La Gaceta De Mexico - Vietnam: prison à vie pour la patronne d'un géant de l'immobilier, déjà condamnée à mort

Vietnam: prison à vie pour la patronne d'un géant de l'immobilier, déjà condamnée à mort
Vietnam: prison à vie pour la patronne d'un géant de l'immobilier, déjà condamnée à mort / Photo: © AFP

Vietnam: prison à vie pour la patronne d'un géant de l'immobilier, déjà condamnée à mort

Un tribunal de Ho Chi Minh-Ville a prononcé jeudi une peine de prison à perpétuité envers la dirigeante déchue d'un géant vietnamien de l'immobilier, à l'origine du plus grand scandale financier qu'ait connu le Vietnam, et déjà condamnée à mort dans un premier procès.

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Deux juges et trois jurés ont reconnu coupable Truong My Lan de faits de blanchiment d'argent, de fraude, et de transfert illégal d'argent transfrontalier, ont rapporté des médias d'Etat.

"Le tribunal a déterminé que Truong My Lan était le cerveau des opérations, qu'elle avait commis le crime avec des méthodes sophistiquées, à de nombreuses reprises, en causant des conséquences particulièrement graves", a détaillé le site d'informations VNExpress.

Ce verdict clôt le second procès, qui a duré un mois, visant l'ancienne patronne du groupe Van Thinh Phat, devenue le visage de la corruption et du libéralisme hors de contrôle, aux yeux d'une population choquée par l'ampleur des sommes évoquées.

Dans une première affaire, jugée en avril, elle a été condamnée à mort pour avoir détourné pendant une décennie près de 27 milliards de dollars (25 milliards d'euros) via un montage d'obligations transitant par la Saigon Commercial Bank (SCB), avec la complicité de fonctionnaires chargés de superviser le secteur bancaire.

Ses manoeuvres ont lésé des dizaines de milliers de clients de la SCB, détenue à plus de 90% par Van Thinh Phat, dont certains ont manifesté leur indignation dans une rare expression de colère collective autorisée par le régime communiste.

La dirigeante a fait appel de ce jugement, mais aucune date n'a encore été fixée pour la procédure.

Dans son deuxième procès, Truong My Lan faisait face à des accusations de blanchiment d'argent, de fraude, et transfert illégal d'argent transfrontalier.

Trente-trois autres accusés ont également été condamnés à des peines allant de deux à 23 ans de prison. Parmi eux, le mari de Lan, qui a écopé de deux ans de prison pour blanchiment d'argent, et sa nièce, condamnée à cinq ans de prison pour appropriation frauduleuse de biens.

- 36.000 victimes -

L'enquête a identifié environ 36.000 victimes dans cette nouvelle escroquerie.

Les médias d'Etat ont rapporté que Truong My Lan et ses associés avaient siphonné près de 18 milliards de dollars de fonds de la SCB entre début 2018 et octobre 2022.

"Quand j'ai appris que j'avais perdu tout mon argent que j'avais déposé à la banque SCB, c'est comme si j'avais perdu la tête", a déclaré à l'AFP Nguyen Thi Huong, 33 ans, qui y a laissé toutes ses économies, soit environ 20.000 dollars, en 2022.

Elle a développé des insomnies, sa santé s'est détériorée à cause du stress et elle n'avait plus d'argent pour envoyer ses enfants suivre des cours de soutien scolaire, ce qui leur a fait prendre du retard par rapport à leurs camarades, a-t-elle expliqué.

"Je me suis assise sur la tombe de mon père et j'ai souhaité qu'il m'emmène avec lui dans la mort", a déclaré Huong, qui vend des nouilles en ligne, exprimant son "ressentiment et une perte de confiance dans le parti et le gouvernement".

Des dizaines de victimes ont manifesté en septembre dans la capitale Hanoï, réclamant l'aide des autorités pour retrouver leur argent.

Lan s'est excusée auprès des victimes au tribunal, selon les médias d'Etat, et assuré qu'elle n'était "pas une mauvaise personne".

Au début du procès, elle avait également demandé la restitution de deux sacs Hermès en peau de crocodile albinos, d'une valeur de plusieurs centaines de milliers de dollars, affirmant qu'elle voulait les offrir à ses enfants et petits-enfants en guise de souvenir. Le tribunal a refusé.

Les procès contre Truong My Lan s'inscrivent dans une vaste campagne anticorruption lancée ces dernières années par le pouvoir communiste, qui a pris dans ses filets des milliers de personnes, dont des personnalités du monde des affaires et des ministres.

Y.A. Ibarra--LGdM