La Gaceta De Mexico - Sécheresse: dans le Sud-Ouest, les golfs se mettent au compte-gouttes

Sécheresse: dans le Sud-Ouest, les golfs se mettent au compte-gouttes
Sécheresse: dans le Sud-Ouest, les golfs se mettent au compte-gouttes / Photo: © AFP

Sécheresse: dans le Sud-Ouest, les golfs se mettent au compte-gouttes

Avec un capteur fourchu, un technicien mesure l'humidité du green et calibre l'arrosage du golf de Seignosse (Landes). Objectif: économiser l'eau, la réutiliser et s'adapter aux futures sécheresses, dans un sport décrié pour son impact environnemental.

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Pointes fichées dans le gazon ras, l'hygromètre affiche 24,9% en cette après-midi printanière, après une nuit pluvieuse. C'est plus qu'il n'en faut pour le billard du green N.17, où les golfeurs se succèdent sur les rives boisées d'un petit lac.

"On essaie d'avoir une valeur entre 12% et 15% et on va ajuster constamment l'arrosage (...), ne pas arroser pendant de nombreux jours pour redescendre", explique à l'AFP Jean Ruas, intendant de terrain âgé de 31 ans.

Soit un investissement de 1,2 million d'euros avec une subvention de 300.000 euros de l'Agence de l'eau Adour-Garonne, qui vient de signer en avril un "contrat de progrès" avec la Fédération française de golf pour accompagner les efforts des 140 parcours du quart sud-ouest de la France.

- "Les golfs ont su réagir" -

Cette convention, déjà en vigueur dans les bassins Loire-Bretagne et Seine-Normandie, s'accompagne d'objectifs chiffrés: réduire de 30% les prélèvements d'eau, soit 700.000 m3 chaque année.

Elle promeut les bonnes pratiques: arroser la nuit, exploiter au maximum les "eaux alternatives" (eaux de ruissellement, eaux usées), ou encore favoriser la biodiversité et la réduction des produits phytosanitaires.

"Ce sont des choses qu'on essaie de répliquer au niveau de la France", assure Julien Cabanes, chargé de projet en gestion de l'eau à la Fédération.

Huit golfs ont déjà été accompagnés financièrement par l'agence de l'eau Adour-Garonne depuis 2019, ce qui a permis d'économiser plus de 150.000 m3 d'eau.

Cette initiative "va dans le bon sens", estime Alain Dupuy, hydrogéologue à l'Ecole nationale supérieure en environnement, géo-ressources et ingénierie du développement durable (Ensegid) à Bordeaux. "Toutes les économies sur le prélèvement sont les bienvenues", fait-il valoir, jugeant l'objectif de 700.000 m3 "pas négligeable".

Les golfs "ont peut-être été critiqués précédemment, c'est très bien, ils ont su réagir, s'adapter", note-t-il.

Ce sport et ses 740 parcours en France sont particulièrement pointés du doigt: lors de la sécheresse de l'été 2022, des écologistes radicaux avaient vandalisé des terrains toulousains en rebouchant les trous. Dans les Pyrénées-Orientales, département accablé cette année par la sécheresse, une association remet en cause un projet de golf près de Perpignan, déclaré d'utilité publique en 2019.

- Station d'épuration -

"On peut évidemment avoir une activité golfique respectueuse de l'environnement", riposte Christophe Rondelé, directeur du golf de Seignosse.

Et d'assurer qu'il peut réduire la consommation d'eau de 95% en cas de crise, en n'arrosant que les greens, "le cœur du réacteur". Ces gazons choyés représentent seulement 1% ou 2% du foncier mais leur entretien assure la qualité du jeu.

"En maintenant notre green en état de fonctionnement, c'est la totalité de l'équipement qui sera sauvé", fait-il valoir en évoquant une trentaine d'emplois et 3 millions d'euros de chiffre d'affaires.

Ce golf 18 trous, géré par le groupe Resonance, a demandé à se raccorder à la station d'épuration voisine dans l'idée de donner une "deuxième vie" aux eaux traitées et actuellement rejetées dans l'océan, ajoute Nicolas Ilbert, directeur de la délégation Atlantique-Dordogne de l'Agence de l'eau, alors que la France, très en retard dans ce domaine, s'est récemment fixé un objectif de 10% de réutilisation des eaux usées d'ici 2030.

"La marge est énorme", résume ce responsable qui salue la prise de conscience de la filière golf.

"On sent bien aujourd'hui une volonté forte de travailler sur les impacts environnementaux", se félicite-t-il. "Il y a des moments où tout le monde doit faire des efforts."

F.Maldonado--LGdM