Le Liban accuse Israël de refuser un cessez-le-feu après de nouvelles frappes
Le Premier ministre libanais a accusé vendredi Israël de refuser tout cessez-le-feu avec le Hezbollah, après une série de frappes aériennes sur la banlieue sud de Beyrouth, les premières depuis le début de la semaine sur ce fief du mouvement islamiste.
L'agence de presse libanaise Ani a fait état d'au moins 10 frappes, précédées d'appels à évacuer, qui ont provoqué de fortes explosions et dégagé d'épais nuages de fumée.
Ces frappes ont réduit en ruines des immeubles entiers, quelques heures après une visite à Jérusalem de deux émissaires américains pour tenter de trouver une issue à la guerre qui fait rage depuis septembre entre Israël et le Hezbollah, soutenu par l'Iran.
Les raids, les premiers sur ce secteur depuis le 27 octobre, ont provoqué "des destructions massives" et rasé "des dizaines de bâtiments", selon l'Ani.
Au matin, des bulldozers commençaient à déblayer des montagnes de décombres, selon des images de l'AFP.
Des bombardements ont aussi visé la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, ainsi que les secteurs d'Aley, à l'est de Beyrouth, et de Bint Jbeil, dans le sud, selon l'Ani.
Israël poursuit en parallèle son offensive contre le Hamas, un allié du Hezbollah, dans la bande de Gaza, dont le nord et le centre ont été visés vendredi par des frappes meurtrières.
La guerre qui fait rage depuis le 7 octobre 2023 dans le territoire palestinien s'est propagée au Liban, où Israël a lancé le 23 septembre une campagne de frappes aériennes massives visant principalement les fiefs du Hezbollah dans la banlieue sud de la capitale, ainsi que dans le sud et l'est du pays.
Au moins 1.829 personnes ont été tuées depuis cette date à travers le Liban, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
- Plan américain -
Israël affirme vouloir neutraliser le Hezbollah dans le sud du Liban pour permettre le retour de 60.000 habitants du nord de son territoire, déplacés par les tirs de roquettes incessants depuis le début de la guerre à Gaza.
A quelques jours de l'élection présidentielle aux Etats-Unis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a rencontré jeudi à Jérusalem les émissaires américains Amos Hochstein et Brett McGurk, ensuite repartis pour Washington selon une source informée.
Selon des médias israéliens citant des sources gouvernementales, les émissaires étaient porteurs d'un plan prévoyant un retrait du Hezbollah des zones frontalières du sud du Liban, ainsi que le retrait de l'armée israélienne de cette région, dont le contrôle reviendrait à l'armée libanaise et aux Casques bleus de l'ONU.
Mais des responsables israéliens ont affirmé que les soldats, engagés dans une offensive terrestre dans le sud du Liban depuis le 30 septembre, ne se retireraient pas avant un accord qui répondrait aux exigences de sécurité d'Israël.
Benjamin Netanyahu a assuré "apprécier" le soutien de Washington, tout en refusant de céder aux pressions de son allié.
Mercredi, le nouveau chef du Hezbollah, Naïm Qassem, s'était dit prêt à un cessez-le-feu "sous conditions", sans préciser lesquelles.
- "La morgue est pleine" -
Dans la bande de Gaza, l'armée israélienne concentre principalement depuis le 6 octobre son offensive sur le nord, où elle affirme que le Hamas cherche à rassembler ses forces.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, des frappes nocturnes sur des maisons ont fait neuf morts à Jabalia, dans le nord, et à Nousseirat, dans le centre du territoire.
"La morgue de l'hôpital Al-Aqsa à Deir el-Balah", dans le centre de Gaza, "est pleine de corps, pour la plupart des enfants et des femmes", après les frappes à Nousseirat, a affirmé le directeur des hôpitaux de campagne pour le ministère, Marwan al-Hams.
L'armée israélienne a annoncé avoir tué depuis la veille "des dizaines de terroristes" lors d'opérations aériennes et terrestres dans le secteur de Jabalia, et tué des "terroristes armés" dans le centre de Gaza.
Elle a ajouté avoir visé "plus de 200 cibles" du Hamas à Gaza et du Hezbollah dans le sud du Liban.
Un responsable du mouvement islamiste palestinien, Taher al-Nounou, avait réitéré mercredi le refus d'une "trêve temporaire", après l'annonce par une source informée que les pays médiateurs, Egypte, Etats-Unis et Qatar, s'apprêtaient à proposer une trêve "de moins d'un mois" dans le territoire.
La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent menée par le Hamas contre Israël, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.
Sur 251 personnes enlevées, 97 restent otages à Gaza dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.
L'offensive menée en représailles par Israël à Gaza a fait 43.204 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
R.Espinoza--LGdM