Agriculteurs: dans le Sud-Ouest, la CR cible la grande distribution et le port de Bordeaux
Le syndicat agricole Coordination rurale (CR) a ciblé mercredi la grande distribution dans le Sud-Ouest, accusant les distributeurs de pratiquer des "marges abusives", avant qu'un cortège de tracteurs ne bloque le port de commerce de Bordeaux en soirée.
Après huit heures de périple depuis Agen, plusieurs dizaines de tracteurs et remorques de la CR47 ont déversé de grandes quantités de pneus et de déchets au niveau de deux ronds-points pour fermer la route donnant accès aux installations du Grand port maritime de la ville, 7e port du pays pour le trafic de marchandises.
"C'est dans ces ports que l'on importe des céréales qui ne sont pas soumises aux mêmes normes que les nôtres, et c'est quelque chose que l'on veut dénoncer", a-t-elle ajouté.
Durant la journée, des agriculteurs de la CR ont bloqué l'accès de centrales d'achat de l'enseigne Leclerc à Beychac-et-Cailleau, près de Libourne (Gironde), et à Mont-de-Marsans dans les Landes.
"Ils achètent des produits étrangers alors qu'on est juste à côté, on a encore vu un camion lituanien tout à l'heure", a dénoncé Hippolyte, éleveur de 22 ans non syndiqué qui préfère ne pas donner son nom.
Des tracteurs de la CR47 ont aussi bloqué une base d'Intermarché à Montbartier (Tarn-et-Garonne), près de Montauban. Le barrage a été levé mercredi soir, selon un correspondant de l'AFP.
- "Rien n'avance" -
Sur la route de Bordeaux, l'autre cortège parti du Lot-et-Garonne, fief historique de la CR, a déversé des déchets devant les entrées d'un magasin Leclerc à Marmande, reprochant à l'enseigne "des prix exorbitants".
"Aujourd'hui, le consommateur est volé et nous aussi, ces marges abusives de la grande distribution, ça suffit!", a lancé José Pérez, coprésident de la CR47.
Lui et son homologue Karine Duc, expulsés de la préfecture d'Agen par les forces de l'ordre mardi soir, avaient appelé le Premier ministre mercredi matin.
"Aujourd'hui, rien n'avance, lui a dit José Pérez. Ce sont toutes les réglementations, toutes ces transpositions, toutes ces normes que le gouvernement nous impose, qui nous tuent".
"Ce n'est pas mon gouvernement", a répliqué Michel Barnier. "Ce n'est peut-être pas le vôtre mais c'est le gouvernement", a repris le syndicaliste.
Le Premier ministre a appelé de son côté le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, pour échanger "sur les réponses à apporter" en réaffirmant que toutes les promesses seraient tenues, selon Matignon.
Le premier syndicat agricole est accusé par la CR d'être dans la "cogestion" avec l'État.
Mercredi en Gironde, des membres des Jeunes Agriculteurs, alliés de la FNSEA, ont rejoint les troupes du syndicat rival. "C'est mal vu, on me considère un peu comme un collabo", a dit l'un d'eux à l'AFP. "Mais on est agriculteurs avant tout, peu importe le syndicat majoritaire."
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O.Escareno--LGdM