Tour de France: Bardet et Gaudu font de la résistance
Romain Bardet, à la dérive la veille, s'est rassuré mercredi à Peyragudes en terminant sixième juste devant David Gaudu. Les deux Français se replacent au général du Tour de France, même si les rêves de podium s'envolent.
Un par un, les coureurs sont tombés comme des mouches à l'arrivée du terrible mur final - 340 mètres à 16% - menant à l'altiport de Peyragudes, le vainqueur Tadej Pogacar le premier, effondré sur son guidon puis allongé de tout son long sur le bitume, foudroyé par l'effort.
Vu la difficulté de l'étape, on pouvait craindre le pire pour Romain Bardet (DSM) qui avait dégringolé de la 4e à la 9e place au général après avoir vécu un "calvaire" la veille.
Mais le grimpeur auvergnat a "survécu", même s'il n'était encore "pas super". "De toute façon c'était quitte ou double aujourd'hui, j'ai pris un coup d'avance et j'ai essayé de faire ma course, ça fait 15 jours que je subis", a commenté le Français, parti dans le final du col d'Aspin, la première des quatre ascensions du jour.
"On avait un plan et on l'a bien exécuté car on était trois grimpeurs dans l'échappée. J'ai bien vu qu'ils (les favoris) ne me laissaient pas partir. J'entendais +Bardet+ dans le peloton. Si je voulais être devant, il fallait que je mette une attaque sèche à 2 kilomètres et cet effort m'a beaucoup coûté. J'ai mis 30, 40 kilomètres à récupérer", a-t-il raconté.
- Porte-bagages -
Mais il a résisté. Mieux ! Au pied de la dernière ascension, le deuxième du Tour 2016 a trouvé la force de se dresser encore sur ses pédales pour repartir à l'attaque derrière le duo Vingegaard-Pogacar, emmenant un temps sur son porte-bagages le Gallois Geraint Thomas qui a fini par le distancer au train.
Au bout d'un ultime effort dans la pente finale, où il avait gagné l'étape en 2017, il remonte à la sixième place au classement général à 9 min 21 sec du maillot jaune.
David Gaudu, qui visait un podium au départ du Tour, aura du mal à remplir son objectif. Cinquième au général, à 7 min 57 sec de Jonas Vingegaard, le grimpeur breton de la Groupama-FDJ compte trois minutes de retard sur le troisième, Geraint Thomas qui est plus fort que lui en contre-la-montre.
Mais, à défaut de victoire française - il reste quatre étapes pour éviter le zéro pointé comme en 1926 et 1999 - il permet lui aussi au cyclisme français à tenir son rang dans ce Tour en s'ancrant solidement dans le Top 10.
- Pinot "mauvais" -
"Je me blinde dans la tête de bonnes émotions pour essayer de tenir parce que j'ai mal aux pattes, je suis à fond tout le temps. C'est ma tête qui dirige et qui me dit: +tu n'as pas le droit de lâcher, tu n'as pas le droit de lâcher+. Et ça fonctionne", a-t-il dit à l'arrivée.
Il a aussi pu compter sur ses équipiers, à commencer par Valentin Madouas. "Sans lui, je ne suis pas grand-chose. Il m'a trainé toute l'avant-dernière montée avec Thibaut (Pinot), il m'a traîné dans la vallée et m'a traîné dans la dernière montée", a résumé Gaudu.
"David n'était pas dans une excellente journée, alors on a essayé de gérer au mieux nos ascensions", a expliqué Madouas, formidable depuis le début de ce Tour et désormais 13e au général. "On n'a aucun regret à avoir, on est à notre niveau, a-t-il ajouté. Les trois (premiers) au classement général sont trop forts, tout simplement, et derrière on joue le Top 5. Pour l'instant, on est dans nos objectifs et on fait un très beau Tour de France."
Thibaut Pinot, lui, n'a en vérité été que d'une aide toute relative à son leader. "Je suis mauvais. Je suis tellement loin de mon niveau. Je sens que je n'apporte rien à l'équipe, donc pour moi c'est dur", a-t-il lâché, amer.
T.Hernandez--LGdM