Réunion: le cyclone Batsirai s'éloigne et laisse un bateau échoué sur la côte
Après près de deux jours de pluies diluviennes et de vent, le cyclone Batsirai s'est éloigné des côtes de la Réunion où s'est échoué dans la nuit de jeudi à vendredi un pétrolier, naviguant à vide et dont l'équipage a été sauvé.
"Le cyclone Batsirai s'éloigne de la Réunion, cela nous a permis de sortir dès la fin de nuit de la zone d'influence directe du cyclone", qui se situe actuellement "à environ 300 km" de l'île, a annoncé Emmanuel Cloppet, directeur régional de Météo-France, lors d'un point presse en milieu de journée, heure locale.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, une trentaine de sauveteurs ont secouru les 11 marins, Indiens et de Bangladais, du navire Tresta Star qui s'était échoué au sud de l'île.
Cette opération "périlleuse, très technique et inédite" de sauvetage s'est effectuée "dans des conditions météorologiques très défavorables (houle, vents et pluies extrêmes) et sur une zone d'intervention particulièrement difficile (plateau friable de la coulée de lave 2007)", a précisé la préfecture.
Une fois sur terre, les 11 marins ont dû franchir, sur 2 km, les arêtes acérées d'une coulée volcanique solidifiée.
Jeudi soir, "c'était le pire que j'aie connu en mer", a raconté à l'AFP Mamun Muntasir, le capitaine du Tresta Star. "Nous avons vraiment eu très peur".
La préfecture a précisé que le Tresta Star, un pétrolier de type souteur, ne transportait pas de marchandise et contenait moins de 8 m3 de gazole de propulsion (léger et volatile). La "majorité" de ce carburant "devrait se disperser sans risque majeur pour l'environnement", a-t-elle assuré.
En difficulté dans une forte houle et soumis à des vents de force 10, autour de 100 km/h, le pétrolier n'a pas pu être remorqué et s'est échoué.
Le navire "était sans doute à la dérive depuis plusieurs jours. Mais il n'est rentré dans notre ZEE (Zone économique exclusive) qu'hier (jeudi) matin", a pour sa part souligné le ministère des Outre-mer.
- Alerte rouge levée -
L'île avait été placée en alerte rouge cyclonique mercredi à 19h00 locales, imposant aux habitants de se barricader.
L'alerte a été levée vendredi par le préfet qui l'a remplacée par une "phase de sauvegarde" qui prépare un retour progressif à la normale dans une période "dangereuse" où les déplacement restent "fortement déconseillés" .
"La prudence reste de mise", a insisté le préfet Jacques Billant vendredi.
"Les conditions météorologiques restent très mauvaises sur le département" qui continuera à connaître de fortes pluies et des vents faiblissant "très graduellement", a prévenu M. Cloppet.
Dix cours d'eau sont placés en vigilance jaune vendredi et un en vigilance orange.
Les accès aux cirques de Salazie et de Cilaos sont toujours fermés vendredi, tout comme la route du littoral qui relie la capitale administrative Saint-Denis au Port et aux villes de l'ouest, fortement peuplées.
De nombreuses routes sont bloquées par des troncs d'arbres et la direction des routes recommande la plus grande prudence aux automobilistes car les chaussées jonchées de feuilles sont "très glissantes".
Par contre, le principal aéroport de l'île, Roland-Garros, a rouvert et les vols repris, a annoncé le préfet.
Depuis 24 heures, 144.000 incidents ont été dénombrés par EDF. Dans la matinée "72.300 foyers restent encore privés d'électricité", selon M. Billant.
Le préfet a demandé aux 860.000 habitants de l'île de rester vigilants face aux lignes électriques tombées au sol, précisant que vendredi matin un habitant de la Possession a été "électrisé" et hospitalisé, après avoir voulu "dégager les branches d'un arbre au sol".
Le préfet avait comptabilisé 12 blessés durant la nuit de mercredi à jeudi et recensait vendredi midi 60 interventions directement liées au cyclone "pour des événements de faible envergure".
En fin de semaine, Batsirai devrait toucher les côtes est de Madagascar et notamment la région de Mahanoro, prévoit Météo-France.
S.Ramos--LGdM