Des Sables aux volcans d'Islande, une première pour les marins solitaires
"Du sel", "de la magie", "de l'inconnu": les 25 marins engagés dans la Vendée Arctique, qui partira dimanche des Sables-d'Olonne, se préparent à un dépaysement total avec un tour inédit de l'Islande à cinq mois de l'objectif de l'année, la Route du Rhum.
Pour sa deuxième édition après son lancement en 2020 --qui avait emmené les skippers dans une boucle en Atlantique Nord passant près de l'Islande--, la course en solitaire réservée aux bateaux du Vendée Globe (les Imoca, monocoques de 18 m) proposera cette année un périple de 3.500 milles (environ 6.500 km) au plus proche du cercle polaire.
Les concurrents partiront dimanche (17h00) de la ville de départ du Vendée Globe pour remonter vers l'Islande, contourner l'île volcanique en coupant le cercle polaire arctique et revenir vers les Sables-d'Olonne.
"La course la plus importante de la saison, c'est la Route du Rhum. Sur le papier, la plus difficile va sûrement être la Vendée Arctique parce que c'est plus long que la Route du Rhum, on va naviguer avec des conditions météo très changeantes, contrairement à la Route du Rhum où tu finis pas être dans l'alizé. Là, on va vers le froid, des zones où les dépressions circulent assez rapidement", souligne auprès de l'AFP Charlie Dalin (Apivia), deuxième du Vendée Globe 2020/2021.
- "Jamais nuit" -
Dalin n'a pas caché son impatience à découvrir ce nouveau terrain de jeu, un mois après avoir remporté la première course de la saison, la Guyader Bermudes 1000.
"Il y a de grandes chances qu'on longe la côte islandaise comme si on longeait la côte française de Calais à l'estuaire de la Gironde. L'effet des vents va être encore plus marqué, il y aura sûrement moins de sommeil. Le point positif, c'est qu'il ne fait jamais nuit là-haut, ça va être assez magique ce truc-là", poursuit-il.
Le skipper naviguera à bord de son monocoque mis à l'eau en 2019, en attendant la sortie des chantiers de son voilier volant flambant neuf, prévue en mai 2023.
"Il y a un certain air de famille (entre ses deux bateaux)! On essaie de faire un bateau plus performant, plus rapide que ceux (utilisés) à l'heure actuelle", relève-t-il, mettant en avant son expérience acquise ses quatre dernières années durant lesquelles il a fait l'apprentissage d'un imoca.
Dalin est l'un des trois navigateurs ayant couru le dernier Vendée Globe sur un bateau neuf et à s'être lancé cette année dans la construction d'une nouvelle machine, avec Jérémie Beyou (Charal) et Thomas Ruyant (LinkedOut), 6e du Vendée Globe 2020/2021 et qui aura son futur monocoque en janvier 2023.
- Sur le fil -
"Souvent on me demande: mais pourquoi tu changes? Le bateau que je fais aujourd'hui n'est pas plus rapide intrinsèquement mais il s'agit d'augmenter nos vitesses moyennes. Nos bateaux demandent beaucoup d'attention, d'énergie, on est sur le fil en permanence. L'idée est d'avoir une carène, des foils, des voiles qui permettent une navigation en solitaire moins exigeante", explique à l'AFP Ruyant, "assez excité" par la Vendée Arctique.
"Il y a plein d’ingrédients qui vont en faire une course dense, physique, avec beaucoup de transitions, de retournements de situation dans des coins qu'on ne connaît pas", glisse-t-il.
Deuxième de la Guyader Bermudes 1000, Beyou prendra son dernier départ avec son bateau actuel dans l'attente du nouveau, livré à son retour de la Vendée Arctique.
"Le bateau est peint, ça sent la fin. Quand je vais arriver (aux Sables-d'Olonne) le bateau sera fini, les foils montés. Ca va donner envie d'arriver vite !", explique-t-il à l'AFP, estimant que "la Vendée Arctique n'est pas forcément la bonne course pour engager une nouvelle monture".
"C'est un parcours rase-cailloux avec des bateaux pas trop adaptés pour ça. Mais ça va être intéressant, il y aura des coups à jouer. Et ce serait bien d'arriver à voir l'île, ça a l'air assez fabuleux", indique Beyou.
Le vainqueur est attendu aux alentours du 23 juin.
E.Sanchez--LGdM