"Je voulais goûter à un autre rugby": l'Argentine, expérience fondatrice pour Thibaud Flament
Arrivé avec sa seule valise en Argentine à 20 ans en 2017, le deuxième ligne du XV de France Thibaud Flament a finalement vécu une "fabuleuse" année en Argentine, cruciale pour lui qui n'est pas passé par la voie classique des joueurs professionnels.
Sept années plus tard, devenu une pièce majeure des Bleus avec ses 28 sélections, le joueur de Toulouse est revenu pour l'AFP sur ce passage avant de retrouver l'Argentine vendredi au Stade de France (21h10).
QUESTION: Comment vous êtes-vous retrouvé en Argentine ?
REPONSE: "Mes parents ont déménagé en Belgique quand j'avais trois ans. A 18 ans, je suis parti faire mes études en Angleterre parce que je voulais mener un double projet études et rugby. J'avais une année de stage à faire dans mon cursus, que j'ai décidé de faire en Argentine parce que je voulais goûter à un autre rugby, découvrir un autre pays."
REPONSE: Comment s'est passée l'arrivée ?
R: "Quand je suis arrivé en Argentine, je n'avais pas de stage, pas d'endroit où dormir. J'avais un club par contre, car j'avais rencontré Marcos Ayerza (pilier international argentin aux 66 sélections, NDLR) qui jouait aux Leicester Tigers à l'époque. Il était originaire du club dans lequel j'ai fini par jouer (Club Newman NDLR), et c'est lui qui m'a ouvert la porte. Avant ça, j'avais monté une petite vidéo de moi en train de jouer, que j'avais envoyée à tous les clubs de Buenos Aires pour qu'ils puissent me prendre. J'avais eu 2-3 retours, mais pas tant que ça. Quand je suis arrivé, j'ai été récupéré à l'aéroport par le manager de l'équipe. Il était 6 heures du matin, il m'a emmené directement jouer le match du club."
Q: Que gardez-vous de cette expérience ?
R: "C'est une étape importante de ma construction de joueur et d'homme. D'être libre pendant un an et d'essayer de construire mon rêve là-bas, c'était fabuleux. J'étais hyper bien entouré. J'ai vécu aussi une autre façon d'aborder le rugby, avec beaucoup plus de légèreté et de +bonheur+. Avant, j'étais peut-être trop rigoureux sur la performance, sur la préparation."
Q: Il reste aussi des souvenirs des asados [barbecue argentin NDLR] d'après-match ?
R: "On avait deux entraînements par semaine, un le mardi et un le jeudi. Après tous les enseignements du jeudi, il y avait un asado. Après mes matches il y avait des troisièmes mi-temps un peu à l'ancienne où toutes les équipes se retrouvent. Quand un club A joue contre un club B, il y a les cinq équipes du club A qui jouent contre les cinq équipes du club B le même jour. Tout le monde s'asseyait, mangeait, etc. Et après, ça partait en soirée. C'était vraiment sympa. Moi, j'ai commencé en équipe E et j'ai fini l'année avec les A."
Q: Vous y avez notamment rencontré le frère jumeau de Felipe Contepomi, l'actuel sélectionneur argentin.
R: "Oui, c'est son frère, Manuel, que j'avais eu en entraîneur d'une des équipes. Il me semble que j'avais croisé Felipe là-bas, mais aussi quand il était en Irlande, au Leinster."
Q: Après la victoire contre la Nouvelle-Zélande, il y a-t-il un risque de décompression vendredi face aux Pumas ?
R: "On a envie de continuer sur la dynamique sur laquelle on est. On n'a pas envie d'entacher ces deux victoires par une défaite en fin de tournée. La motivation est là. On est tous conscients de l'éventuel danger que serait un relâchement après une bonne performance. Même si on a gagné le match contre la Nouvelle-Zélande, on aurait très bien pu le perdre, ça s'est joué à un point (30-29, NDLR)."
Propos recueillis par Florian SOENEN
L.A. Beltran--LGdM