Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture se rend dans le Pas-de-Calais.
La ministre Annie Genevard effectue jeudi sa première visite sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, la mobilisation semblant désormais surtout se circonscrire aux actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.
Le port de commerce de Bordeaux, investi mercredi soir par les manifestants de la CR, était toujours bloqué jeudi matin.
Le deuxième syndicat agricole revendique 200 manifestants et quelque 80 tracteurs sur place, "avec du monde qui arrive encore". La préfecture évoquait la présence mercredi soir d'une trentaine de tracteurs.
"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.
"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.
Plus au sud, dans les Landes, la préfète a condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.
La préfecture a annoncé qu'elle déposerait plainte.
- "Lignes rouges" -
Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que si "la cause" de la colère des agriculteurs était "juste", il y avait "des limites".
Ils ont "parfaitement le droit de manifester, mais il y a des lignes rouges", "pas d'enkystement", "pas de blocage", a-t-il appuyé.
Les mobilisations, visant aussi des centrales d'achat de la distribution, se concentrent dans le Sud-Ouest, fief de la Coordination rurale, syndicat concurrent du tandem majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA).
Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.
La ministre Annie Genevard est attendue en milieu de matinée dans une exploitation à 10 km au nord-est de Béthune, et prévoit de s'y entretenir avec des agriculteurs, selon son cabinet. Elle se rendra ensuite dans un établissement d'enseignement agricole d'Arras.
Mercredi soir, Mme Genevard a redit l'opposition du gouvernement à l'accord de libre-échange négocié entre l'Union européenne et des pays latino-américains du Mercosur, et sa volonté de réunir une minorité de blocage au sein de l'UE pour l'empêcher, un effort aux résultats incertains, tandis qu'un débat à ce sujet va se tenir à l'Assemblée nationale mardi prochain.
"Personne ne peut dire aujourd'hui qu'il n'y a pas de minorité de blocage. On y travaille ardemment", a promis Mme Genevard sur BFMTV: "on va faire tout ce qu'on peut pour empêcher cet accord qui est mauvais."
Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance majoritaire FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.
Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".
FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.
Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.
D.F. Felan--LGdM