Athlétisme: une histoire rythmée par le dopage
De Ben Johnson à Marion Jones en passant par la Russie ou le Kenya, les affaires de dopage ont rythmé l'athlétisme ces dernières années, les cas de Blessing Okagbare, lourdement sanctionnée, et du relais 4x100m britannique, privé de sa médaille olympique, en étant les derniers exemples.
Ben Johnson, le premier scandale des JO
Le Canadien Ben Johnson fait sensation aux JO en 1988 en remportant le 100 m en 9 sec 79, nouveau record du monde, devant la star américaine Carl Lewis. L'annonce, trois jours plus tard, de son contrôle positif au stanozolol (stéroïde anabolisant) provoque un immense scandale, le tout premier lié au dopage dans l'histoire des Jeux.
Marion Jones, de l'Olympe à la prison
Le lanceur de poids américain C.J. Hunter est banni des Jeux de Sydney après avoir été contrôlé positif à la nandrolone. Sa femme, Marion Jones, rafle cinq médailles, dont trois d'or (100 m, 200 m, 4x400 m). Sept ans plus tard, acculée par la justice américaine, la sprinteuse américaine avoue avoir pris des produits dopants fabriqués sur mesure par le laboratoire Balco. Le CIO lui retire toutes ses médailles. Marion Jones n'a jamais été contrôlée positive. Mais ses mensonges l'ont conduite à passer six mois en prison en 2008.
Tim Montgomery, recordman du monde du 100 m en 2002, est lui aussi visé par l'affaire Balco. En décembre 2015, le Tribunal arbitral du sport (TAS) condamne l'Américain à deux ans de suspension et lui retire ses résultats depuis mars 2001 dont son record du monde (9 sec 78).
Justin Gatlin, le récidiviste
Nanti d'un palmarès long comme le bras sur 100 m, Justin Gatlin n'est jamais parvenu à se défaire d'une image salie par ses deux suspensions. Le champion olympique (2004) et quadruple champion du monde, qui a arrêté sa carrière à 40 ans le 11 février, a été une première fois banni en 2001 pour un contrôle positif aux amphétamines avant d'être rattrapé par l'antidopage en 2006 pour des niveaux excessifs de testostérone. En 2001, il avait plaidé des antécédents médicaux (des troubles de l'attention durant l'enfance) qui l'auraient obligé selon lui à prendre ces substances.
Christian Coleman et ses "no shows"
Grand favori du 100 m des Mondiaux de Doha en 2019, l'Américain Christian Coleman est visé par une enquête de l'Agence antidopage américaine (Usada) juste avant le début de la compétition pour trois manquements à ses obligations de localisation antidopage en moins d'un an. Mais l'agence s'étant trompée sur une date, Coleman est d'abord blanchi juste avant les Mondiaux, finissant par être sacré sur la ligne droite. Le 17 juin 2020, l'Unité d'intégrité de l'athlétisme (AIU) annonce sa suspension provisoire à la suite d'un nouveau test manqué le 9 décembre 2019, soit son troisième en moins d'un an. Il est suspendu deux ans le 27 octobre 2020 avant que la sanction ne soit ramenée à 18 mois par le (TAS), ce qui le prive des Jeux de Tokyo.
Le cas russe
Les révélations sur un vaste système de dopage en Russie poussent la Fédération internationale à suspendre le pays en novembre 2015. Après avoir rempli les critères pour une réadmission (reconnaissance publique, paiement des frais liés au scandale), la Fédération russe (Rusaf) est accusée d'avoir aidé le sauteur en hauteur Danil Lysenko à justifier des contrôles antidopage manqués grâce à de faux documents. C'est ensuite l'Agence mondiale antidopage (AMA) qui enquête sur une possible falsification des données du laboratoire de Moscou - au coeur du système de dopage entre 2011 et 2015 - transmises à l'AMA et à l'AIU pour leurs investigations. World Athletics menace la Russie d'exclusion et gèle en novembre 2019 le programme ANA qui permet aux athlètes ayant démontré leur respect des règles antidopage de concourir sous drapeau neutre. Ce programme est finalement relancé en mars 2021 après l'élaboration par la Rusaf d'un "plan de réintégration".
Kenya, l'heure du doute
Le pays roi de la course longue distance a accumulé les cas de dopage ces dernières années, jetant une ombre sur les performances de ses représentants. Le pays a été ainsi à deux doigts de l'exclusion des Jeux de Rio en 2016 avant d'annoncer l'introduction de mesures spécifiques comme la création d'une agence nationale antidopage (Adak), la mise en place d'un laboratoire accrédité par l'AMA en 2018 et l'adoption d'une loi antidopage. Au total, plus de 60 athlètes kényans ont été suspendus ces cinq dernières années pour des infractions liées au dopage, notamment des manquements aux obligations de localisation antidopage.
L.Flores--LGdM