Tour des Flandres: Pogacar bute sur van der Poel
Tadej Pogacar a dompté les monts du Tour des Flandres, mais la victoire est revenue pour la deuxième fois au Néerlandais Mathieu van der Poel, dimanche à Audenarde (Belgique).
Le duel entre le Slovène, vainqueur du dernier Tour de France, et le petit-fils de Raymond Poulidor s'est transformé à l'arrivée en match à quatre. A temporiser pour contraindre van der Poel à lancer le sprint, Pogacar a facilité le retour des deux premiers poursuivants, le Néerlandais Dylan van Baarle et le Français Valentin Madouas dans les 300 derniers mètres.
Pogacar, mécontent, s'est retrouvé enfermé et bouté hors du podium qu'ont occupé van Baarle, le médaillé d'argent du dernier Mondial, et Madouas, le premier Français à ce niveau à l'arrivée depuis Sylvain Chavanel (2e en 2011).
"C'est dommage que Pogacar ne soit pas sur le podium, il était le plus fort aujourd'hui", a reconnu sportivement van der Poel. "J'étais à la limite de lâcher au sommet du Paterberg", la dix-huitième et dernière montée mise à profit par le Slovène pour tenter de distancer son compagnon.
- Retour en trombe -
"Je n'ai jamais puisé aussi loin dans la fatigue qu'en haut du Paterberg", a ajouté le vainqueur du jour. "Mais, après, j'ai eu le temps de récupérer sur quelques kilomètres".
Van der Poel s'est dirigé avec Pogacar vers Audenarde pour un nouveau sprint à deux. Avec, en tête, le souvenir des deux précédents, gagné en 2020 face au Belge Wout van Aert (le grand absent du jour) et perdu l'an passé contre le Danois Kapser Asgreen.
Dans le dernier kilomètre, "VDP" a tenté d'obliger Pogacar à passer devant. Quitte à ralentir exagérément et à faciliter le retour des poursuivants qui étaient pointés quelques instants plus tôt à 25-30 secondes.
Maître de ses nerfs, bien qu'il ait avoué avoir été troublé par le retour en trombe de van Baarle et Madouas, van der Poel a trouvé les ressources pour signer son deuxième succès dans le "Ronde van Vlaanderen", son 38e d'une carrière embellie par ses formidables débuts dans le Tour de France l'été dernier. Il avait gagné une étape et porté pendant six jours le maillot jaune qui s'était toujours refusé à son grand-père dans les années 1960 et 70.
- Pogacar façon bulldozer -
"Je n'étais même pas certain de pouvoir courir ici voici quelques semaines !", s'est exclamé le vainqueur du jour, en référence à son hiver contrarié par des douleurs récurrentes au dos, conséquence de sa chute aux JO de Tokyo dans l'épreuve de VTT cross-country. Mais, son retour tonitruant à la compétition, sa troisième place dans Milan-Sanremo (19 mars), avait laissé peu de doutes sur son niveau.
Il fallait être très fort pour résister à Pogacar qui a éliminé ses adversaires au fil des ascensions de cette course épuisante (273 km) qui a attiré la grande foule après deux éditions à huis clos.
A la façon d'un bulldozer, le vainqueur du Tour a commencé la sélection à 55 kilomètres de l'arrivée dans le Vieux Quaremont et a terrassé l'opposition, à l'exception de van der Poel et de Madouas, sur les pentes raides du Koppenberg. Dans les deux dernières montées (Vieux-Quaremont encore et Paterberg), il n'a gardé avec lui que le futur vainqueur, accroché à sa roue.
Quadruple champion du monde de cyclo-cross, van der Poel (27 ans) compte désormais deux victoires dans un "monument", l'appellation des plus grandes courses d'un jour. Série en cours ? Une première réponse sera apportée dans deux semaines à l'issue de Paris-Roubaix, la "reine des classiques" qu'il a terminée l'an passé à la troisième place.
Mais, dans le Tour des Flandres, son bilan est exceptionnel: quatrième pour ses débuts en 2019, il a sprinté ensuite à chaque fois pour la victoire !
E.Sanchez--LGdM