Athlétisme: le relais 4x100 m Bleu à la recherche de son "identité"
Eliminé en demi-finale des Jeux olympiques de Tokyo, miné par des tensions internes, le relais 4x100 m masculin français, présent au meeting de Birmingham samedi, veut repartir en 2022 sur une dynamique positive et ambitieuse, à la recherche de son "identité".
Des invectives aux sourires, du huis clos d'une commission de discipline à une prestigieuse compétition américaine en quelques mois, il n'y a pas que le témoin qui va très vite pour les membres du relais 4x100 m tricolore, ancien pourvoyeur de médaille tombé dans l'anonymat.
Sortis des derniers JO en demi-finales après un gros raté aux Mondiaux de Doha en 2019 déjà, les relayeurs se sont retournés avec véhémence fin 2021 contre leur responsable Dimitri Demonière sur fond de tension et d'incompréhension. Mouhamadou Fall et Amaury Golitin ont été suspendus quelques mois (en partie avec sursis) par la commission de discipline pour leur mauvais "comportement" avec le maillot bleu, Demonière a été écarté, la fédération française d'athlétisme (FFA) mettant fin à un énième épisode houleux de son histoire récente.
"On veut faire fi du passé pour montrer que ce relais se porte bien. On a une densité qui permet d'avoir des ambitions", plaide auprès de l'AFP Fabien Lambolez, le nouveau patron des sprinteurs, associé à Richard Cursaz, cadre technique respecté et expérimenté.
Pour relancer la machine, les deux hommes ont intégré dans le collectif relais une moitié de jeunes, dont le grand espoir du sprint tricolore Jeff Erius. Mi-avril, huit sprinteurs se sont envolés en stage pour Jacksonville (Floride) et ont côtoyé, des étoiles plein les yeux, des champions comme Andre De Grasse ou Trayvon Bromell.
- Soudés aux Penn Relays -
A l'issue du stage, les Bleus ont disputé et remporté les prestigieux Penn Relays, une première pour une équipe française.
"On voulait finir aux Penn Relays, la Mecque du relais, je voulais absolument les y emmener", explique à l'AFP Richard Cursaz, "pour développer notre +culture relais+."
"On a en France une tradition technique qui a fait ses preuves, mais on doit développer cette culture, cette identité, une dynamique collective entre jeunes et anciens qui ne concerne pas que les athlètes mais aussi leurs clubs et leurs entraîneurs personnels."
Pour trouver cette dynamique, les responsables ont reçu en entretien tous les athlètes et leurs entraîneurs, rajouté des relais aux programmes des compétitions en France comme le 8 juin à Cergy, et multiplié les rassemblements.
Samedi, Amaury Golitin, Jeff Erius, Mickaël Zeze et Mouhamadou Fall doivent travailler leurs automatismes face à une forte adversité à Birmingham (Canada, Grande-Bretagne...), en marge du programme principal de la Ligue de diamant.
- "Bienveillance" -
"On veut de la clarté, de la transparence et de la bienveillance entre nous même en cas de désaccord", résume Cursaz pour le nouvel état d'esprit.
Les Bleus, héritiers des recordmen du monde de 1990 (37 sec 79 pour Max Morinière, Daniel Sangouma, Jean-Charles Trouabal et Bruno Marie-Rose) n'ont plus remporté de médaille internationale sur le 4x100 m depuis 2014, fin d'une période dorée (or européen en 2010, argent mondial en 2011, bronze olympique en 2012). Derniers témoins cette époque folle, Christophe Lemaitre et Jimmy Vicaut sont pour l'instant plus ou moins de côté pour différentes raisons.
Vicaut, le taulier, a été marqué par les derniers échecs. S'il fait toujours partie du collectif, il a choisi de ne pas se rendre aux Etats-Unis ni à Birmingham pour privilégier une montée en puissance individuelle en début de saison. Lemaitre, lui, est pour l'instant hors du collectif faute de résultats.
Mais Richard Cursaz a renoué le dialogue avec les deux historiques du sprint français, qu'il avait cornaqué chez les espoirs dès 2009, avant de briller avec eux entre 2010 et 2012.
"Lemaitre on lui laisse le temps de revenir au niveau pour être ensuite au service du collectif", assure le coach.
L'équipe espère être compétitive dès cet été pour retrouver la finale aux Championnats du monde à Eugene (Oregon), à deux ans des Jeux olympiques de Paris.
S.Ramos--LGdM