La Gaceta De Mexico - Biden met le droit à l'avortement sur le devant de la scène

Biden met le droit à l'avortement sur le devant de la scène
Biden met le droit à l'avortement sur le devant de la scène / Photo: © AFP

Biden met le droit à l'avortement sur le devant de la scène

Le président américain Joe Biden a lancé jeudi soir une défense enflammée du droit à l'avortement lors de son grand discours sur l'état de l'Union, évoquant le "pouvoir" électoral des femmes à huit mois de la présidentielle à laquelle il est candidat.

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"Clairement, ceux qui se vantent d'avoir (annulé la protection fédérale du droit à l'IVG) n'ont aucune idée du pouvoir des femmes", a lancé M. Biden.

"Mais ils s'en sont rendu compte lorsque la liberté de disposer de son corps a été en jeu dans les urnes, nous l'avons emporté en 2022 et 2023, et nous gagnerons encore en 2024", a ajouté sous les vivats de son camp ce catholique convaincu qui se pose en défenseur du droit à l'IVG, à contre-courant d'autres de ses coreligionnaires.

L'avortement est l'un des grands thèmes de la campagne pour la présidentielle de novembre.

A l'été 2022, la Cour suprême des Etats-Unis avait cassé son propre arrêt Roe vs Wade, vieux de plusieurs décennies, et annulé la protection fédérale de l'avortement, accordant une victoire aux conservateurs.

Mais depuis, à chaque scrutin local en lien avec la question, c'est la protection de l'IVG qui l'a emporté.

- "Mon dieu" -

"Si vous, les Américains, m'envoyez un Congrès qui soutient le droit de choisir, je vous le promets: je rétablirai Roe vs Wade comme une loi fondamentale", a assuré le président, sans toutefois jamais prononcer le mot "avortement".

"Beaucoup d'entre vous dans cette salle ainsi que mon prédécesseur promettent d'adopter une interdiction nationale de la liberté de disposer de son corps. Mon dieu. Quelle autre liberté retireriez-vous?", a-t-il fustigé.

Comme c'est la tradition, la Première dame Jill Biden a invité plusieurs personnes dans sa loge. Parmi elles figurait Kate Cox, dont l'histoire a ému à travers le pays.

Alors qu'elle était enceinte d'environ 21 semaines, cette Texane avait eu la confirmation que son foetus était atteint de trisomie 18, une anomalie chromosomique associée à des malformations graves. Cette grossesse menaçait en outre sa santé et sa fertilité, selon son médecin.

Or le Texas interdit toutes les IVG sauf rares exceptions, et de crainte de poursuites, les médecins de la jeune femme lui avaient dit avoir "les mains liées". Elle a dû se résoudre à quitter le Texas pour avorter d'urgence.

"Ce que sa famille a traversé n'aurait jamais dû se produire", a dénoncé le chef de l'Etat.

- Fécondation in vitro -

Etait également présente dans la loge de la Première dame une habitante de l'Alabama, Latorya Beasley, passée par la fécondation in vitro (FIV) pour avoir son premier enfant et qui essaye d'en avoir un deuxième, d'après la Maison Blanche.

La cour suprême de cet Etat conservateur du Sud a affirmé le mois dernier que les embryons obtenus par FIV étaient des enfants à part entière, une décision facilitée par l'annulation de Roe vs Wade.

Aussitôt, plusieurs cliniques de l'Alabama ont annoncé suspendre leurs programmes par peur de poursuites si des accidents se produisaient pendant les procédures.

Latorya Beasley s'apprêtait à avoir un transfert d'embryon lorsque la décision judiciaire est tombée.

"On lui a dit que son rêve devrait attendre", a fustigé le président Biden, qualifiant la fécondation in vitro de "miracle".

La question des FIV est un champ de mines pour l'opposition républicaine, qui se définit comme "pro-vie" - le plus souvent synonyme d'anti-avortement - et peut difficilement se ranger derrière le jugement de l'Alabama, qui a eu pour conséquence, du moins temporairement, d'empêcher des personnes de fonder une famille ou de l'agrandir.

Face au tollé, le parlement de l'Etat s'est empressé de se saisir du sujet. Mercredi soir, les élus ont adopté une proposition de loi visant à mettre patients et cliniques à l'abri de poursuites, qui a aussitôt été signée par la gouverneure.

Des experts s'inquiètent toutefois du précédent et craignent que des ambiguïtés ne subsistent.

Pour enfoncer le clou, le sénateur démocrate Tim Kaine a de son côté invité au Congrès jeudi soir le premier bébé né par FIV aux Etats-Unis, Elizabeth Carr.

E.Sanchez--LGdM