La Gaceta De Mexico - Foot: aller au bout de son contrat, vraie tendance ou effet post-pandémie ?

Foot: aller au bout de son contrat, vraie tendance ou effet post-pandémie ?
Foot: aller au bout de son contrat, vraie tendance ou effet post-pandémie ? / Photo: © AFP/Archives

Foot: aller au bout de son contrat, vraie tendance ou effet post-pandémie ?

Dembélé, Lewandowski, Salah... Après le feuilleton Mbappé, le casse-tête des joueurs en fin de contrat devrait alimenter le marché des transferts estival, qui s'ouvre officiellement vendredi en Espagne, Italie et Allemagne. Mais aller au bout de son contrat pour garder son avenir en main peut-il devenir la norme ?

Taille du texte:

. Une brochette de stars sur le marché ?

La liste des joueurs en fin de contrat ou presque à de quoi faire saliver: Paul Pogba (Manchester United), Ousmane Dembélé (Barcelone), Paulo Dybala (Juventus), Toni Kroos (Real Madrid, fin de contrat en 2023) en font partie, comme les superstars Robert Lewandowski (Bayern Munich, fin de contrat en 2023) et Mohamed Salah, dont le bail à Liverpool prendra fin dans un an.

. Que disent les chiffres ?

Selon le rapport des transferts 2021 de la Fifa, 66,8% des arrivées réalisées à l'été 2021 correspondaient à des joueurs libres de tout contrat, une hausse de quatre points par rapport à 2020 (62,7%), de deux par rapport à 2019 (64,3%). De là à entamer une nouvelle ère dans le petit monde du mercato ? Peut-être pas. En 2015 déjà, ce chiffre s'élevait à 68,1%, mais a continuellement baissé avant de remonter l'an dernier.

Pour ce qui est de la France, Philippe Piat, co-président du syndicat des joueurs (UNFP), relativise ces chiffres. "Lors du dernier mercato, c'est la France qui a vendu le plus de joueurs. Donc ça signifierait un peu le contraire", explique le dirigeant à l'AFP. En janvier 2022, le taux de joueurs enregistrés hors-contrat s'élevait à 60,4%, un peu moins qu'en 2020 (62%).

. Un effet post-pandémie ?

Les incertitudes économiques liées à la pandémie de Covid-19 pourraient expliquer les chiffres de la Fifa. Selon un rapport publié par l'UEFA en février dernier, les clubs ont fait face à un manque à gagner de 4 milliards d'euros sur l'année 2019-2020 et 3 milliards sur l'exercice suivant, et le nombre de transferts payants a globalement diminué de 14% entre 2019 et 2021, avec des proportions encore plus grandes pour les transactions de plus de 50 millions d'euros, en chute libre de 64%... Mécaniquement, les clubs ont donc plutôt conservé leurs joueurs.

"Avec la crise du Covid, la plupart du temps, les clubs ont revu les contrats à la baisse. Les joueurs ne voulaient donc pas prolonger", approuve Jérémie Sutter, collaborateur de la société d'accompagnement de footballeurs Score Agencies.

Et inversement, "le fait que les clubs aient des problèmes d'argent ne leur a pas permis de prolonger les contrats et de prendre des risques sur l'avenir", prolonge Philippe Piat.

. L'exception Mbappé ?

Lié au PSG jusqu’en juin 2022, Kylian Mbappé aurait pu quitter le club de la capitale un an avant, à un moment où le Real Madrid lui faisait déjà les yeux doux.

Mais Paris a refusé, au risque qu'il choisisse de s’engager gratuitement avec les Merengue. Mbappé à zéro euro, un scénario inimaginable au vu de la valeur grimpante du champion du monde 2018 de 23 ans, mais qui a bien failli se réaliser avant qu'il ne décide finalement de dire oui à Paris jusqu’en 2025.

Une exception ? Oui, pour Philippe Piat. "Le PSG aurait pu faire comme ils l’ont fait pour Adrien Rabiot (qui refusait de prolonger en 2019 à quelques mois de la fin de son contrat): on ne te fait pas jouer si tu ne prolonges pas. Parce qu'habituellement, ça se passe comme ça. Et pourquoi ça ne s’est pas passé pour Kylian ? Parce que lui, c’est impossible de lui dire qu’il ne peut pas jouer".

. Un luxe que seuls les grands noms peuvent s'offrir ?

Le cas Mbappé pourrait-il devenir une norme ? Un moyen pour les joueurs de garder leur destin "entre leurs pieds" ?

Pour Jérémie Sutter, collaborateur de la société d'accompagnement de footballeurs Score Agencies, "cette situation profite plus aux joueurs en fin de contrat mais qui bénéficient d'une certaine côte".

Un constat partagé par Frédéric Guerra, agent de joueurs qui a notamment eu sous sa houlette Hatem Ben Arfa : "Ne pas vouloir prolonger peut s'avérer un gros risque pour un joueur moyen", car "la proposition qu'on peut (lui) faire ne sera peut-être plus valable quelques mois plus tard". Naturellement, "tout dépend du statut du joueur".

S.Moreno--LGdM