Golf: la nouvelle ligue saoudienne ébranle le monde du golf
Portée par l'Arabie saoudite et l'ancien champion Greg Norman, la LIV golf, au budget hors-norme, fracture le monde feutré du golf en attirant plusieurs stars dans ses filets qui s'affronteront dès jeudi lors du tournoi inaugural à Londres.
Un séisme, ni plus ni moins. Et sans doute une nouvelle ère... Cela fait des mois que les coulisses du golf mondial ne bruissent que de cette nouvelle ligue financée par le fonds d'investissement saoudien, un projet qui sort enfin de terre, et qui risque bien de redessiner les contours de ce sport.
Les menaces de sanctions ou d'exclusion du PGA n'ont pas fonctionné, en tout cas pour deux monstres sacrés du circuit américain, Dustin Johnson et Phil Mickelson.
L'ex N.1 mondial, vainqueur de deux Majeurs, et le génial gaucher, sans doute le deuxième plus grand joueur de ces 20 dernières années après Tiger Woods, ont succombé aux sirènes dorées saoudiennes, enjambant un Rubicon que beaucoup pensaient infranchissable.
Ils ne sont pas les seuls. D'autres illustres noms du circuit européen ont eux aussi succombé, comme Lee Westwood ou Sergio Garcia.
- "N'y allez pas" -
C'est sans doute là la première réussite de ce circuit controversé dès son stade embryonnaire: être parvenu, malgré la farouche opposition des circuits américains et européens -qui ont refusé aux dissidents de leur signer un bon de sortie-, à attirer 16 des 100 meilleurs joueurs mondiaux.
Au final, cette ligue rassemble un total de 48 joueurs dissidents, sans doute séduits par un argument massue: la dotation que certains jugent "indécente" de près de 200 millions d'euros pour cette série de huit tournois à travers le monde avec un format inédit sur trois jours, sans cut.
Pour le premier, qui se déroulera au Centurion Club de St Albans, au nord de Londres, comme d'ailleurs pour les autres étapes, 23 millions d'euros seront distribués, soit plus du double de chacun des quatre Majeurs. Pas une seule épreuve du circuit américain n'offre autant d'argent.
"C'est le début d'une bataille plus grande que toutes ces stars", prévoit Pascal Grizot, le président de la fédération française de golf (FFG).
Car cette nouvelle ligue divise, au moins autant par la montagne d'argent promise que par l'identité de ses fondateurs, notamment en raison de la question des droits de l'homme, sujet sensible en Arabie saoudite.
"Même moi, j’aimerais jouer pour une telle somme d'argent (...), mais il y a un moment où vous devez vous redresser et agir en être humain. Je sais qu'il y a des joueurs qui ne sont pas à l'aise avec ça, mais j'ai l'impression qu'ils restent silencieux, juste au cas où une part du gâteau leur reviendrait un jour (...). N'y allez pas !", a exhorté par exemple début mai le Français Mike Lorenzo-Vera sur le site irlandais independent.ie.
- "Enorme gâchis" -
Phil Mickelson s'est lui contraint à un long silence de plusieurs mois après avoir, en février, pris position pour cette ligue saoudienne. +Lefty+ avait à la fois pointé "l'odieuse cupidité" du circuit américain, et s'était dit prêt à rejoindre la LIV malgré le "manque de respect des droits de l'Homme et notamment envers les homosexuels" de l'Arabie saoudite. Des déclarations qui lui avaient attiré les foudres de nombreux joueurs.
Preuve de la farouche volonté des Saoudiens de briser la tradition ancestrale du golf: l'icône du golf Jack Nicklaus, 82 ans, a récemment révélé avoir refusé une offre de plus de 100 millions de dollars pour être l'un des visages du nouveau circuit.
Se pose maintenant la question des conséquences de ce choix pour les dissidents. La PGA avait prévenu que les joueurs qui feraient le choix de participer à la LIV s'exposeraient à des sanctions, allant jusqu'à l'exclusion. Certains ont devancé une telle issue comme Kevin Na ou Dustin Johnson, qui ont démissionné de la PGA.
Quid de leur présence et de celles par exemple de Mickelson ou du Sud-Africain Louis Oosthuizen - autre dissident- à l'US Open l'un des quatre Majeurs de la saison, dans quelques jours (16 juin)?
"Il y aura sans doute des procès pendant des années", pronostique Pascal Grizot, " les pros je leur en veux pas. Ils vont là ou il y a le plus d'intérêt."
"Je trouve ça indécent, cette surenchère sera néfaste pour l'image du golf dans le monde. Ca ressemble à un énorme gâchis, parce quand on parle de golf et qu'on ne parle plus que d'argent, ce n'est pas ça dont l'image du golf a besoin", estime-t-il.
B.Ramirez--LGdM