Althéa Laurin en or, premier titre olympique pour le taekwondo français
Une première pour l'Histoire: arrivée aux JO-2024 de Paris avec l'ambition de décrocher l'or, Althéa Laurin a répondu aux immenses attentes placées en elle en devenant la première Française championne olympique de taekwondo, une discipline qu'elle a découverte un peu par hasard dans sa jeunesse.
Avec une victoire en finale par deux manches à zéro contre l'Ouzbèke Svetlana Osipova, la jeune femme met fin à la malédiction du taekwondo français aux Jeux olympiques. S'il en était toujours reparti avec une médaille, il n'avait en revanche encore jamais réussi à accéder à l'or olympique.
Cette première place obtenue dans un Grand Palais incandescent, hurlant à gorge déployée pour cet ultime combat du tournoi olympique, offre à la France sa 16e médaille d'or depuis le début des Jeux, nouveau record.
La Française de 22 ans s'est adjugée le premier round de la finale grâce aux trois points d'un coup de pied à la tête de la championne du monde 2022 des +73kg, marqué au bout de trente secondes.
Avec un score longtemps vierge, le deuxième round s'est dénoué par une attaque presque simultanée des deux combattantes, aboutissant à une égalité de 3-3 dans les ultimes secondes. La manche a été adjugée à la Française, la sacrant de l'or olympique.
La dernière minute de combat a été accompagnée d'une ola continue, avant l'explosion de joie.
La Française n'a pas perdu une seule manche de sa journée épique sous la verrière du XIXe siècle, que ce soit en demie contre la Turque Nafia Kus, championne du monde en 2023 dans la catégorie des +73kg, ou l'Allemande Lorena Brandl.
Quant à sa première adversaire de la journée, la Tadjike Munira Abdusalomova, celle-ci n'a pas réussi à marquer un seul point.
- Erreur d'aiguillage -
C'est une anecdote qu'Althéa Laurin aime à rappeler quand elle est interrogée sur la façon dont elle est arrivée au taekwondo. Petite, elle devait s'inscrire au karaté, comme le lui avait demandé sa mère. Timide, elle ne s'est pas fait comprendre de l'animateur de son école à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), qui l'a envoyée vers le taekwondo.
Une erreur d'aiguillage qui marque le début d'un histoire forte entre Althéa Laurin et le taekwondo, qui lui permet de réaliser son rêve olympique, alors que le karaté n'a fait qu'une très éphémère apparition au programme en 2021 à Tokyo. Elle accroche tout de suite à la discipline et se lance à corps perdu dans une carrière au cours de laquelle seule la médaille d'or olympique l'intéresse.
Son tempérament réservé et timide en dehors des aires de combat, est en complet contraste avec l'envie, l'engagement et la hargne qu'elle met à chaque combat et qui lui ont valu au fil des années le surnom de "fighteuse" de la part de ses concurrentes.
Car c'est sur le Si Hap Jang, le nom de l'aire de combat, que cette gendarme s'exprime le mieux, le taekwondo lui permettant de sortir un peu de sa timidité.
Ses premiers résultats ne tardent pas à venir, avec un immense potentiel. Chez les juniors en 2017 et 2018, elle décroche l'or européen puis mondial, avant de se qualifier pour les Jeux de Tokyo en 2020 lors d'un tournoi de qualification.
Plus programmée pour performer en 2024 à domicile à Paris, sous la majestueuse nef du Grand Palais, Althéa Laurin prend toutefois tout ce qu'elle peut prendre et se retrouve à 19 ans à l'été 2021 plus jeune médaillée olympique du taekwondo français, en bronze au terme d'un tournoi tokyoïte au cours duquel elle a notamment écarté la tenante du titre, la Chinoise Zheng Shuyin.
Sur l'olympiade entre Tokyo et Paris, raccourcie à trois ans contre quatre d'habitude en raison de la pandémie de Covid-19, Laurin fait gonfler son palmarès avec l'or mondial chez les seniors à Bakou à l'été 2023, ce que la France n'avait plus atteint depuis Haby Niaré en 2013 (-67 kg).
Depuis l'apparition de l'art martial d'origine coréenne au programme olympique en 2000 à Sydney, les Français ont toujours ramené au moins une médaille à chaque édition des Jeux, du très médiatique et pionnier Pascal Gentil à Althéa Laurin à Tokyo, en passant par Myriam Baverel, Gwladys Epangue, Marlène Harnois, Anne-Sophie Graffe et Haby Niaré.
Deux jours avant Althéa Laurin, Cyrian Ravet a terminé en bronze chez les -58kg.
Mais le plus précieux des métaux leur avait toujours échappé, Baverel en 2004, Graffe en 2012 et Niaré en 2016 s'en étant le plus approchées avec une finale perdue. Jusqu'à une soirée d'août au Grand Palais, au cœur de Paris.
L.A. Beltran--LGdM