Deux candidats très à droite pour un fauteuil: le chef des Tories couronné samedi
Le parti conservateur britannique proclame samedi son nouveau chef à l'issue d'un vote de ses militants qui ont dû départager deux candidats très à droite, pour reconstruire une formation affaiblie par sa défaite historique aux dernières élections.
A l'issue d'une campagne de plusieurs mois, deux finalistes s'affrontent dans la dernière ligne droite: la favorite Kemi Badenoch, candidate "anti-woke", et Robert Jenrick, ancien ministre de l'Immigration ayant centré sa campagne sur ce thème majeur des législatives en juillet dernier.
Après plusieurs tours de votes ouverts aux seuls parlementaires du parti, les militants "Tories" avaient jusqu'à jeudi pour voter dans ce scrutin dont le résultat doit être annoncé à 11H00 (locale et GMT) par la direction du parti.
Le parti ne dévoile pas régulièrement le nombre exact de ses militants mais au moins 141.000 avaient participé au précédent scrutin interne en 2022.
Selon de récents sondages, Kemi Badenoch, 44 ans, devance largement son adversaire pour succéder à l'ancien Premier ministre Rishi Sunak qui avait annoncé sa démission après les législatives.
Le vainqueur deviendra le chef de l'opposition et affrontera notamment le travailliste Keir Starmer chaque mercredi midi à la Chambre des Communes pour les traditionnelles questions au Premier ministre.
Le parti conservateur y est toutefois désormais en position de faiblesse, avec seulement 121 députés, deux tiers de moins que lors de la précédente législature.
Les électeurs ont sanctionné des "Tories" usés après 14 années au pouvoir, marquées par le Brexit, dont beaucoup estiment qu'il n'a pas été le succès promis, une politique d'austérité qui a paupérisé les services publics et les scandales de l'ère de l'ancien Premier ministre Boris Johnson.
Toute la tâche du futur chef sera donc de rebâtir un parti capable d'inspirer de nouveau confiance aux Britanniques. Beaucoup de ses électeurs se sont tournés lors des dernières élections vers le centriste LibDem ou le parti d'extrême droite Reform UK, dirigé par l'ex-figure de proue du Brexit Nigel Farage.
Après avoir dominé le parti pendant des années, son aile plus centriste a vu ses forces sensiblement réduites au Parlement.
- Immigration et identité -
Dans ce contexte, les deux candidats finalistes ont fait une campagne très à droite, dénonçant les hausses d'impôts du parti travailliste au pouvoir, affichant un discours très critique sur l'immigration ou encore sur la lutte contre le réchauffement climatique.
Kemi Badenoch, née au Royaume-Uni de parents d'origine nigériane et ayant grandi dans ce pays d'Afrique, a placé sa campagne sous le thème du "renouveau" et prône un retour au "vrai conservatisme", accusant son parti de s'être montré de plus en plus "libéral" sur les questions sociétales comme le genre.
Son style direct, voire frontal, a parfois créé la polémique, comme lorsqu'elle a affirmé que "toutes les cultures ne se valent pas" pour défendre sa volonté de réduire drastiquement l'immigration.
Mais il peut aussi séduire une base militante orpheline d'une personnalité forte à la Boris Johnson.
Cette ingénieure de formation, élue au Parlement depuis 2017 et ancienne ministre des Entreprises et du commerce dans le gouvernement de Rishi Sunak, en est à sa deuxième tentative pour diriger les conservateurs, après avoir terminé en quatrième position en 2022.
Face à elle, Robert Jenrick, 42 ans, fait figure d'outsider. Ancien avocat d'affaires issu d'un milieu plutôt modeste des Midlands (centre de l'Angleterre), il veut créer un "nouveau parti conservateur" sur le modèle des réformes menées par Margaret Thatcher dans les années 70.
Elu député en 2014 et longtemps considéré comme un centriste au sein du parti, il était resté plutôt dans l'ombre jusqu'à sa démission du gouvernement fin 2023.
Secrétaire d'Etat à l'Immigration, il avait alors jugé que le projet du Premier ministre d'expulser des migrants vers le Rwanda n'allait pas assez loin.
Depuis, il n'a cessé de droitiser son discours, notamment sur l'immigration. Il veut instaurer un plafond annuel en la matière et défend un retrait du Royaume-Uni de la Convention européenne des droits de l'homme.
Cette semaine, après un sommet du Commonwealth où des pays ont appelé le Royaume-Uni à ouvrir le chapitre des réparations financières pour l'esclavage, il a affirmé dans une tribune au Daily Mail que toute critique visant l'empire colonial britannique était une forme d'antipatriotisme.
R.Andazola--LGdM