Barnier à l'épreuve de ses premières questions au gouvernement, les oppositions dénoncent "le flou" de sa politique
Michel Barnier affronte mercredi ses premières questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, gauche et extrême droite dénonçant "le grand flou" entretenu la veille lors de sa déclaration de politique générale.
Devant les députés mardi, le chef du gouvernement a laissé "un sentiment très flou parce qu'en réalité, nous ne savons pas grand chose de sa politique", a résumé le chef du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Boris Vallaud.
"On a bien vu qu'il ne pouvait pas aller loin, tant il était contraint", a renchéri l'ancien président François Hollande pour qui Michel Barnier est "traversé par toutes les contradictions d'une majorité extrêmement réduite".
Durcissement de l'immigration pour satisfaire l'extrême droite, abandon de la réforme de l'assurance chômage pour la gauche ... Sa déclaration de politique générale était "habile" dans le sens où il a tendu la main à chaque parti, a reconnu le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, mais il était "plein d'ellipses et (cela) ne permettait pas de saisir ce qu'il ferait".
Pas de quoi, pour la gauche en tout cas, de renoncer à déposer une motion de censure en fin de semaine. "Je censure parce que je suis dans l'opposition", a dit M. Faure "mais je suis prêt à avancer chaque fois que ça ira dans le bon sens" si M. Barnier "va vraiment chercher l'argent là où il se trouve".
M. Barnier a annoncé son intention de ramener le déficit à 5% du PIB en 2025 alors qu'il devrait atteindre 6,1% cette année, selon une source gouvernementale.
Le projet de budget 2025, qui sera présenté le 10 octobre en conseil des ministres, prévoit un effort de 60 milliards d'euros pour redresser les finances, dont un report du 1er janvier au 1er juillet de l'indexation des retraites, a indiqué mercredi cette source.
Mais "les économies ne sont pas détaillées. On peut d'un côté dire que l'on veut renforcer le service public, mais si l'on ne dit pas les économies que l'on veut faire, il y a évidemment une grande difficulté à le croire", a souligné M. Vallaud.
- premières questions au gouvernement -
Côté recettes, Michel Barnier a cité "un effort partagé" qui concernerait "les grandes et très grandes entreprises qui réalisent des profits importants" ainsi qu’"une contribution exceptionnelle aux Français les plus fortunés".
Interrogés mercredi matin, ni la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon ni le ministre de l'Economie Antoine Armand n'ont voulu préciser les Français concernés, se contentant de répéter que ce seront des "contributions ciblées, exceptionnelles et temporaires".
"On ne sait pas où ils veulent mettre le curseur. Si le curseur est à un niveau qui nous semble inacceptable, c'est la ligne rouge", a prévenu le vice-président du RN, Sébastien Chenu, sans préciser non plus ce que serait le bon curseur pour son parti.
"C'était le grand méchant flou. Michel Barnier a cherché à nous endormir, à zigzaguer entre les lignes rouges définies par les différentes groupes politiques, à gagner du temps aussi", lors de la déclaration de politique générale, a jugé M. Chenu dont le parti ne votera pas la motion de censure de la gauche mais laisse planer la menace sur son attitude au moment du vote du budget à la fin de l'année.
Les députés tenteront d'en savoir plus lors des premières questions au gouvernement à 14H00 devant la nouvelle Assemblée nationale. Les sénateurs auront aussi l'occasion de questionner Michel Barnier qui leur présentera une version amendée de sa déclaration de politique générale à 15H00.
Dans la matinée, la commission des Lois de l'Assemblée nationale a massivement rejeté la proposition de destitution d'Emmanuel Macron déposée par La France insoumise, qui reproche au chef de l'Etat de n'avoir pas respecté le résultat des législatives.
Ce texte vise à traduire le président de la République devant les deux chambres réunies du Parlement en vue d'une destitution pour "manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat". La conférence des présidents de groupes politiques doit désormais décider de la date de l'examen dans l'hémicycle.
"Le coup d'État de Macron n'a toujours pas le dernier mot", a assuré Jean-Luc Mélenchon sur X.
Y.Mata--LGdM