Les Etats-Unis dénoncent le tir par la Corée du Nord de deux nouveaux missiles
Les Etats-Unis ont vertement dénoncé le tir d'essai lundi de deux nouveaux missiles par la Corée du Nord, qu'ils ont appelée à cesser "ses activités illégales et déstabilisatrices".
Ces tests nord-coréens - effectués à quatre reprises depuis le début de l'année - se sont accélérés pour renforcer les capacités militaires du régime de Kim Jong Un, qui est soumis à de lourdes sanctions internationales et dont les discussions avec Washington au sujet de son programme balistique et nucléaire restent au point mort.
L'émissaire américain sur le dossier nord-coréen Sung Kim a à cet égard une nouvelle fois demandé lundi, avec ses homologues japonais et sud-coréen, à la Corée du Nord de répondre favorablement à l'offre de "dialogue", "sans conditions préalables", formulée par son pays, selon un communiqué du département d'Etat.
Ce responsable a en outre réitéré "l'engagement inébranlable" des Etats-Unis "en faveur de la défense de leurs alliés".
Les deux "missiles balistiques de courte portée" ont été tirés d'un aéroport près de la capitale Pyongyang lundi peu avant 09h00 (00h00 GMT) et ont parcouru 380 km à une altitude de 42 km, ont expliqué les chefs d'état-major interarmes de Corée du Sud.
- "Remarquable développement" -
Ces nouveaux essais surviennent à un moment délicat pour la région, où une élection présidentielle est prévue pour mars en Corée du Sud, tandis que la Chine, le seul allié majeur de la Corée du Nord, se prépare à accueillir les Jeux olympiques d'hiver le mois prochain.
Pékin a à ce sujet confirmé lundi des informations de presse sur la réouverture au transport de marchandises, après deux ans d'interruption, de la frontière sino-nord-coréenne, par laquelle transitait avant la pandémie la quasi-totalité du commerce extérieur de la Corée du Nord, isolée au plan diplomatique.
Un timing qui fait dire à Leif-Eric Easley, professeur à l'université Ewha à Séoul, que la Chine non seulement "soutient la Corée du Nord économiquement", mais "se coordonne avec elle du point de vue militaire".
La fréquence et la variété des tests de missiles montrent que la Corée du Nord "essaie d'améliorer sa technologie et ses capacités opérationnelles pour mener des actions secrètes, afin que les autres pays aient du mal à détecter les signes des préparatifs en vue d'un tir", a commenté le ministre japonais de la Défense, Nobuo Kishi, au cours d'un point de presse.
"Le remarquable développement par la Corée du Nord de ses technologies en matière de missiles ne peut être ignoré, pour la sécurité du Japon et de la région", a-t-il souligné.
La Corée du Nord a notamment affirmé avoir testé avec succès les 5 et 11 janvier - sous la supervision de Kim Jong Un en personne à cette dernière date - des missiles hypersoniques à vol plané, des armes particulièrement sophistiquées.
- Grave crise économique -
Les missiles hypersoniques, qui peuvent atteindre cinq fois la vitesse du son, voire plus, sont plus rapides et plus maniables que les missiles standard, ce qui le rend plus difficiles à intercepter.
Washington a riposté la semaine dernière par de nouvelles sanctions, que Pyongyang a qualifiées de "provocation".
Si "les Etats-Unis adoptent une telle attitude de confrontation, la RPDC (République populaire et démocratique de Corée, le nom officiel de la Corée du Nord, NDLR) sera forcée à une réaction certaine et plus forte", a prévenu vendredi un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères.
Dans son plan de défense quinquennal, dévoilé en janvier 2021, la Corée du Nord avait cité les missiles hypersoniques en tant que priorité numéro un.
Ce pays traverse une forte crise économique, aggravée par les sanctions et par la fermeture des frontières qu'il s'est imposé début 2020 au nom de la lutte contre le Covid-19, et a donc "besoin de présenter quelque chose aux Nord-Coréens", estime Cheing Seong-chang, du Centre d'études nord-coréennes à l'Institut Sejong.
Le régime de Pyongyang cherche à impressionner la population avec des prouesses militaires vu qu'"il est devenu clair que le Nord aura du mal à briller sur le terrain économique", avance-t-il.
A.M. de Leon--LGdM