

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Le chiffre a été officialisé par le Premier ministre Li Qiang lors d'un discours prononcé à l'occasion de la session annuelle du Parlement chinois à Pékin, qui s'est ouverte à 09H00 (01H00 GMT).

Cet objectif est bien loin des croissances à deux chiffres enregistrées dans les années 1990 et 2000.

Son budget militaire, le deuxième plus important au monde, même s'il reste plus de trois fois inférieur à celui des Etats-Unis, augmentera lui de 7,2%: Pékin prévoit de dépenser 1.665,5 milliards de yuans (231,4 milliards de dollars) pour sa défense.

L'an dernier, la grand-messe politique annuelle avait été consacrée à l'octroi d'un troisième mandat inédit au président Xi Jinping, au pouvoir depuis 2012.

Cette année, toute l'attention porte sur les difficultés de la deuxième économie mondiale, qui peine à redémarrer après ses trois ans de fermeture liée au Covid.

En 2023, elle a enregistré l'une de ses plus faibles croissances (5,2%) depuis les années 1990, pénalisée par une crise de l'immobilier, un chômage record chez les jeunes et le ralentissement mondial qui affecte la demande en produits chinois.

La sécurité et la surveillance ont été renforcées dans les rues de la capitale pour l'arrivée des milliers de parlementaires qui participent aux "Deux Sessions" - celle du Parlement proprement dit, qui a débuté mardi, et celle de l'assemblée consultative, démarrée lundi.

La session annuelle du Parlement, rendez-vous clé du calendrier politique national, se tient jusqu'au 11 mars. Cette session est censée afficher l'unité du pays, à grand renfort de votes à la quasi-unanimité des près de 3.000 représentants.

- "Poursuivre le progrès" -

Malgré la morosité économique, les analystes ne s'attendent pas à un plan de relance d'envergure.

Toutes les décisions importantes ont été prises des semaines avant, lors de réunions à huis clos du Parti communiste chinois, loin de l'attention des médias.

Mais les thèmes abordés et le ton des discours permettent de connaître les principales priorités des dirigeants, estiment des analystes.

"Le Parlement chinois n'est ni obsolète ni sans intérêt", souligne Nis Grunberg, de l'institut Merics établi en Allemagne.

"C'est une plateforme importante permettant aux dirigeants de communiquer leurs priorités".

Ces dernières années, les autorités chinoises ont écarté l'idée d'un plan de relance d'ampleur, craignant de mettre en difficulté les finances publiques.

Les analystes ne voient aucune raison que cela change.

Dans son rapport d'activité publié mardi, le gouvernement a seulement promis de "poursuivre le progrès et garantir la stabilité" de l'économie en 2024, annonçant aussi la réduction de taxes douanières sur les importations de certains produits technologiques.

"Nous allons travailler à l'expansion de notre réseau de zones de libre-échange et aider les gouvernements locaux et les entreprises à ouvrir de nouvelles voies pour le commerce extérieur en faisant un meilleur usage de tous les accords de libre-échange", indique le rapport.

- Opposition à l'indépendance de Taïwan -

Entre relancer l'économie et renforcer la sécurité, le choix est vite fait, selon les analystes.

Pékin a largement étendu l'an dernier sa définition de tout ce qui constitue de l'espionnage et a perquisitionné plusieurs sociétés étrangères de consultants, d'audit et de recherche.

Peu avant cette session parlementaire, la notion de secret d'Etat a elle aussi été élargie, "un signal clair de l'importance de la sécurité dans l'agenda du pouvoir cette année", selon Diana Choyleva, cheffe économiste au cabinet Enodo Economics.

La réunion politique devrait donc servir à "renforcer les mesures de sécurité nationale sur tous les fronts", prédit Ho-fung Hung, professeur d'économie politique à l'université américaine Johns Hopkins.

La hausse constante du budget militaire chinois s'inscrit dans un contexte de corruption dans l'armée et de tensions persistantes autour de Taïwan et en mer de Chine méridionale.

"Nous nous opposons vigoureusement aux activités séparatistes visant à l'indépendance de Taïwan et aux ingérences extérieures", a rappelé mardi le rapport d'activité du gouvernement, publié deux mois après l'élection à Taïwan de Lai Ching-te, président qui considère l'île comme indépendante de facto.

M.Gutierrez--LGdM