Natation: timing, puissance et coulée, comment Léon Marchand travaille ses quatre nages
Le Français Léon Marchand, qui vise vendredi un quatrième titre dans la piscine des Jeux olympiques de Paris, a toujours brillé par sa polyvalence et ses capacités à maîtriser les techniques des quatre nages.
. Le papillon, respiration et mouvement de bras
Champion olympique du 200 m papillon depuis mercredi au terme d'une course haletante, Léon Marchand a établi un nouveau record personnel sur cette spécialité (1 min 51 sec 21).
Le Français a même réalisé l'exploit de s'imposer devant le Hongrois Kristof Milak, considéré comme le meilleur papillonneur du monde, et dont il dit s'inspirer.
Pour son entraîneur Bob Bowman, interrogé mi-juillet, le papillon de Marchand "s'est nettement amélioré au niveau du timing de la respiration, et de la façon dont cela affecte ses bras et le mouvement de son corps en général."
. Le dos, record amélioré
Même si le dos est loin d'être la nage de prédilection de Marchand, le nageur de 22 ans a récemment amélioré son record personnel sur 100 m dos. En mai, il l'a porté à 54 sec 55, bien plus rapide que son précédent record de 55 sec 32 réussi en octobre dernier, dans une discipline qu'il dispute peu.
"Son dos est devenu meilleur, tout simplement parce qu'il le travaille maintenant depuis plus longtemps. Sa technique s'est améliorée légèrement, notamment la façon dont il attaque l'eau avec ses mains", estime Bowman qui entraîne Marchand aux États-Unis depuis trois ans.
. La brasse, puissance et propulsion
"Avant j'étais très mauvais en brasse et j'ai eu un déclic quand j'étais petit au niveau du mouvement", dit Marchand à propos de sa brasse, la nage devenue son point fort.
Mercredi, pour le premier 200 m brasse de sa carrière dans une compétition internationale, il s'est offert le titre olympique loin devant la concurrence.
"J'ai pris plus de puissance, je suis plus haut sur l'eau. Et au niveau des jambes aussi, j'ai un ciseau qui est plus propulsif qu'avant", décrivait-il aux Championnats de France en juin.
. Le crawl, +work in progress+
Interrogé l'an passé aux Championnats de France, Marchand estimait que le crawl était la nage sur laquelle il avait la marge de progression la plus importante. Il visait alors "une nage un peu plus grande, plus profilée pour pouvoir mieux finir mes courses".
"J'ai vraiment envie de faire un bon 200 m crawl un jour. Je ne sais pas quand ça arrivera, mais ça arrivera", a estimé le Toulousain en mars dernier lors des finales du championnat universitaire américain.
"Je pense que j'ai des capacités en crawl encore à développer et à beaucoup travailler. Ce sont des courses qui demandent de la répétition mais je suis de mieux en mieux."
Mais Bob Bowman s'est montré un peu plus sévère: "Son crawl est pire qu'avant. Je ne sais pas pourquoi, mais il a oublié comment le nager. Mais il va s'en souvenir, ça va aller."
. La coulée, l'atout majeur
Pour construire ses victoires et faire la différence sur ses adversaires, Marchand s'appuie également sur ses coulées, les parties de la course nagées sous l'eau. "Léon est probablement le meilleur nageur du monde sous l'eau, il est peut-être même meilleur que Michael Phelps", estimait Bowman en 2022.
Marchand n'est pas forcément celui qui produit les coulées les plus rapides, mais sa force réside surtout dans sa régularité. "Ce n'est peut-être pas le plus puissant, mais par contre il a cette capacité à le faire sur toutes les coulées, sur toute la durée de l'épreuve. C'est ça qui est vraiment fort", explique son entraîneur français Nicolas Castel.
"Ce sont des choses qui font vraiment mal au niveau des poumons, au niveau des jambes, etc. Ce n'est pas toujours facile mais quand on voit qu'on gagne de l'avance grâce à ça, c'est assez sympa", apprécie Marchand.
T.Hernandez--LGdM