Cyclisme: Démare pour un "bout d'histoire", Alaphilippe pour résoudre une "inconnue"
Tout juste 240 kilomètres séparent Arnaud Démare d'un quatrième tricot tricolore record. En cas de succès dimanche aux Championnats de France à Cholet, où Julian Alaphilippe fait son retour, le sprinteur de 30 ans rejoindrait au palmarès un grand nom de l'imaginaire cycliste, Jean Stablinski.
"Forcément, ces petits records écrivent l'histoire du vélo, c'est une motivation supplémentaire", a déclaré cette semaine en visioconférence le triple champion de France (2014, 2017, 2020), frustré parfois qu'"on oublie très vite" ses hauts faits.
"On a tendance à me sous-estimer, mais c'est ma 86e victoire", regrettait Démare, au soir de son deuxième bouquet dans le Giro 2022. Avec un septième succès d'étape, le Picard est devenu le Français le plus victorieux dans l'épreuve. Devant Jacques Anquetil et Bernard Hinault, lauréats de six étapes chacun.
Depuis, le leader de Groupama-FDJ en a collectionné une huitième avant de lever les bras à nouveau, pour la 88e fois donc, dans la première étape de la Route d'Occitanie. Le signe d'une forme prolongée.
"Au-delà d'écrire un palmarès sur une année, on écrit un petit bout d'histoire", retient le vainqueur de Milan-Sanremo 2016. "Ca fait quelque chose de se dire que je suis le meilleur +scoreur+ français dans le Giro."
Avant d'égaler dimanche le plus titré de la course en ligne des Championnats de France, Jean Stablinski (1960, 1962, 1963, 1964)? Au bout des douze tours d'un circuit urbain technique de 20 kilomètres sans franche difficulté, ils paraissent peu à pouvoir l'en priver.
En l'absence de Christophe Laporte (Jumbo), qui a fait l'impasse, et de Nacer Bouhanni (Arkéa-Samsic), victime d'une fracture d'une vertèbre cervicale en avril, "Nono" cite Bryan Coquard, deuxième d'une étape du Tour de Suisse la semaine passée.
"J'ai ma carte à jouer dimanche", le rejoint le finisseur de Cofidis. "Même si je pense qu'Arnaud Démare est le favori N.1."
D'autres dotés d'une honnête pointe de vitesse, comme Florian Sénéchal (Quick-Step) ou Anthony Turgis (TotalEnergies), peuvent avoir leur chance en cas de course usante par les relances.
- Un "entraînement" pour Alaphilippe -
"C'est jamais pareil un sprint après 250 km", appuie Sénéchal, qui sera entouré d'un coéquipier de luxe en la personne de Julian Alaphilippe pour son retour en course, à cinq jours du grand départ du Tour de France vendredi de Copenhague.
La présence du double champion du monde sur la Grande boucle reste à officialiser. "Je souhaite faire le Tour, bien sûr, mais il y a aussi l'inconnue sur ma condition et puis la sélection (au sein de l'équipe, ndlr) se passe aussi plus haut", a-t-il temporisé vendredi lors d'un point presse.
Le porteur du maillot irisé n'a plus épinglé de dossard depuis sa chute au bilan sévère (hémopneumothorax et multiples fractures des côtes et d'une omoplate) il y a deux mois dans Liège-Bastogne-Liège.
Même si "Alaf" brille sur les circuits, il ne faut pas s'attendre à voir à Cholet le puncheur étincelant d'Imola et de Louvain, prévient auprès de l'AFP son entraîneur et cousin Franck Alaphilippe: "Le Championnat servira d'entraînement s'il fait le Tour."
"Il n'aura eu que trois vraies semaines d'entraînement avant le Championnat de France", décrit-il. "Ca ferait un peu plus d'ici le Tour mais ça reste peu." Un virus, au retour de son stage en Sierra Nevada, lui a notamment fait perdre de précieux jours.
"Je ne sais pas comment ça va se passer dans le peloton, quand ça va descendre vite ou quand il y aura des coups de frein", anticipe l'intéressé. "C'est pour ça aussi que je suis là, pour reprendre des automatismes, pas seulement pour voir où j'en suis physiquement."
F.Deloera--LGdM