Coupe d'Europe de rugby: "A La Rochelle", les planètes se sont alignées" pour Danty
Si la plénitude existe, le titi parisien Jonathan Danty l'a peut-être trouvée depuis qu'il a rejoint La Rochelle cet été: "Un bol d'air" qui l'a transformé après des années de doute, a-t-il confié, épanoui, à l'AFP.
Q: Grand Chelem avec les Bleus, essai et victoire à Bordeaux (16-15) pour replacer La Rochelle sur le podium du Top 14, tout vous sourit. Peut-on parler de deuxième jeunesse ?
R: "Deuxième jeunesse ? Oui, je suis en train de passer un cap. J'arrive bientôt à 30 ans et je me suis rendu compte que j'avais encore la possibilité de progresser, de bien finir et surtout de ne pas avoir de regrets à la fin de ma carrière en me disant +Tu ne t'es pas donné les moyens de réellement aller au delà de ce que tu as fait+. Ca se passe très bien depuis quelques mois, mais le plus dur reste à venir. C'est ce qui me motive encore plus".
Q: Peut-on parler de revanche après des années galères à Paris ou en Bleu ?
R: "C'est une revanche sur tout ce que j'ai pu entendre, sur le fait que je ne progressais plus, que je n'étais pas si bon que ça, que je ne pouvais rien faire d'autre que de rentrer dans un mur. C'est une revanche contre moi-même aussi. A un moment donné, j'ai baissé les bras, je ne me suis pas donné les moyens de faire mieux. Forcément il y a quelques regrets, je me dis que si je m'étais bougé un peu plus le cul, au lieu d'avoir quinze sélections, j'en aurais peut-être trente. C'est mon parcours et je n'envie rien à personne. C'est le parcours qui me permet d'être là aujourd'hui. Si cela s'est passé comme ça, c'est que ça devait se passer comme ça".
Q: S'émanciper de votre cocon parisien, c'était un risque à 29 ans ?
R: "Oui, c'était un risque. Je ne l'ai pas fait avant car je n'avais pas les épaules pour l'assumer. J'aurais pu faire ma carrière à Paris, initialement c'était mon objectif et mon projet. A 29 ans, je redoutais le fait d'arriver à La Rochelle parce que je n'avais jamais connu ça avant, les intégrations, habituellement c'est moi qui les faisais, alors que là, c'est moi qu'on intègre dans un groupe. J'arrivais d'une tournée en Australie où j'avais été performant et j'arrivais plus tard que la reprise, donc tout seul".
Q: Et depuis, tout se passe bien ?
R: "J'avais pas mal de connaissances avec qui j'ai joué à Paris et en équipe de France. Je suis tombé sur un groupe super accueillant, avec qui ça se passe très bien depuis le début. Ils jouent les phases finales depuis quelques saisons, moi, ça me stimulait pas mal de me lancer dans un truc où tu as comme concurrents des joueurs de très haut niveau comme Botia, Sinzelle, Buliruarua, Rhule, Favre. Je me disais +Et si tu te mettais des bâtons dans les roues pour voir ce que tu as réellement dans le ventre+. C'est un bol d'air pour moi de voir une nouvelle équipe, d'avoir une nouvelle vie et j'ai l'impression que les planètes se sont alignées depuis que je me suis engagé avec La Rochelle. J'ai retrouvé l'équipe de France, je suis performant en club, tout roule pour moi. Je fais quelques crasses à mes coéquipiers, pas mal de conneries, ça fait partie de la vie de groupe, je me sens épanoui".
Q: Vous avez connu les derbys parisiens, que vous inspire cette trilogie avec l'UBB ?
R: "Ca n'a pas le même sel qu'un Racing-Stade Français (sourire). Bordeaux, c'est notre adversaire le plus proche, c'est à 2h en bus, 1h40 en voiture, on est loin sans vraiment l'être. Je n'ai jamais joué des derbys sans enjeux avec le Stade Français et j'ai l'impression qu'avec La Rochelle, c'est pareil. Quand le tirage est tombé, forcément tu te dis que ça aurait été sympa de jouer une équipe anglo-saxonne, mais finalement s'il y a tant de Français qualifiés en Coupe d'Europe, c'est que les clubs français sont performants. De toute manière, on a un objectif. Que ce soit Bordeaux, Exeter ou Toulouse, l'objectif est d'aller le plus loin possible dans la compétition. Si on passe Bordeaux, ce sera peut-être un club anglo-saxon en quarts".
Propos recueillis par Raphaël PERRY
M.Lozano--LGdM