Le gouvernement écarte finalement l'idée d'une journée sans chasse
Le gouvernement a finalement tranché : au grand dam du camp anti-chasse, il n'y aura pas de journée sans chasse, mais les chasseurs ne pourront plus pratiquer sous l'emprise de l'alcool et devront davantage se former.
Pour un meilleur partage de la nature, une application numérique à destination des promeneurs sera mise en place à l'automne pour mieux informer sur les zones et les horaires de chasse.
Après des mois de débat, ces décisions ont été présentées lundi par la secrétaire d'Etat à l'Ecologie Bérangère Couillard lors d'un déplacement dans le Loiret, à l'issue d'une rencontre avec les agents de l'Office français de la biodiversité (OFB), qui délivre les permis en France et participe à la police de la chasse.
L'objectif : mieux sécuriser la pratique pour tendre vers le zéro accident.
Selon l'OFB, le nombre d'accidents de chasse a baissé depuis 20 ans. Néanmoins, pour la saison 2021/22, l'OFB a recensé 90 accidents (blessures corporelles liées à l'utilisation d'une arme de chasse), contre 80 la saison précédente. Parmi eux, huit mortels, dont deux avec des victimes non-chasseurs.
Ce week-end encore, un chasseur de 84 ans qui rangeait son arme dans sa voiture s'est tué accidentellement en Haute-Corse.
Fin octobre, la secrétaire d'Etat avait évoqué l'idée d'une demi-journée sans chasse, instaurée au niveau local et pourquoi pas national, précisant qu'une interdiction le dimanche n'était "pas un sujet tabou".
Mais cette piste, dont les chasseurs ne voulaient pas entendre parler, a finalement été écartée.
"C'est un mépris inacceptable à l'égard des 80% de Français qui attendent un cessez-le-feu", a fustigé lundi Allain Bougrain Dubourg, Président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).
Selon un sondage Ifop mené à la mi-décembre auprès de 1.000 personnes pour diverses associations de protection de l'environnement, 78% des Français y étaient favorables (2,5 points de marge d'erreur).
Un rapport sénatorial remis en septembre au gouvernement montre que sur la période 2003-2022, 71% des accidents ont eu lieu le week-end, le dimanche pour 46% et le samedi pour 25%.
Willy Schraen, le patron des chasseurs, avait dit jeudi à l'AFP ne pas imaginer "une seule seconde" un dimanche sans chasse, estimant que cela mettrait la ruralité "à feu et à sang".
"On doit partager l'accès à la nature et ça ne se discute pas juste entre Emmanuel Macron et Willy Schraen, qui se targue d'avoir table ouverte à l'Elysée", a fustigé dimanche la nouvelle patronne des Verts, Marine Tondelier, sur France Inter.
- Alcool -
Parmi les pistes retenues, et qui recueillent l'assentiment des chasseurs, le gouvernement veut créer un délit d'alcoolémie pour les chasseurs, à l'image de ce qui existe pour les automobilistes, soit un seuil maximal fixé à 0,5 gramme/litres de sang. "Dérisoire", se désespèrent les leaders de la LPO.
Une contravention sera instaurée "début 2023", avec l'idée de mettre ensuite en place via un texte législatif, la création d'un délit.
Les sanctions en cas d'accident grave devraient également être renforcées, avec notamment la possibilité d'un retrait du permis de chasse pour une certaine durée avec interdiction de le repasser.
Parmi les 14 mesures du plan figure également la généralisation de la formation à la manipulation pratique des armes pour l'ensemble des chasseurs: "un chasseur sur deux devra être formé d'ici 2025 et tous les chasseurs devront l'être d'ici 2029".
Les organisateurs de battues (environ 200.000 personnes) auront l'obligation de recevoir une formation spécifique par les fédérations "rappelant notamment les règles de sécurité et les enjeux de communication avec les riverains".
Enfin, pour mieux informer les promeneurs et autres usagers de la nature, une plateforme numérique sera mise en place à l'automne pour identifier les zones et les horaires non chassés, avec l'obligation pour les organisateurs de chasse collective - battues et chasse à courre - de s'y déclarer.
Rien qui réponde aux espoirs du camp anti-chasse.
"Les chasseurs devront désormais ne plus tirer n’importe comment, dans tous les sens, sur n’importe quoi ou qui, et en état d’ébriété… Voilà la grande révolution 2023 !", a ironisé lundi Brigitte Bardot, fervente défenseure des animaux dans un communiqué.
O.Escareno--LGdM