La Gaceta De Mexico - Luis Suarez, icône guerrière et ingérable du football uruguayen

Luis Suarez, icône guerrière et ingérable du football uruguayen
Luis Suarez, icône guerrière et ingérable du football uruguayen / Photo: © Dante Fernandez/AFP/Archives

Luis Suarez, icône guerrière et ingérable du football uruguayen

Explosif, combatif et doté d'un sens inné du but, mais aussi controversé à cause de son comportement sur le terrain, Luis Suarez, qui a annoncé lundi sa retraite internationale, incarne mieux que quiconque le football de son pays, l'Uruguay.

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Suarez, 37 ans, c'est le meilleur buteur de l'histoire de la Celeste avec 69 buts en 142 matches. Mais c'est aussi l'homme qui a mordu l'Italien Giorgio Chiellini en plein match à la Coupe du monde 2014.

C'est aussi le joueur qui a qualifié l'Uruguay pour les demi-finales du Mondial 2010 grâce à un acte de pur antijeu: un arrêt de la main sur une tête à bout portant, sanctionné d'un carton rouge mais finalement payant car les Ghanéens avaient manqué le penalty accordé puis perdu aux tirs au but.

Suarez est lui devenu à cette occasion le footballeur le plus populaire du petit pays sud-américain deux fois champion du monde, où la "garra", la hargne, a été érigée au rang de valeur nationale.

"Sur le terrain, j'ai eu le mérite de ne jamais baisser les bras, de ne donner aucun ballon pour perdu et même de m'échauffer quand je perdais", a-t-il confié un jour à la radio espagnole Onda Cero.

Né à Salto en 1987, comme son coéquipier, bien plus sage, Edinson Cavani, Luis Alberto Suarez s'est fait tout seul en surmontant une enfance difficile dans une famille nombreuse et désargentée.

Le petit Luis est élevé par sa mère femme de ménage et par ses grands-parents. Il partage son temps entre le football et un petit boulot de gardien de parking. Son père, ancien militaire, divorce tôt et s'éloigne de la famille.

"Si je n'avais pas été élevé comme ça, je n'aurais pas pu m'en sortir. (...) Partir en Argentine, à l'époque, en camionnette, faire 25 ou 26 heures (de route) pour aller à un tournoi de foot à 12 ans, je devais le supporter parce que je n'avais pas d'autres moyens", se souvient l'Uruguayen.

- Trois morsures -

"Luisito" démarre sa carrière en première division en 2005, à l'âge de 17 ans, au Nacional de Montevideo. Transféré à 19 ans aux Pays-Bas, il fait ses gammes à Groningue puis explose à l'Ajax Amsterdam (111 buts en 159 matches). Joueur de Liverpool à partir de 2011, il gagne le surnom de "Pistolero" pour sa célébration deux doigts en l'air et son sens du but, même dans des angles improbables.

Il remporte aussi la Copa América, son seul titre en sélection, dont il est désigné meilleur joueur avec ses quatre buts.

Mais l'ancien adolescent turbulent perd plusieurs fois les pédales. Avant l'affaire Chiellini, qui lui avait valu une suspension de plusieurs mois, il avait déjà mordu deux adversaires: Otman Bakkal en 2010 dans le championnat néerlandais, et Branislav Ivanovic en 2013 en Premier League.

Toujours en Premier League, il avait aussi écopé d'une amende de 40.000 livres et de huit matches de suspension en 2011 pour injures racistes contre le Français Patrice Evra, alors au Manchester United, des faits qu'il a toujours niés.

Il signe malgré tout au FC Barcelone à l'été 2014 et promet de s'amender en consultant des "professionnels adaptés" pour contrôler son tempérament.

Au FC Barcelone, aux côtés de son capitaine et ami Lionel Messi, il bonifie encore l'attaque d'un des meilleurs clubs mondiaux et garnit son armoire de nombreux trophées, dont quatre championnats d'Espagne et une Ligue des champions en 2015.

"C'est un casse-tête permanent pour l'adversaire, on ne sait jamais quand il peut apparaître. Sa persévérance en fait une valeur sûre", résumait son ancien entraîneur au Barça Ernesto Valverde.

Et sa réputation sulfureuse se lisse. L'entourage de l'Uruguayen dépeint un papa poule généreux avec ses trois fils, qu'il a eus avec son amour d'adolescence Sofia.

Depuis son arrivée à Barcelone, en 2014, jusqu'à son transfert à l'Atletico Madrid du "Cholo" Simeone en 2020, il ne reçoit qu'un carton rouge... et ne mord plus personne, même s'il continue de plonger plus souvent qu'à son tour dans la surface. Avec 21 buts, il aide l'équipe madrilène à conquérir le titre de champion d'Espagne 2020-2021.

Après un court retour au Nacional de Montevideo en 2022, un passage à Porto Alegre en 2023 puis à l'Inter Miami cette année, avec encore assez de carburant pour marquer des buts, complètent la riche carrière du "Pistolero".

D.Quate--LGdM