Royaume-Uni: bataille entre le parti de Farage et les conservateurs sur leur nombre d'adhérents
Le parti britannique anti-immigration Reform UK a-t-il dépassé le parti conservateur en nombre d'adhérents? C'est ce que proclame son chef Nigel Farage, mais les chiffres qu'il revendique sont vivement contestés par la cheffe des Tories, Kemi Badenoch.
Vendredi après-midi, le site internet de Reform UK affichait plus de 143.000 membres.
La veille, Nigel Farage, figure emblématique du Brexit, avait assuré que sa formation avait pour la première fois plus d'adhérents que les Tories et constituait désormais "la véritable opposition", se réjouissant d'un "moment historique".
Les conservateurs comptaient 131.680 adhérents déclarés lors de l'élection à la direction du parti, qui a débouché sur la victoire début novembre de Kemi Badenoch. Mais depuis, le parti "a gagné des milliers de nouveaux membres", assure la dirigeante de l'opposition.
Elle a accusé jeudi Nigel Farage de "manipulation" et de "trucage", affirmant que le compteur de Reform UK augmentait "automatiquement".
Des accusations qualifiées vendredi de "dégoûtantes" par Nigel Farage, qui s'est dit prêt à demander à une société d'audit de vérifier les chiffres si les Conservateurs acceptaient de faire de même.
"J'exige des excuses de la part de Mme Badenoch", a-t-il réclamé sur le réseau social X, annonçant avoir autorisé l'accès au système de données de son parti à plusieurs médias à des fins de "transparence totale".
Plus tôt, il avait affirmé que le compteur numérique avait été mis en place "il y a quelques jours" pour recenser les personnes qui s'enregistrent en ligne comme nouveaux membres, moyennant le versement de 25 livres (30 euros).
- Comparaison "difficile" -
Selon une analyse publiée en 2022 par la Chambre des Communes, il peut être "difficile" de comparer le nombre d'adhérents des partis, étant donné qu'il n'y a "pas de définition reconnue par tous" de ce qui constitue une adhésion, pas plus qu'une méthode pour la quantifier.
Interrogé par l'AFP, Paul Webb, professeur de sciences politiques à l'université du Sussex, reconnaît n'avoir "aucune idée de la crédibilité des affirmations de Reform UK".
"Ce que je sais en revanche, c'est qu'il est très difficile de trouver quoi que ce soit sur ses procédures officielles, ou même s'il en existe", juge cet expert en partis politiques, s'interrogeant sur "ce qui constitue exactement une adhésion à Reform, quelles sont les conditions d'une adhésion, quels sont les droits des adhérents".
Lors des élections législatives en juillet, qui ont vu le parti travailliste de Keir Starmer arriver au pouvoir après 14 années de gouvernements conservateurs, Reform UK a rassemblé quelque 14% des voix et fait son entrée au Parlement en emportant cinq sièges.
La formation de Nigel Farage a pris de nombreuses voix aux Tories, qui ont subi la pire défaite de leur histoire. Et les ambitions de son parti nationaliste, qui vise la victoire aux prochaines élections en 2029, ont de quoi inquiéter les conservateurs.
Selon de récents sondages, Reform UK arrive autour de 23% des intentions de vote, derrière le parti conservateur à 25% et le parti travailliste à 26%.
Farage, désormais député, a affirmé récemment être en "négociations" avec le milliardaire Elon Musk sur un financement de son parti. Il a rencontré le propriétaire de X à la mi-décembre dans la résidence de Donald Trump à Mar-a-Lago en Floride.
Le Britannique, qui affiche sa proximité avec le président élu américain, s'est même dit disposé à mettre ces liens au service du nouvel ambassadeur du Royaume-Uni à Washington, Peter Mandelson, figure du parti travailliste, pour négocier avec la prochaine administration républicaine.
A.Gonzalez--LGdM