La Gaceta De Mexico - US Open: Mannarino, jamais content

US Open: Mannarino, jamais content
US Open: Mannarino, jamais content / Photo: © GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP

US Open: Mannarino, jamais content

Adrian Mannarino est un joueur si perfectionniste qu'il n'est jamais content: qualifié pour le troisième tour de l'US Open, le Français de 35 ans a l'occasion d'y améliorer son meilleur résultat et pourtant, il ronchonne.

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Cette année, il n'avait passé le deuxième tour d'aucun des tournois du Grand Chelem, alors sa victoire mercredi au deuxième tour face à Fabian Marozsan (92e mondial) et la perspective d'affronter Frances Tiafoe (10e et demi-finaliste l'an passé) pour une place en 8es de finale pouvaient avoir de quoi le réjouir. Mais non. En tout cas, pas de façon visible ni audible.

"Ouais... je n'ai pas de très bonnes sensations pour l'instant. On peut voir ça avec un côté positif en se disant que gagner deux matchs en ne se sentant pas très bien sur le court c'est plutôt bien", lâche-t-il, son crâne rasé enfoui dans la capuche de son hoodie.

Lui-même déteste son jeu, sans coup particulièrement fort, mais fait pour déstabiliser l'adversaire, avec sa raquette étonnamment peu tendue.

Il a pourtant de quoi s'emballer puisque l'un de ses points contre Marozsan a fait le tour des réseaux sociaux avant même la fin du match pour son côté spectaculaire.

Mais il minimise: "J'essaie de faire un coup sous les jambes... et je la tape avec le cadre! Je ne suis même pas doué pour ça...", confie-t-il à chaud.

- "Anecdotique" -

"Finalement la balle lui plonge dans les pieds, il ne s'y attendait pas, pfff... Beaucoup de chance. C'est un peu anecdotique, c'est sympa, mais ce n'est pas ce qu'il faut retenir le plus sur ce match", ajoute-t-il.

L'ex-22e mondial n'aime pas vraiment jouer à Flushing Meadows "parce que sur les terrains, il y a du passage, ça bouge dans tous les sens, il y a du bruit, il y a la musique à fond... Je trouve ça tellement pas respectueux pour les joueurs qui jouent sur les annexes, d'avoir un Disneyland tout autour", décrit-il mercredi après son match sur le court 11.

A l'issue du premier tour, il avait été plus explicite: "Aux quatre coins du court tu as des odeurs un peu différentes. Ça peut être la weed (le cannabis) d’un côté, la merde de l’autre", avait-il souligné.

Et ça n'est pas mieux sur les grands courts: "Même quand tu joues sur le Central, il y en a toujours qui gueulent, qui disent des conneries entre les points. C'est pas facile de se concentrer", bougonne-t-il avec un recul plutôt amusé.

Car il reconnaît volontiers ne pas être "vachement expressif" alors qu'en réalité, il est "super content de gagner des matchs et de passer un tour de plus".

Pourtant, il explique être "rarement satisfait" de son niveau de jeu malgré des 8es de finale en Australie (2022) et à Wimbledon (2013, 2017 et 2018).

- Au bout de la nuit -

"Pour l'instant, je suis loin du potentiel que je crois avoir. C'est encourageant et motivant, mais d'un autre côté c'est frustrant", relève-t-il.

Et même les victoires finales ne sont pas forcément un moment de plénitude.

"La remise des prix, c'est chiant, c'est long, c'est un calvaire. Tu as juste envie de partager avec tes potes, tu n'as pas envie d'attendre le discours de l'adjoint au maire délégué au sport", explique-t-il quand on l'interroge sur l'apathie affichée sur le court après sa victoire sur le gazon de Newport en juillet, le troisième titre de sa carrière.

En fait, ce qu'il aime c'est de partager les moments uniques qu'il vit en solitaire sur le court.

"C'est tout un environnement qui se met en place, qui fait que tu vis un moment incroyable sur un court. En Australie face à Aslan Karatsev en 2022, il était hyper tard, il y avait encore pas mal de spectateurs, ils étaient pratiquement tous bourrés, c'était un moment incroyable à vivre. Tu voyais l'heure passer et toi tu étais encore sur le court à courir à gauche, à droite. Ton cerveau ne réfléchit plus trop, tu passes d'un point à l'autre, ton équipe te pousse, t'encourage. Pour moi ce sont les meilleurs moments à vivre", raconte-t-il.

Y.Suarez--LGdM