Cuba: la ville natale du lutteur Mijain Lopez célèbre son exploit olympique historique
Herradura "attendait cette médaille", lance Leonor Nunez, la mère du lutteur Mijain Lopez, natif de la petite ville de l'ouest de Cuba et entré dans la légende des Jeux olympiques mardi à Paris en décrochant cinq titres consécutif dans la même épreuve individuelle.
"C'est merveilleux", s'exclame en larmes la mère de la superstar après l'exploit réalisé par son fils, à bientôt 42 ans, en finale de la catégorie reine des 130 kg en lutte gréco-romaine face au Chilien d'origine cubaine Yasmani Acosta (6-0).
Sous les cris et les applaudissements, et une chaleur étouffante, la ville de 11.000 habitants, située à 140 km de La Havane, a célébré la victoire de son champion.
Famille et amis se sont réunis dans la cour de la maison du champion située à une cinquantaine de mètres de celle de sa mère, pour suivre à la télévision l'exploit de l'enfant du pays.
C'est dans les collines qui entourent cette ville aux maisons délabrées et aux rues poussiéreuses que le jeune Mijain Lopez a développé sa musculature, en courant après les animaux et en travaillant dans les champs.
Leonor Nunez, 66 ans, a expliqué à l'AFP avant le début du combat avoir échangé avec son fils lundi soir, comme elle le fait à chaque combat important depuis le début de sa carrière.
"Je lui ai dit qu'ils étaient tous les deux Cubains, mais que Yasmani représentait le Chili. Ils sont amis depuis toujours, alors qu'il s'excuse en dehors du tapis, mais sur le tapis, il doit gagner", a-t-elle affirmé.
-"Guerrier cubain"-
Aldo Moreno, un riziculteur de 52 ans, a délaissé son lopin de terre pour regarder le combat à la télévision avec ses voisins la compétition.
"Aujourd'hui, il remporte une cinquième (médaille), cette victoire revient à Herradura", se félicite l'agriculteur, disant connaître le lutteur depuis son enfance. Il se souvient qu'il avait promis que "ce combat serait dédié à son père décédé" en 2023.
Dans la cour de sa maison, sa mère a fait allumer une bougie pour son mari Bartolo Lopez, dont la photo trône sur un autel installé pour l'occasion. Non loin, une affiche géante de son fils en maillot, les bras ouverts, semble accueillir le visiteur.
"C'est un grand honneur qu'il soit un fils de cette ville", se réjouit Hilario Hernandez, 64 ans, qui, monté sur son cheval, s'est joint aux célébrations.
Le président cubain Miguel Diaz-Canel a également félicité le quintuple champion olympique. "Merci Mijain, pour ta loyauté, ton talent, ton dévouement. Merci pour l'or de ton cœur de guerrier cubain", a-t-il déclaré sur son compte X.
Légende vivante de son sport, Mijain Lopez était sorti de sa retraite, annoncée après les Jeux de Tokyo en 2021, pour devenir le seul détenteur de ce record nécessitant une exceptionnelle longévité au plus haut niveau.
Sa victime en finale, Yasmani Acosta, est un Cubain naturalisé Chilien pour avoir une chance de participer aux JO, où chaque pays n'a le droit qu'à un seul représentant par catégorie.
Agé de 36 ans et né à Matanzas, une province voisine de La Havane, il s'était déclaré admirateur de Lopez. "C'est mon idole, mon ami et mon rival aussi. Je vais donc beaucoup apprécier ce combat", avait-il déclaré lundi.
Mijain Lopez avait annoncé lundi soir, après sa qualification en finale, que ce combat serait le dernier de son immense carrière et ses titres à Pékin, Londres, Rio, Tokyo et Paris. "Il faut faire de la place aux jeunes qui viennent, pour assurer une continuité", avait-il expliqué.
A l'issue de la finale, il a enlevé ses chaussures et les a laissé au milieu du tapis, une tradition pour les lutteurs prenant leur retraite.
S.Ramos--LGdM