Rachat de US Steel: Nippon Steel fustige l'opposition politique "inappropriée" aux Etats-Unis
Le géant japonais de la sidérurgie Nippon Steel a jugé mercredi "inappropriée" l'opposition "politique" à son projet de racheter son rival américain US Steel, après des informations de presse faisant état d'un blocage de l'acquisition par le président Joe Biden.
"Cette transaction soutiendra la sécurité économique des États-Unis en contrant les menaces posées par la Chine. Il est inapproprié que la politique continue de l'emporter sur les véritables intérêts de sécurité nationale (américains)", a indiqué Nippon Steel dans une déclaration transmise à l'AFP.
Joe Biden avait fait part à plusieurs reprises de son opposition à la prise de contrôle d'US Steel par Nippon Steel, initialement annoncée en décembre 2023 pour 14,9 milliards de dollars.
Or, selon l'agence financière Bloomberg, qui cite sans les identifier des sources proches du dossier, Joe Biden a l'intention de bloquer formellement cette opération pour des raisons de sécurité nationale, d'ici à son départ de la Maison Blanche en janvier.
Il prononcera son veto après avoir reçu les recommandations de la Commission aux investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS), qui doit lui transmettre son avis "le 22 ou le 23 décembre" selon Bloomberg.
Le cours de US Steel à Wall Street s'est aussitôt effondré dans les derniers échanges mardi, terminant la séance en chute de 9,68% à 35,26 dollars. Le titre de Nippon Steel à la Bourse de Tokyo reculait de 0,32% vers 01H30 GMT mercredi.
"La position (de Joe Biden) depuis le début est qu'il est essentiel qu'US Steel soit détenu et exploité par des Américains", a simplement réagi Robyn Patterson, porte-parole de la Maison Blanche.
"Le président attend de voir ce qui ressort de la CFIUS. Nous n'avons reçu aucune recommandation de la CFIUS", où l'examen du dossier "est toujours en cours", a-t-il insisté.
Cette commission a pour mission d'étudier les projets d'acquisition d'une entité américaine par un ou plusieurs investisseurs étrangers, afin de déterminer les possibles implications pour la sécurité nationale des Etats-Unis.
"Nippon Steel a toujours confiance dans la justice des Etats-Unis et dans l'équité de son système juridique et, si nécessaire, travaillera avec US Steel pour envisager et prendre toutes les mesures disponibles afin de parvenir à une conclusion équitable", a souligné mercredi l'aciériste japonais.
L'avis de la CFIUS et la décision de la Maison-Blanche avaient été renvoyés après l'élection présidentielle américaine du 5 novembre, le sujet étant devenu éminemment politique, en raison de l'opposition farouche des deux candidats en lice, la démocrate Kamala Harris comme le républicain Donald Trump.
Donald Trump, élu début novembre et qui prendra ses fonctions en janvier, s'est lui aussi engagé à bloquer si elle n'était pas approuvée d'ici son arrivée au pouvoir, en accord avec ses positions protectionnistes.
"Je suis totalement contre le fait qu'US Steel, autrefois grand et puissant, soit acheté par une entreprise étrangère, dans le cas présent par le japonais Nippon Steel", avait réaffirmé le magnat républicain début décembre sur son réseau Truth Social.
"A travers une série d'incitations fiscales et de droits de douane, nous rendrons à US Steel sa grandeur et sa force, et cela arrivera VITE! En tant que président, je bloquerai cet accord", avait-il ajouté.
- Farouche opposition syndicale -
Des groupes d'entreprises japonais et américains avaient exhorté mi-septembre la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen à ne pas succomber aux pressions politiques, lors de l'examen du projet d'acquisition d'US Steel.
En difficulté, US Steel avait averti qu'en cas d'échec du rachat, il se verrait contraint de renoncer à des investissements massifs de modernisation sur plusieurs sites, au prix de plans sociaux et de possibles fermetures d'aciéries.
A l'inverse, le puissant syndicat des métallos USW (United Steelworkers) est de son côté opposé au rachat par crainte d'une casse sociale, même si l'aciériste japonais s'est engagé à maintenir l'emploi.
De son côté, Nippon Steel ne cesse d'insister sur son intention de protéger l'appareil industriel et l'emploi aux Etats-Unis, promettant d'investir pas moins de 2,7 milliards de dollars dans les sites industriels où sont présents des ouvriers syndiqués.
Dans une ultime tentative de désamorcer la résistance syndicale, le groupe japonais s'est engagé mercredi à accorder aux employés de US Steel aux États-Unis une prime de 5.000 dollars, en cas de conclusion de l'acquisition.
S.Ramos--LGdM