Mondiaux d'athlétisme: Mayer à pied d'oeuvre, sans douleur et avec ambition
Kevin Mayer, rare espoir d'éviter un zéro pointé aux Bleus lors des Championnats du monde d'athlétisme à Eugene (Oregon), s'attaque au décathlon "avec beaucoup d'attentes" samedi, libéré des douleurs au tendon d'Achille qui ont miné son début d'année.
Son dernier décathlon traversé dos bloqué il y a un an à Tokyo, même récompensé par une médaille d'argent olympique, comme en 2016 à Rio, reste "le pire de (sa) vie".
Avant, aux Mondiaux-2019 à Doha quand il a été contraint à l'abandon, et après, de la saison hivernale au mois de mai, ce sont ses tendons d'Achille atteints de tendinites chroniques - le droit cette fois - qui ont fait souffrir Mayer.
"La douleur n'a jamais été aussi forte" qu'en ce début d'année, raconte à l'AFP le décathlonien de 30 ans, poussé à renoncer aux Mondiaux en salle début mars.
"J'ai vraiment galéré (...) Ça a été vraiment compliqué de reprendre la course : je voulais n'avoir aucune douleur au tendon et ça a duré longtemps", poursuit Mayer, qui ne s'y est remis qu'autour de la mi-mai.
- "Tout va bien" -
Les choses se sont beaucoup améliorées depuis, au point que le champion du monde 2017 a affirmé jeudi ne plus avoir "aucune douleur ces dernières semaines".
Son remède contre ce tendon "en feu" ? "Tout simplement un strap" dont il a eu l'idée, explique-t-il. "Petit, j'ai beaucoup sauté en hauteur et mon talon s'est décalé sur l'extérieur. Le strap remet le talon dans l'axe et le tendon est beaucoup moins sous pression. C'est vraiment concluant comme résultat."
Depuis sa courte apparition à la longueur et au poids au meeting de Paris mi-juin, à l'entraînement Mayer a mis le paquet sur le sprint, à plat et sur les haies, pour "être sûr d'avoir les sensations qu'il fallait, et c'est le cas."
"Le reste, javelot, disque, poids, c'est revenu en cinq secondes", ajoute-t-il.
"Tout va bien, sauf sur 1500 m, deux séances (d'entraînement dédié), c'est un peu juste. Je n'ai pas beaucoup de fond. Le reste, tous les entraînements que j'ai faits dans chaque discipline montrent que je suis à mon plus haut niveau, voire plus", complète Mayer.
De quoi faire naître chez lui "beaucoup d'attentes", ce qui "crée beaucoup de stress", avoue le double médaillé d'argent olympique.
- Sevré de compétition -
"Vu ce que j'ai fait aux JO l'année dernière avec des performances catastrophiques à part sur deux épreuves, si je ne fais pas de médaille ici...", souffle-t-il.
Ils sont trois, les Américains Garrett Scantling et Kyle Garland, ainsi que le Canadien Damian Warner, champion olympique en titre, à avoir dépassé les 8.700 points cette saison. Mais le premier, meilleur performeur mondial de l'année, ne concourt pas à Eugene en raison d'une suspension provisoire pour manquements et falsification de ses obligations de localisation antidopage.
Mayer s'attend à ce que Warner "soit très fort". "Si je n'ai aucun pépin physique, je m'attends à être à son niveau et à pouvoir aller le chercher", estime tout de même l'athlète, qui place la barre d'un décathlon réussi à 8.900 points.
Même sevré de compétition ? "Je m'écoute beaucoup plus, je me force beaucoup moins à faire 36.000 compétitions avant le (grand) championnat. Je n'en ressens pas le besoin pour être en forme le jour J", assure-t-il.
L'athlétisme français compte sur lui : à deux jours de la fin des Mondiaux de Eugene, son compteur reste bloqué à zéro médaille. Si la tendance se confirmait, ce serait un point bas historique plus connu au niveau international depuis les JO-2000 et les Mondiaux-1993.
S.Ramos--LGdM