Top 14: Arthur Vincent, du billard au Bouclier, itinéraire d'un miraculé
Le jeune ailier de Montpellier Arthur Vincent a largement participé au premier titre de son club, vendredi soir en finale du Top 14, huit mois après avoir été victime d'une rupture des ligaments croisés du genou gauche le 2 octobre.
"C'est une vraie fierté d'être natif de Montpellier et de pouvoir représenter ce club. Je ne réalise pas forcément", avait-il affirmé jeudi en conférence de presse, ne sachant pas encore qu'il n'était qu'à 80 minutes de soulever son premier Bouclier de Brennus à 22 ans, le premier du MHR.
Opéré le 20 octobre, sa convalescence aurait dû durer huit mois, et donc le mener jusqu'au 20 juin, à quelques jours de la finale.
"C'est sûr que si on m'avait dit que j'aurais pu goûter à ces phases finales, je n'y aurais pas cru", a-t-il encore confié jeudi.
L'international aux 14 sélections a expliqué avoir eu, juste après sa blessure, "une discussion avec Guilhem (Guirado, ndlr): je m'étais mis comme objectif de revenir la saison prochaine, dans les meilleures conditions, de prendre vraiment le temps".
- Incontournable -
Alors, il a pris son temps, épaulé par son coéquipier Benoît Paillaugue, lui aussi blessé, et qui lui a servi "un peu de lièvre", comme il l'a raconté cette semaine au bihebdomadaire Midi Olympique.
"Après, quand on a un tel groupe, qui pousse tous les week-ends, ça donne vraiment envie. On a fait un gros travail avec tout le staff et petit à petit, c'est devenu un objectif", a-t-il expliqué jeudi.
Rétabli donc plus tôt que prévu, il a effectué son retour à la compétition lors de la 26e et dernière journée du championnat, à Clermont (20-15), face à qui il a joué dix-sept minutes.
Sa prestation a suffisamment convaincu l'encadrement montpelliérain pour qu'il soit titularisé pour la demi-finale à Nice face à l'Union Bordeaux-Bègles, remportée 19-10.
C'est dire si le staff de Philippe Saint-André, qui lui a fait signer son premier contrat pro cette saison, avait hâte de le retrouver.
Depuis ses débuts en Top 14, en octobre 2017 face au Stade Français, le double champion du monde des moins de 20 ans s'est en effet imposé comme un élément incontournable du MHR et le porte-drapeau de son renouveau.
A tel point que, peu après son opération du genou gauche, il avait fait le choix de prolonger son contrat dans son club formateur, refusant ainsi la proposition de Toulouse.
- "Moments un peu compliqués" -
Pour le natif de Mauguio (Hérault), une commune de l'agglomération montpelliéraine où il a découvert le rugby à 5 ans, avant de partir en U14 au MHR et ne plus en partir, retrouver le terrain à temps pour y jouer les phases finales, c'était donc "que du bonus".
"C'est un réel plaisir de retrouver les mecs, donc c'est sacrément chouette", ajoutait-il jeudi dans un sourire, comme un gamin ravi d'avoir fait une bonne blague.
D'autant que ses mois de convalescence, à vivre loin de ses coéquipiers, isolé à se soigner, ont été "des moments forcément un peu compliqués", a-t-il affirmé pudiquement.
"La sensation que j'ai eu moi, un peu en dehors du groupe, est que tout le monde se sentait concerné, était à fond dans ce projet et c'était vraiment agréable de les suivre comme ça", a-t-il encore confié.
Vendredi soir, en finale, c'est lui qui démarre "à fond" son match, en marquant le premier essai de la rencontre, à la suite d'un coup de pied rasant de Zach Mercer, dès la 6e minute.
Six minutes après, il envoie à l'essai son arrière Anthony Bouthier, en lui faisant une passe dans le dos de toute beauté.
Dans les tribunes, Philippe Saint-André, comme un lion en cage, exulte alors, en réponse eux rabats-joie qui avaient dénigré le jeu des finalistes: "et ça, c'est pas du beau rugby?".
S.Cisneros--LGdM