Dans l'oeil de la machine: le surtri traque le plastique intriable
Des pots de yaourt, des barquettes alimentaires ou encore des bouteilles d'eau gazeuse en plastique coloré: de nouveaux déchets jusqu'ici peu recyclés peuvent désormais l'être après leur passage dans le deuxième centre de "surtri" de France, à Épinal dans les Vosges.
Dans un bâtiment de plus de 4.000 m2, des centaines d'emballages, écrasés et de toutes les couleurs, suivent sur un tapis roulant un long chemin similaire à un grand huit sur une fête foraine. Au fil du parcours, ils passent dans des machines de tri optique où ils sont classés et séparés au fur et à mesure.
"A chaque fois, les déchets arrivent dans une machine à tri. Et à chaque fois, un tri est réalisé", explique à l'AFP Stéphane Bertrand, le responsable du site.
Deux machines sont ainsi chargées de trier les déchets transparents, quand deux autres, un peu plus loin, mettent de côté ceux en polyéthylène téréphtalate (PET) coloré, comme les bouteilles d'eau gazeuse ou les bidons d'huile.
Les déchets répondant aux critères de la machine seront séparés des autres et poursuivront leur chemin jusqu'à un ultime point de passage, dans une cabine où des agents vérifieront qu'il n'y a pas d'objet indésirable, comme du papier ou du carton.
Au total, dix machines de tri optique sont installées, complétées d'un robot.
L'usine accueille aussi un dispositif d'autodiagnostic basé sur l'intelligence artificielle pour analyser la qualité des plastiques et réduire les erreurs de tri.
Tous ces déchets arrivent par camion sous forme de "balles", des gros blocs de déchets compactés et mélangés. Ils proviennent d'un des 120 centres de tri des déchets des poubelles jaunes, qui les ont mis de côté.
- Recycler plus -
Les centres de tri existants continuent d'exploiter les produits ménagers qu'ils trient depuis longtemps, comme les bouteilles d'eau en PET transparent ou les lessives, explique Éric Fromont, directeur des projets centres de tri et de surtri au sein de Citeo en France.
Ils exploitent aussi un "troisième flux", destiné à mettre de côté sept autres matériaux, qui seront eux traités par les centres de surtri comme celui d’Épinal.
Depuis l'an dernier, les poubelles jaunes peuvent accueillir tous les emballages ménagers, quelle que soit leur matière, excepté le verre. Mais à chaque molécule, il existe une technique de recyclage différente.
Pour cette raison, le PET blanc, avec lequel sont fabriquées les bouteilles de lait, les pots et barquettes de fruits et légumes, charcuterie, ou viennoiserie, les pots de yaourt en polystyrène ou plusieurs types de barquettes thermoplastiques doivent faire l'objet d'un tri spécifique afin d'être acheminés, par la suite, et dans une qualité suffisante, vers les recycleurs.
Quelque 25.000 tonnes de ces plastiques habituellement peu recyclés doivent l'être chaque année dans ce centre de surtri, le deuxième à avoir ouvert ses portes en France, après un autre à Ruffey-les-Beaune (Côte-d'Or).
- Tri en 12 minutes -
Installée en lieu et place d'un ancien centre de tri à Épinal, qui a été vidé entièrement pour permettre l'installation des imposantes machines, la nouvelle usine est capable de traiter un déchet en 12 minutes.
Ces installations ont nécessité 19 millions d'euros, dont 15 millions financés par Citeo, l'organisme qui organise la collecte, le tri et le recyclage des déchets ménagers en France.
Au total, quatre centres sont prévus par Citeo pour le moment, avec un objectif de recyclage de 70.000 tonnes d'emballages par an. Celui d’Épinal, équipé par l'organisme, est géré par Suez.
"Cela représente un certain volume, car la densité des plastiques est assez légère", relève M. Bertrand.
Une fois triés, les déchets, répartis par matériau, sont récupérés par des camions qui les achemineront chez des clients recycleurs de plastique. Depuis Épinal, la matière est envoyée vers "Colmar, Verdun, Mâcon ou en Belgique", détaille M. Fromont.
En 2022, seulement 24,5% des emballages en plastique étaient recyclés en France, alors que l'objectif fixé par l'Union européenne est de parvenir à 55% dès 2030.
O.Escareno--LGdM