Madrid: Nadal bute sur Alcaraz pour sa reprise, au tour de Djokovic de s'y frotter
"Rien d'illogique": pour son tournoi de reprise un mois et demi après une fracture de fatigue à une côte, Rafael Nadal a qualifié sa défaite contre Carlos Alcaraz en quarts de finale à Madrid de "facile à digérer" vendredi. Au tour de Novak Djokovic de se frotter au phénomène.
Pour son troisième face-à-face avec le nouveau visage gagnant du tennis espagnol, un an et un jour après leur premier, déjà sur le Central madrilène, Nadal, à court de préparation à cause de sa blessure costale, s'est incliné 6-2, 1-6, 6-3. Il est loin d'en faire tout un plat.
"Il a été meilleur que moi dans plusieurs secteurs du jeu, je dois m'améliorer comme je l'avais dit, il n'y a rien d'illogique, explique-t-il. J'ai confiance dans le fait qu'il y a un chemin à suivre dans les deux semaines et demie qui viennent pour essayer de me donner de vraies chances de réussite" à Roland-Garros (22 mai-5 juin).
"C'est une défaite facile à digérer dans ce sens", complète "Rafa".
Il faut préciser que le temps du deuxième set, la physionomie du match a brutalement changé quand Alcaraz s'est méchamment tordu la cheville droite, sur le dernier point du troisième jeu, sur un changement de direction. Un cachet avalé et un bandage posé plus tard, il n'était plus le même joueur.
- "Que s'est-il passé ?" -
Appuis fuyants, déplacements empruntés, le protégé de Juan-Carlos Ferrero ne mettait plus du tout le même engagement dans ses frappes et a semblé souffrir aussi de la main droite.
Quand le jeu a repris, "Carlitos" a lâché son service blanc, puis les trois suivants. Au total, il a perdu quatorze des seize points joués jusqu'à la fin du set.
Ses esprits - et sa force de frappe - retrouvés dans la manche décisive, après un passage par les vestiaires, il a repris le dessus sur le Nadal du jour - qui avait bataillé plus de trois heures et écarté quatre balles de match la veille contre David Goffin.
"Que s'est-il passé ?", a écrit sur la caméra Alcaraz, encore incrédule, à la fin du match, avant de recevoir les félicitations en personne du roi d'Espagne, Felipe VI.
Quel bilan Nadal tire-lui de son tournoi de reprise, avec Roland-Garros qui se profile ?
"Ca n'a pas du tout été un désastre", résume le Majorquin aux 21 trophées record en Grand Chelem.
"J'ai joué trois matches, en étant arrivé ici sans préparation. J'avais dit que ce serait une semaine compliquée. Même comme ça, je n'ai perdu que contre un des joueurs les plus en forme (du moment), en ayant même eu mes chances", apprécie-t-il.
Sa route vers Paris passe désormais par Rome.
- Nadal a un seul rêve -
"Mon seul rêve, c'est d'être à Paris assez en forme et assez bien physiquement pour pouvoir rivaliser au plus haut niveau. Si ça arrive, pourquoi pas me donner une chance de plus ?"
Pour Alcaraz, après le roi de l'ocre, c'est désormais le N.1 mondial qui l'attend samedi.
Depuis qu'il a remis la machine en route en avril avec le retour du circuit en Europe, Djokovic est en quête de rythme après son premier trimestre à l'arrêt ou presque, marqué par son expulsion d'Australie, faute de vaccination au Covid-19.
Sur la terre battue madrilène, il monte en puissance: il vient d'enchaîner deux victoires en deux sets. Après Gaël Monfils (battu 6-3, 6-2 mardi), il a dominé sans forcer le Polonais Hubert Hurkacz (14e) 6-3, 6-4 en 81 minutes.
Pour ses deux premiers tournois, le Serbe avait chuté d'entrée à Monte-Carlo (contre Davidovich) et avait coulé dans le dernier set de la finale à Belgrade, perdu 6-0 face au N.8 mondial Andrey Rublev.
Titré à Miami début avril - son premier trophée en Masters 1000 - et à Barcelone il y a une douzaine de jours, Alcaraz arrive lui sur une excellente dynamique. Reste une interrogation : dans quel état sera sa cheville ?
"Pour l'instant, ça va, a-t-il rassuré en conférence de presse. Je vais faire tout mon possible pour récupérer et être à 200% demain (samedi)."
En attendant, c'est peut-être Nadal qui résume le mieux ce qui attend le tennis mondial avec le phénomène Alcaraz : "Il va m'embêter le temps qu'il me reste à jouer, et après, j'en profiterai comme spectateur !"
T.Salinas--LGdM