La Gaceta De Mexico - Liban: appels à une désescalade, l'armée israélienne évoque une "possible entrée" dans le pays

Liban: appels à une désescalade, l'armée israélienne évoque une "possible entrée" dans le pays
Liban: appels à une désescalade, l'armée israélienne évoque une "possible entrée" dans le pays / Photo: © AFP

Liban: appels à une désescalade, l'armée israélienne évoque une "possible entrée" dans le pays

Les appels internationaux en faveur d'une désescalade entre Israël et le Hezbollah se sont multipliés mercredi, après que l'armée israélienne a dit préparer "une possible entrée" au Liban pour y frapper le mouvement pro-iranien, attisant la crainte d'un embrasement régional.

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"Nous attaquons toute la journée (...) pour préparer la zone à la possibilité de votre entrée (...) et continuer à frapper le Hezbollah", a déclaré à des soldats le chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Herzi Halevi, à la frontière avec le Liban.

L'ambassadeur israélien à l'ONU a par la suite assuré que son pays préfèrerait utiliser la voie diplomatique pour sécuriser sa frontière nord avec le Liban mais que, "si la diplomatie échoue pour permettre à nos habitants de retourner chez eux, alors nous utiliserons tous les moyens à notre disposition, dans le respect du droit international".

"Si nous pouvons l'atteindre par la diplomatie, ce serait mieux pour Israël, ce serait mieux pour le Liban", a déclaré Danny Danon.

"L'enfer se déchaine au Liban", "nous devons tous nous alarmer de l'escalade", a averti le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité.

L'Iran, allié du Hezbollah libanais, a pour sa part assuré qu'il soutiendrait Beyrouth "par tous les moyens" en cas d'escalade. Le Proche-Orient est "au bord d'une catastrophe totale", a mis en garde le ministre iranien des Affaires étrangères.

Le président américain Joe Biden, dont le pays est le principal allié d'Israël, a de nouveau averti du risque d'une "guerre généralisée" régionale, même si le Pentagone a jugé qu'une offensive terrestre israélienne n'apparaissait pas "imminente".

A travers le pays, 72 personnes ont été tuées et près de 400 blessées, selon le dernier bilan des autorités libanaises.

Plus de 90.000 Libanais ont été jetés sur les routes, selon l'ONU, fuyant vers Beyrouth ou la Syrie.

L'armée israélienne a affirmé avoir frappé "plus de 2.000 cibles" du Hezbollah depuis lundi, dont "plusieurs centaines" mercredi.

Lundi, ses frappes avaient fait 558 morts, hommes, femmes et enfants, et plus de 1.800 blessés, selon les autorités libanaises. Au total, les échanges de tirs entre Hezbollah et armée israélienne ont fait au moins 1.247 morts au Liban depuis octobre, "la plupart des civils", ont-elles annoncé mercredi.

- Missile et drones -

"Nous étions avec mes sœurs et des cousins, quand des avions ont frappé tout d'un coup", relate à l'hôpital de Baalbeck, Zeinab al-Moussawi, une habitante du secteur, blessée la veille. "Il y avait des restes humains, mes cousins, tout autour de nous, et la maison a été détruite", dit-elle.

A Maaysara, les tués "étaient des civils" évacués du sud, témoigne Fatima, une habitante.

A Beyrouth, des habitants patientaient pour donner leur sang au siège de la Croix-Rouge, qui a lancé un appel urgent aux dons.

En Israël, les sirènes d'alerte ont retenti à l'aube à Tel-Aviv, à plus de 110 km de la frontière libanaise, quand le Hezbollah a tiré un missile sol-sol, intercepté, selon l'armée, pour qui il s'agit d'une première.

Le Hezbollah a affirmé avoir visé avec un missile Qader le quartier général du Mossad, les services de renseignements extérieurs israéliens.

"J'ai vécu dans le nord pendant la majeure partie de ma vie, donc (...) je suis un peu habituée", mais que des tirs "atteignent le centre du pays est sans conteste plus effrayant", confie à Tel-Aviv Noam Nadler, étudiante de 27 ans.

En soirée, la "Résistance islamique en Irak", nébuleuse de factions pro-iraniennes, a revendiqué une attaque de drones contre une "cible stratégique" à Eilat, dans le sud d'Israël, où l'armée a dit avoir intercepté un drone lancé depuis l'Est, et localisé un second tombé. Les secours ont recensé deux blessés légers.

Les Brigades du Hezbollah irakiennes, influent groupe armé pro-iranien, ont appelé à "intensifier" les "opérations" contre Israël.

- "La force" et les "ruses" -

Selon le gouvernement israélien, 9.360 roquettes et missiles ont jusque là été tirées sur Israël depuis que le Hezbollah a ouvert un front contre le pays en soutien au Hamas palestinien, au début de la guerre à Gaza.

Israël utilisera "la force" et "des ruses" contre le Hezbollah jusqu'au retour des habitants du nord d'Israël, a martelé mercredi le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

L'armée israélienne a annoncé le rappel de deux brigades de réserve qui seront déployées dans le nord.

A la tribune de l'ONU, le président français Emmanuel Macron a appelé Israël à cesser "l'escalade au Liban" et le Hezbollah à mettre fin à ses tirs.

En partenariat avec Washington, Paris a proposé un cessez-le-feu temporaire de 21 jours au Liban pour des négociations entre Israël et le Hezbollah, a annoncé mercredi le chef de la diplomatie française devant le Conseil de sécurité de l'ONU.

"Cette plateforme va être rendue publique très rapidement", a indiqué Jean-Noël Barrot à New York.

Les tirs transfrontaliers ont gagné en intensité depuis la vague d'explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban, puis une frappe israélienne le 20 septembre sur la banlieue sud de Beyrouth, qui a décapité l'unité d'élite du mouvement.

- Gaza en second plan -

Dans la bande de Gaza, pilonnée depuis près d'un an par l'armée israélienne, des Palestiniens redoutent que l'escalade en cours n'éclipse leur sort.

"L'attention médiatique pour la bande de Gaza est devenue secondaire" déplore Ayman al-Amreiti, 42 ans, pour qui cela encourage Israël "à commettre plus de crimes".

L'attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023, a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens incluant les otages morts ou tués à Gaza.

Sur 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

Son offensive militaire à Gaza a fait jusqu'à présent 41.495 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU, et y a provoqué un désastre humanitaire.

P.Gomez--LGdM