La Gaceta De Mexico - Venezuela: l'opposition, emmenée par sa cheffe, manifeste pour revendiquer la victoire

Venezuela: l'opposition, emmenée par sa cheffe, manifeste pour revendiquer la victoire
Venezuela: l'opposition, emmenée par sa cheffe, manifeste pour revendiquer la victoire / Photo: © AFP

Venezuela: l'opposition, emmenée par sa cheffe, manifeste pour revendiquer la victoire

Plusieurs milliers de partisans de l'opposition vénézuélienne, emmenés par leur cheffe, manifestaient samedi à Caracas pour contester la réélection du président Nicolas Maduro, dont les soutiens ont prévu de "célébrer la victoire" dans un pays sous forte pression internationale.

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La leader de l'opposition Maria Corina Machado, qui avait dit être "cachée" et craindre pour sa vie, a fait son apparition à la mi-journée sur un camion portant la mention "Venezuela a gagné". Elle a été accueillie par des milliers de partisans criant "Liberté!".

Mme Machado, déclarée inéligible par le pouvoir, n'avait pu être candidate au scrutin du 28 juillet. Elle avait été remplacée au pied levé par Edmundo Gonzalez Urrutia qui, lui, n'était pas présent samedi au rassemblement convoqué dans un quartier huppé de l'est de la capitale, entouré d'un déploiement policier discret.

"Nous ne sommes pas des terroristes. Nous irons jusqu'au bout": c'est le message écrit sur une petite pancarte brandie par Jezzy Ramos, 36 ans, cuisinière et mère d'une fille, reprenant les mots "jusqu'au bout" qui sont l'un des slogans de l'opposition. "Cette dictature va tomber", assure-t-elle à l'AFP.

Le spectre de la vague de répression de 2017, qui avait fait une centaine de morts, déjà sous Nicolas Maduro, et la mobilisation de l'appareil sécuritaire depuis l'élection provoquent cependant une peur manifeste.

Sonell Molina, 55 ans, mère de deux enfants partis vivre au Pérou, raconte qu'ils sont "inquiets" pour elle et lui conseillent de s'en aller. "Je ne vais pas quitter mon pays", lance-t-elle, expliquant être venue "défendre la démocratie et le vote".

Dans le reste de la ville, les rues étaient largement désertes.

Les partisans du pouvoir ont, eux, prévu de partir du centre-ville pour marcher jusqu'au palais présidentiel dans l'après-midi.

Ce doit être "la mère" de "toutes les marches pour célébrer la victoire", selon le chef de l'Etat, héritier du leader socialiste Hugo Chavez et depuis 2013 à la tête d'un pays plongé dans une crise économique sans précédent.

Sans surprise, l'autorité électorale a confirmé vendredi la réélection de M. Maduro pour un troisième mandat jusqu'en 2031, avec 52% des voix face à Edmundo Gonzalez Urrutia (43%), sans pour autant donner les résultats détaillés.

"Nous avons gagné!", a répliqué sur X Maria Corina Machado. "Nous avons les preuves et le monde les reconnaît déjà", a affirmé l'opposante, qui considère comme une "farce" les résultats officiels.

Selon le décompte de l'opposition, M. Gonzalez a recueilli 67% des voix.

- "Maudite" Maria -

Au moins 11 civils et un militaire ont été tués, et plus de 1.200 personnes arrêtées lors des manifestations spontanées qui ont éclaté un peu partout dans le pays dans les deux jours qui ont suivi le scrutin.

L'opposition, qui a fustigé une "répression brutale", parle de 20 morts et 11 disparitions forcées.

Vendredi, elle a dénoncé le saccage de son siège à Caracas dans la nuit par un groupe d'hommes armés et cagoulés, de même que la "détention arbitraire" de l'un de ses responsables, le journaliste Roland Carreño, arrêté dans la capitale.

De son côté, M. Maduro s'en est pris de nouveau avec véhémence à ses adversaires, cet "assassin de Gonzalez", et la "maudite Maria" Machado, qu'il avait déjà menacés de faire emprisonner.

Au cours d'une conférence de presse à la présidence, il a accusé ses rivaux de préparer des attentats contre la police lors des marches de samedi.

Revenant sur les manifestations ayant suivi le scrutin, il a de nouveau condamné un "plan prémédité" par des "fascistes", des "criminels et des drogués" qui s'en sont pris aux "symboles du chavisme bolivarien".

- Pression internationale -

Nicolas Maduro n'a eu de cesse de brocarder le "coup d'Etat" mené selon lui "par les Etats-Unis et l'extrême droite internationale" depuis sa réélection contestée.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui a exprimé son "inquiétude" quant à la sécurité de Mme Machado et M. Gonzalez Urrutia lors d'une discussion vendredi avec eux, a reconnu dès jeudi la victoire de l'opposition, arguant de "preuves incontestables".

Dans la foulée de cette déclaration, cinq pays d'Amérique latine ont reconnu vendredi l'élection de l'opposant, parlant eux aussi de "preuves incontestables" de sa victoire.

Le Pérou a été le premier pays, mardi, ce qui a poussé Caracas a rompre ses relations diplomatiques avec Lima.

En face, le Nicaragua, l'un des fidèles alliés du pouvoir chaviste avec la Russie et l'Iran notamment, a reconnu la victoire de M. Maduro.

Le président vénézuélien a "remercié" les présidents du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva, de la Colombie, Gustavo Petro, et du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, qui "travaillent ensemble pour que le Venezuela soit respecté et que les Etats-Unis ne fassent pas ce qu'ils font", selon les termes de M. Maduro.

Ces trois pays, qui entretiennent de bonnes relations avec le Venezuela chaviste, ont demandé "une vérification impartiale des résultats" de l'élection.

L.Flores--LGdM