Sri Lanka: le président confiant dans la victoire de son camp aux législatives
Confiant et déterminé, le premier président de gauche de l'histoire du Sri Lanka a assuré qu'il n'attendait rien d'autre des élections législatives déroulées jeudi que la large victoire de sa coalition nécessaire pour engager ses réformes.
Marxiste de formation mais largement converti à l'économie de marché depuis, Anura Kumara Dissanayake, 55 ans, a été élu en septembre à la tête d'un pays épuisé par la pire crise économique de son histoire et une brutale cure d'austérité.
Ses promesses de réduire les taxes sur les produits de première nécessité et d'éradiquer la corruption lui ont assuré un large soutien des électeurs.
"Nous pensons que cette élection est cruciale et marquera un tournant pour le pays", a déclaré M. Dissanayake devant la presse en votant dans la capitale srilankaise Colombo.
"Le NPP (la coalition qu'il dirige, ndlr) attend de ce scrutin un mandat clair et une forte majorité au Parlement", a-t-il ajouté.
Encadré par plus de 80.000 policiers, le scrutin anticipé s'est déroulé sans incident majeur.
Le dépouillement des suffrages des 17 millions d'électeurs inscrits a débuté dès la fermeture des bureaux de vote à 16H00 locales (10H30 GMT).
Les résultats sont attendus à partir de vendredi.
"J'espère un nouveau pays, un nouveau gouvernement qui comprend le peuple", a déclaré à l'AFP un électeur, Milton Gankandage, en votant en début de journée dans un bureau du quartier de Boralesgamuwa, dans la banlieue de Colombo.
"Les anciens dirigeants nous ont déçus. Nous soutenons fermement la nouvelle génération de dirigeants qui va développer le pays", a poursuivi ce retraité de 70 ans.
La coalition de gauche NPP, menée par le parti du président, le Front de libération du peuple (JVP, d'inspiration marxiste), ne dispose que de trois des 225 sièges du Parlement sortant.
- "Espoir de changement" -
Tous les analystes ont prédit sa large victoire face à des adversaires divisés.
"L'opposition est morte", a estimé l'analyste Kusal Perera. "Le résultat du scrutin est une affaire classée: le NPP formera le prochain gouvernement".
"J'espère le même résultat que lors de la dernière élection (présidentielle)", a souhaité un autre électeur de la capitale, Sivalogadasan, 52 ans, qui se présente d'un seul nom.
Même si son parti a conservé pour emblème le marteau et la faucille communistes, Anura Kumara Dissanayake a fait campagne avec le soutien inattendu des milieux économiques.
Un temps inquiets, chefs d'entreprises et hommes d'affaires ont été rassurés par sa décision de ne pas jeter aux orties l'accord passé en 2023 avec le Fonds monétaire international (FMI) pour tenter de remettre le pays sur les rails.
L'économie du Sri Lanka s'est effondrée en 2022, contraignant son gouvernement à faire défaut sur sa dette publique, alors estimée à 46 milliards de dollars (42 milliards d'euros).
Plusieurs semaines de manifestations populaires contre les pénuries et l'inflation qui ont suivi ont causé en juillet 2022 la chute du président de l'époque, Gotabaya Rajapaksa.
En échange d'une aide de 2,9 milliards de dollars (2,6 milliards d'euros) du FMI, son successeur Ranil Wickremesinghe a multiplié les hausses d'impôts et les coupes dans les dépenses publiques.
Sur fond de fragile embellie économique, M. Dissanayake a exprimé sa volonté de renégocier quelques-unes des clauses de cet accord.
Le FMI a entamé des discussions sur les "approches alternatives" défendues par M. Dissanayake mais a aussi rappelé la nécessité de "protéger et de développer" les efforts engagés.
D.F. Felan--LGdM